La cense du Comte de Mérode

Trélon

Des adjudications furent faites en l’an VII portant sur deux fermes détenues par le Comte de Mérode, l’une dite du Gareau, l’autre dénommée du Jonquoi, au profit de la Cie Rochefort Claro Delannoy. Elles firent l’objet de contentieux.

En effet  en 1812 il y eut un arrêté sur pétition de François Joseph Claro, négociant à Douai le maintenant en possession de terres situées à Trélon provenant de l’émigré de Mérode vendues à son profit à la folle enchère de la Cie Rochefort, indument revendiquées par le Sr Delannoy comme partie de la ferme dite du Garreau sise à Trélon de même origine que les terres et par lui acquise en l’an VII. (ADN 1 Q 1236).

La Cie Rochefort était chargée de la livraison de viande à l’Armée pour la subsistance des troupes en campagne, les étapes et les convois militaires en l’An VII.

« Jean-Baptiste Paulée apparaît comme la figure emblématique de la légende noire de l’enrichissement révolutionnaire. Il apparaît selon les cas sous les traits du cuisinier, du garçon d’auberge ou du sommelier de l’Hôtel de l’Europe, Grand-Place à Douai, dont il aurait épousé la cuisinière, Marie Barbe Dervaux ; pratiquement illettré ; il ne devrait sa fortune qu’à la fréquentation conjointe de l’établissement par les marchands de grains de la région et les officiers et autres commissaires des guerres arrivés en nombre avec le déclenchement des hostilités…Paulée traîne dans son sillage quelques autres Douaisiens qui lui sont d’autant plus attachés qu’ils lui doivent tout ou partie de leur fortune, par le biais des affaires auxquelles il les associe. C’est le cas d’Éloi Joseph Augustin Claro : fils d’un médecin rallié à la Révolution et frère d’un proche du terroriste Lebon, il figure dès l’an IV au nombre des associés de la maison de commerce parisienne Pestrelle & Cie, puis, l’année suivante, parmi les bailleurs de fonds de la com-pagnie de fourniture Œillet-Saint-Victor, avec Paulée et les maisons de banque Levrat et Veuve Panckoucke, cette dernière d’origine lilloise. En l’an X enfin, il s’installe faubourg Saint-Honoré à Paris, se spécialise dans la liquidation de créances arriérées pour les fournitures, domaine de prédilection de son mentor, et fonde à Douai un établissement de roulage. Failli en l’an XII et en procès avec Paulée, il semble moins actif dans la capitale sous le Consulat et l’Empire, se limitant à représenter sur place des Nordistes. »

« La fourniture militaire constitue l’activité principale des frères Delannoy. À l’origine modeste négociant au Marché aux bêtes de Lille, François Martel Delannoy profite lui aussi des occasions offertes par le conflit qui s’ouvre en 1792 : on le retrouve dès l’an V entrepreneur des vivres pour l’Armée du Nord puis, à mesure que ses activités se développent, munitionnaire général des vivres-viandes. Demeuré à Lille, il sait pouvoir compter sur l’aide de ses deux frères : Marc Antoine Joseph, installé dans la capitale à Paris dès l’an IV à la suite de son mariage avec Françoise Joséphine Doumerc, sœur du banquier parisien, défend les intérêts de l’entreprise dans les bureaux et auprès des banquiers de la capitale alors que Simon Joseph, domicilié à Trélon (près d’Avesnes), assure la continuité des approvisionnements auprès des paysans du Nord. Pour paiement de ses services, l’entreprise Delannoy reçoit en l’an XIII d’immenses biens fonciers situés dans les départements de la rive gauche du Rhin, qu’il lui faut rapidement mobiliser afin de régler ses propres fournisseurs et d’acquitter ses dettes. Mais les ventes, créances et autres emprunts hypothécaires auxquels les Delannoy souscrivent s’avèrent rapidement insuffisants, entraînant leur faillite et, bien que le passif soit très inférieur à l’actif, le concordat homologué le 23 avril 1806 prévoit la cession de l’ensemble de leurs biens à leurs créanciers parisiens et nordistes ; la liquidation de l’entreprise se poursuit jusqu’en 1810 au moins. »
Source des textes : Les routes de l’argent: Réseaux et flux financiers de Paris à Hambourg (1789 1815) par Matthieu de Oliveira

En 1821 il y eut également un arrêté ordonnant le remboursement au Sr Bernard de Prisches du prix de terres situées à Ohain dont la vente faite à son profit avait été annulée par arrêté de 1819, terres dépendant des fermes du Gareau et du Jonquoi situées à Trélon provenant de l’émigré de Mérode adjugées en l’An VII au profit de la Compagnie Rochefort.