Les censes de l’abbaye d’Hautmont

L’abbaye possédait 25 censes dont une petite vingtaine dans l’Avesnois. Les autres étaient situées à Elouges, Givry, Havay Grand-Reng et Verchin (non localisé).

Hautmont

Cense de Forest

La cense de Forest
La cense de Forest

C’est la principale propriété du monastère à Hautmont.

Exploitation typiquement hautmontoise, ayant pour voisins des terres appartenant à des paysans d’Hautmont, en voici sa description telle qu’elle est consignée dans les baux du XVIII e siècle :

« Une maison, chambres, grange, étables et bergeries sur une pâture contenant 12 bonniers 2 journels et demi et 18 verges, entourée de haies vives tout autour, y compris la pâture tenant du côté du Midi au chemin de Maubeuge à Fontaine, du côté du couchant aux terres de la dite cense de Forest et au pré Nardenne dépendant de la dite cense, du cote du Nord aux terres de la veuve  Michel el Antoine Anseau, aux terres d’Antoine Lejeune, aux terres Michel Gruniaux demeurant, aux Guides de Feignies, aux terres de la veuve Barthelemy Gillion, à la watine Ignace Parer et du côté du Levant aux terres de la dite cense de Forest.

Une autre pâture dite pâture Aziaux entourée de haies vives, partie pâture en broussailles, partie en pâture, contenant 10 bonniers 1 journel et 58 verges 1/2 tenant du côté du midi aux prés aziaux appartenant a la dite cense, du côté du couchant aux terres de la cense de Faret, du côté du Nord à la dite cense et du côté du Levant au bois de l’hermitage appartenant a Monseigneur le Duc d’Orléans, présentement défriché. Un pré, dit le pré Ariaux, contenant 2 bonniers, 2 quarterons, 16 verges 1/2, tenant du côté du Midi au pré de la veuve Leroy demeurant à Beaufort, au pré de l’Eglise du dit Beaufort, au pré de la veuve Fauveau et au sieur Fasseau ; du côté du couchant au sieur Fauveau et aux terres de la Cense de Forest, du côté du Levant au dit bois de l’hermitage appartenant a Monseigneur d’Orléans, a présent défriché.

Un autre pré, tant pré que watines, partie sur le terroir du dit Hautmont, partie sur le terroir de Fontaine, contenant 5 journels 23 verges, moitié mesuré au cordage de Fontaine, moitié à la mesure d’Hautmont, tenant du côté du Midi aux prés et terres du terroir de Fontaine, du côté du Couchant aux terres du terroir du dit Fontaine, du côté du Nord aux terres de la Cense de Forest, et du côté du Levant encore aux dites terres de la Cense du dit Forest.

Un autre pré dit le pré D’ardennes, contenant 2 journels 1/2 et 24 verges, tenant au Midi aux terres de la Cense de Forest, an Couchant a la pâture des Halles occupée par le fermier de Wargnories, au Nord aux terres de l’abbaye et a celles de la veuve Pascal Gressier et au Levant a la pâture de la Cense de Forest.

Un pré dit le Long pré, contenant 1bonnier 1/2 et 29 verges enclavé de toute part dans les parties de terres dépendantes de la Cense de Forest, excepté un bout du côté du Nord, tenant aux 6 bonniers de la Cense de la Basse, le chemin Hautmont à Beaufort passant a travers.

3 journels de prés de sous le mont tenant à la cense de la Basse Louvroilles, à la rivière de Sambre et au fief de l’abbaye.

Un journel de pré au même lieu, tenant au pré de la cense de Louvroilles, à la Sambre et aux héritiers J.-B. Gillion.

4 journels de pré gisant entre deux bois, tenant a la Sambre, a la veuve Antoine Anseau, aux représentants Ambroise Lixon et aux terres de l’abbaye.

Terres labourables :

I° Royage. Une pièce de terre contenant 8 bonniers, 1 journel moins 3 verges tenant au chemin de Fontaine (Sud), à la pâture où la Cense est bâtie (Ouest), à la watine Parez, aux terres de la veuve Barthelemy Gillion, aux terres de la veuve Pascal Gressier et aux terres de la pitance d’Hautmont (Nord) et au chemin d’Hautmont a Beaufort (Est).

1 autre partie de terre contenant 5 bonniers, 2 journels, 1 quarteron et 1 verge 1/2 tenant au chemin de Fontaine (Sud) au chemin d’Hautmont à Beaufort (Ouest), à la pitance (Nord) et à la veuve Antoine Anseau et à la pitance (Est).

1 autre pièce de terre contenant 16 bonniers 112 et 9 verges 112 tenant au pré des Long prés appartenant a la Cense (Sud), au chemin d’Hautmont a Beaufort (Ouest) au chemin de Fontaine et a la pitance (Nord) et aux 6 bonniers de la cense de la Basse (Est).

2° Royage.1 pièce de terre contenant 29 bonniers 2 journels et 8 verges, en une seule pièce tenant a la chaussée de Maubeuge a Avesnes, a la pâture Aziaux de plusieurs sens et à la terre Fauveau (Sud), à la pied-sente qui va d’Hautmont à Beaufort (Ouest), au chemin de Fontaine (Nord) et au chemin d’Hautmont a Beaufort (Est) le dit chemin traversant sur un coin.

3° Royage.

1 pièce de terre contenant 32 bonniers 112 et 6 verges, tenant aux 4 journels de prés tant prés que watine (Sud), terroir de Fontaine, aux terres de la Cense de Wargnories et aux pâtures des hales (Ouest), au pré Nardenne (Nord) a la pâture de la Cense et à la pied sente de Beaufort (Est), le chemin de Beaufort passant a travers la dite pièce ».

La cense de Forest (Couture de Forest)

L’ensemble des terres de Forest couvrait une superficie d’environ 150 hectares. Le nombre des parcelles était relativement modeste et les grandes pièces, les « coutures » étaient la règle en ce qui concerne les trois royages de terres labourables. C’est Nestor Fauveau qui était fermier de Forest au milieu du XVIII e siècle ; Narcisse Carion lui succéda en 1768 et demeura l’exploitant jusqu’à la Révolution.

Cense de Wargnories

La cense de Wargnories (route de Landrecies)

La cense de Wargnories, proche de celle de Forest est la seconde exploitation strictement hautmontoise de l’abbaye. Jadis un moulin était annexé à la ferme et une chapelle célèbre se trouve située face à l’entrée des bâtiments d’exploitation.

Grâce au bail conclu en 1757 entre l’abbaye et Michel Leroy, nous pouvons décrire la cense de Wargnories.

Les bâtiments réédifiés en grande partie sous l’abbatiat de Dom Gaspard Hanot sont moins bien conservés que ceux de la ferme de Forest encore que la grange mérite à elle seule une visite à cause de sa splendide charpente !

Ces constructions s’élevaient sur 11 hectares de pâtures « encloses de haies vives et tenantes toutes l’une à l’autre, sans y comprendre néanmoins les viviers et étangs qui demeurent au profit de l’abbaye ». A proximité de ces pâtures se trouvaient plusieurs prés dont celui « tenant à la digue du grand vivier et à la masure où il y avait ci-devant un moulin ». Quant aux terres labourables, elles étaient groupées en trois coutures sensiblement de même surface. L’ensemble de ces terres couvrait environ 70 hectares. Le rendage était nettement inférieur à celui du fermier de Forest : ainsi 300 livres à la grosse Recette et 8 muids de grains seulement. Michel Leroy et ses successeurs versèrent au curé d’Hautmont l’autre moitié de la menue dîme.

Ce fut la veuve de Michel Leroy, Marie-Catherine, puis leur fils Jacques-Bernard qui exploitèrent ensuite cette ferme des moines. En 1783, lors du renouvellement du bail, le dernier nommé se vit dans l’ « obligation de rebâtir en neuf les bergeries, étables, et de restaurer le corps de logis ». Il était chargé en outre de l’ « entretien du chemin de dessus la digue de l’étang à ses frais, de même que de préserver les terres de vilains cavains, y pratiquant des digues d’espace à autre pour empêcher l’emport des terres par les eaux ». Jacques-Bernard Leroy s’exécuta et fit entreprendre rapidement ces travaux puisqu’en 1786, ayant démontré, « factures » à l’appui, que ces travaux lui avaient coûté très cher, Dom Vulmaire Pouré, abbé d’Hautmont s’engagea lui et ses successeurs, à ne faire aucune augmentation de rendage dans les trois baux suivants ; de plus, au cas où le fermier ou Thérèse Trempont son épouse, ou leurs enfants, viendraient à abandonner la ferme avant l’expiration de ces trois baux, l’abbaye lui remettrait la somme de 4.000 livres de France pour « dédommagement des sommes par lui exposées aux dites réédifications et restaurations ».

Cense de Saint-Pierre au Bois

A l’intersection du chemin conduisant à Boussières et de celui de Vieux-Mesnil s’élevaient les bâtiments de la « Court au bois, fermés de murailles de toute part ». C’était par ordre d’importance, la troisième exploitation agricole de nos moines sur le terroir d’Hautmont.

Elle fut acquise en 1516 grâce aux libéralités de Pierre Brisselot, le célèbre abbé commendataire d’Hautmont. Les pâtures étaient situées à proximité du bois du Fayt et l’une d’elles s’appelait la « pâture Saint Vincent ». Les terres labourables étaient dispersées sur toute la « Rive gauche » mais constituaient néanmoins trois royages dits du, « Grand Champ », de « la Chapelle Saint Ansbert » et du « pré l’Abbé ».

L’ensemble couvrait plus de 40 hectares en 25 parcelles… mêlées aux champs des Blairon, Blondeau, Drapier, Damousez, Gillion, Carnot Parez, Vinchant, petits propriétaires hautmontois de la rive gauche de la Sambre. Les terres étaient cependant de bonne qualité car le censier du Bois rendait davantage que celui de Wargnories dont l’exploitation était pourtant deux fois plus grande : aussi rapportait-t-il chaque année au granetier de l’abbaye 14 muids de grains sans compter le reste.

C’était les Desaubleau qui assuraient l’exploitation de cette cense en même temps que le « dîmage de par-delà l’eau », c’est-à-dire que le fermier de la Court Saint-Pierre au bois levait la dîme sur la rive gauche et en versait la moitié au curé d’Hautmont. Il s’agissait plus précisément de la dîme de « toutes espèces des fruits et des volailles ».

Le dernier fermier fut Christophe Dupont époux d’Eulalie Desaubleau. Rappelons que l’actuelle avenue du Maréchal Foch s’appelait avant la première guerre mondiale la rue de la Cense du bois.

Cense « au-delà de la Sambre ». (Limite entre Hautmont et Neuf-Mesnil)

Peut-être au 32 Rue Henri Barbusse

C’est ainsi qu’est désignée dans les archives du monastère la ferme située entre le chemin de Bavay et celui de Neuf-Mesnil à l’endroit que nous appelons encore aujourd’hui le « Blanc pignon ».

Il s’agissait d’une propriété acquise par l’abbaye en 1634.A cette époque, elle s’appelait « Cense Pierre Renaux » et appartenait à la famille Anseau. A la veille de la Révolution la cense relevait de la pitance de l’abbaye et couvrait un peu plus de 30 hectares. Pascal Longhay dirigeait l’exploitation et levait en terrage à huit du cent sur plusieurs terres de Maubeuge appartenant aux pauvres de la ville… nos bénédictins ne laissaient rien passer !

Pour ces responsabilités, Pascal Longhay rendait annuellement 441 livres à Dom Louis Coustenoble, receveur de la Pitance du monastère. Quelques années avant la Révolution, le « fermier au-delà de la Sambre » fit reconstruire toute la ferme appartenant à l’abbaye. S’il venait à quitter la cense avant l’expiration des trois baux suivants, il recevrait comme le fermier de Wargnories, 4.000 livres de France pour l’indemniser d’une partie de ses dépenses.

Boussières

Cense de la cour Saint-Pierre 

Les propriétés de l’abbaye étaient très importantes à Boussières avec 111 hectares de terres labourables et 30 hectares de prés et pâtures répartis en une cinquantaine de pièces.

Elles étaient affermées, avec la dime, le terrage et l’autelage à trois fermiers.

Au milieu du XVIII siècle, Marguerite Dardenne, veuve de Marcel Fauveau exploitait la moitié des biens soit 53 hectares, Louis Fauveau 32 hectares et Jean Baptiste Prévot 26 hectares se partageant l’autre moitié. 

L’affermage rapportait en 1784 1880 livres à l’abbaye auquel s’ajoutaient les rendages en nature (300 kg de beurre, 3 bœufs de 5 ans, 3 porcs, 6 « éteulles », 3 veaux, 4 agneaux, 70 hectolitres de grains, 4 hectolitres de pois et vesces, 250 bottes de foin, 13 jours de corvée et 2 voyages à Reims pour transporter du vin acheté par les moines).

Les trois fermiers étaient chargés de l’entretien du chœur et de l’église. Ils étaient également obligés de moudre leurs grains au moulin d’Hautmont.

En 1768, Pascal Fauveau remplaça sa belle-mère qui avait pris sa retraite. En 1784, Marie-Philippe Jeuniau succéda à son mari Louis Fauveau, décédé, tandis qu’en 1788, Jean-Baptiste Prévot résilia son bail qui fut cédé à ses six enfants : Antoine-Stanislas-Joseph, Marie-Louise, Constance, Joseph, Félix, Ursmer et Jean-Baptiste. Stanislas, l’aîné, allait en fait, succéder, seul à son père.

Ferrière-la-Grande

La cense de Rémont

La cense de Rémont

Elle constituait la propriété essentielle des bénédictins à Ferrière-la-Grande.

Selon la tradition, elle aurait été le foyer d’une colonie agricole, détachée du monastère dans les premiers temps de sa fondation pour le défrichement des terres voisines.

Au XII le siècle, nos moines cédèrent une partie de leur propriété de Rémont en viager. Mais en 1377, cette portion leur fut rendue par un certain Louis Turch, avec la dîme et les revenus qu’il possédait à Ferrière-la-Grande. Depuis lors, notre abbaye a toujours affermé ses biens de Rémont .Nous avons retrouvé les noms de plusieurs fermiers de l’abbaye à Rémont : Jean de Ramé dit le Pecqueur en 1513, Nicolas Caryon en 1575 « lequel tient à ferme et titre de cense des abbets, religieux et couvens d’Olmant leur maison de cense que l’on dist Reumont avecq les prés, pastures, terres labourables, bois et paissons appendans à laditte censse, parmy rendant par an la somme de 40 livres tournois ».

Au début du XVIIe siècle, le censier de Rémont était un certain Antoine Franchois ; entre 1660 et 1700 se succédèrent Jaspard Noël, Pierre Maillard et Daniel Durieux. Les Dardenne exploitèrent la ferme pendant une bonne partie du XVIII e siècle.

En 1755, Jacques, Jean-Joseph et Marie-Françoise Dardenne renouvelèrent le bail de location de la « Maison de Remont, jardins, prés, pâtures et terres labourables à trois royes avec droit de dîme et terrage que Messieurs les Abbé et religieux ont sur le terroir et jugement de Ferrières-les-Petites ». Les bâtiments consistaient en une « maison chambre, étable, grange, bergeries… et tout le clos de la dite cense et deux petits jardins y joignant ».

L’exploitation comprenait une vingtaine d’hectares de pâtures et de prés parmi lesquels la « sèche pâture », la « pâture à joncq », la « paturette », le « pré de trou », le « grand pré », le « pré de la dîme » et un « pré à verger ». Les terres cultivées s’étendaient sur 105 hectares.

Le rendage en espèce atteignait 1000 livres auxquelles s’ajoutaient bétail, grains, gerbées, voiturage de bois et corvées. De plus, le censier de Rémont participait à l’entretien du curé de Ferrière auquel il donne entre autre un fromage d’une coudée de haut !

En 1764 le bail fut renouvelé aux frères Dardenne.

Dix ans plus tard, suite au décès de Jean et de jacques Dardenne, la cense fut affermée à Pierre Joseph Pouré, laboureur demeurant à Boussières. En 1790, sa veuve Henriette Mercier fut la dernière fermière des moines à Rémont.

Gognies-Chaussée

La cense de Monbenson

En 1626, l’abbaye d’Hautmont acheta le fief et la seigneurie de Monbenson à un certain Etienne Couturier.

La cense de Monbenson

Les fermiers de Monbenson étaient au début du XVIII e siècle, des Riche. En 1761, le fermier était Nicolas Joseph de Lhotellerie demeurant à « Monbenson les Gougnies ».

La ferme d’Hautmont à Monbenson comprend « maison de cense, pâtures, prés et terres labourables à 3 royes avec droit de dime et terrages et jugement du dit Monbenson et Harbenson ».

Pâtures et prés couvraient 3 bonniers 2 journels et 3 quarterons en 5 pièces. Les trois soles étaient en 6 parcelles seulement et totalisent 23 bonniers L’ensemble des terres de la cense avait une superficie équivalant à 38 hectares. Le rendage en argent s’élevait a 246 livres mais Nicolas Joseph de Lhotellerie devait livrer en bétail 3 moutons et un veau gras, 3 bœufs de cinq ans ou 6o écus de 48 patars chacun.

La cense de Monbenson passa, en 1761à Jacques Philippe de Lhotellerie fils de précédent. Le rendage attint 346 livres en 1771. Ce fut Charles Bayart puis sa veuve, Catherine Carlier, qui apparurent ensuite comme fermiers de Monbenson à la veille de la Révolution. En 1777, à la mort de Jacques Philippe de Lhotellerie, fermier d’Hautmont l’abbaye perçût « un écu seulement a cause du mauvais état des affaires de sa veuve » et le procureur abandonna au sergent, pour sa journée, une vieille veste que laissait en mourant un pauvre orphelin du nom d’Hannecart !

Hargnies

A la fin du XIVe siècle, la ferme de l’abbaye d’Hautmont dans le village d’Hargnies était une des plus importantes de tout le domaine de nos bénédictins. Un document de 1461 nous apprend que la dime est due à Saint-Pierre d’Hautmont sur un fief de 45 rasières appelé la maison d’Housies à Hargnies. Cette dime lui est confirmée à l’encontre des prétentions de l’abbaye de Liessies. Par contre, il ne semble pas que le monastère ait possédé ou conservé la haute justice puisque à plusieurs reprises « des actes de Loy sont faits à Hargnies par les mayeurs fonciers d’Hautmont avec l’assistance des échevins du haut justicier dudit lieu ». Sous Dom Gaspard Hanot, la municipalité et les manants de Hargnies permirent aux religieux d’Hautmont d’enclore plusieurs prés en y plantant des haies vives, c’est-à-dire qu’ils renoncèrent à leurs droits communaux sur ces terres, moyennant 100 livres.

La Ferme d’Hoisies . Sa description en 2001 est sur la base Mérimée.

Au milieu du XVIII e siècle, les vingt religieux d’Hautmont conclurent un bail emphytéotique de quatre vingt dix neuf ans avec Jean-Baptiste Carlier. Ce bail portait sur 3 rasières de pâtures prises sur une pièce de 27 rasières appelée la « pâture de la Court ».

Le fermier s’engageait à bâtir une ferme entière pour compléter la grange et les écuries qu’il avait déjà fait construire. Jean-Baptiste Carlier était déjà le censier de l’abbaye à Hargnies et il exploitait un « marche » couvrant environ 55 hectares en 18 parcelles dont une sole en une pièce de prés de 10 hectares. Pour cette exploitation, il rendait alors 712 livres à l’abbaye et était chargé de l’entretien du chœur.

A partir de 1771, le curé d’Hargnies, Brasseur, prit une dime d’une gerbe et le fermier livra au granetier du monastère 2 muids de verreux au lieu de 2 muids de froment. A la veille de la Révolution, le même fermier rendait 1018 livres à la grosse Recette de Saint-Pierre d’Hautmont – (marche et dime). L’abbaye possédait toujours, à cette époque, un fief ample consistant en 2 rasières de terres labourables, appartenant à M. de Beauvois, seigneur de la Tour.

Ferme de l’Oasis tirant son nom du ruisseau d’Hoisies qui l’arrose. Seules les étables à gauche subsistent de nos jours.

 » Antoine Carlier, décédé à 80 ans le 1er juillet 1696, fut « en son temps censier Dozies  » ainsi que le renseigne sa pierre tombale placée maintenant sous le porche de l’actuelle église d’Hargnies. La même épitaphe nous apprend que son fils, Perpet Carlier, mayeur d ‘Hargnies, y est décédé le 1-8-1693. Les registres paroissiaux (A.D.N. Lille), d’autre part, renseignent que  » le 14 mars 1737 a été inhumé dans l’église de cette paroisse Barbe Dangreau née à Obies veuve en 1res noces de Perpet Carlier et en 2ème de Jean de Haussy agée d’environ 80 ans décedée la veille administrée des sacrements de la Ste Eglise « . On comprend dès lors pourquoi l’exploitation de cette ferme passa dans la famille de Haussy : Barbe Dangreau, veuve du censier d’Oizies Perpet Carlier, a épousé Jean de Haussy en secondes noces au cours de l’année qui suivit le décès du premier époux…

Jean de Haussy tint en effet la cense d’Oizies; il signe le registre de capitation de 1699 pour Hargnies (A.D.N. Lille, C 6586) ; il décéda mayeur d’Hargnies en 1707, dans sa quarante-quatrième année, et fut  » ensépulturé  » dans l’église paroissiale. Son épouse et ses enfants poursuivront l’activité…

En 1723, Louis-Joseph et Marie-Jeanne sont commis par leur mère pour signer le contrat de mariage de leur frère Jacques avec Anne-Marie Wautier à Fontaine-l’Evêque; le futur marié y reçoit de sa mère en subside de mariage  » 1000 écus d’argent au cours de France conquise tel qu’à Maubeuge « . Adrien-Joseph est témoin au second mariage du même frère Jacques-Joseph, à Fontaine-l’Evêque, en 1725.

Le 6 avril 1730, par acte passé dans la chambre de la cense d’Ouzies devant Louis-Joseph le Compte et Jacques Maitre, échevins d’Hargnies, la veuve de Haussy constitue son fils Jacques-Joseph de Haussy, marchand à Fontaine-l’Evêque, procureur à charge de la représenter dans toutes ses affaires et notamment dans l’intention qu’elle a de remettre à son autre fils Adrien-Joseph, sa cense, ses biens meubles et immeubles. Cet acte sera joint le lendemain au contrat de mariage, passé à Maubeuge entre Adrien-Joseph de Haussy -assisté à l’acte par Pierre Haussy, de La Longueville, et Jacques- Joseph de Haussy, de Fontaine-l’Evêque -et Marie-Marguerite Le Roy, de la cense du Mesnil au village d’Aybe -assistée de son beau- père et de sa « belle-mère » : Marie-Marguerite Le Roy! (A.D.N. Lille, J 942-47).

En 1735, Adrien-Joseph de Haussy, à son tour mayeur d’ Hargnies passe un acte d’arrentement à titre de son épouse. En 1749, il renouvellera le bail de la cense d’ Oisies (A.D.N. lille )

Le 8 mars, 1769, la veuve de Jacques-Joseph de Haussy, de Fontaine-l’Evêque, note dans son journal, au sujet d’Adrien-Joseph  » faisant partie tant pour lui que pour ses frères et sœurs  » , qu’il lui doit 112 couronnes et demie de France et aussi  » dudit cousin Dehaussy fermier de la cense Doisie à Argnies (France)  » ; le 5 avril, elle renseigne:  » livraison de galons pour son équipage au cousin Adrien Dehaussy Dargnies.

 Jacques Joseph de Haussy (°1697 +1767) quittera Hargnies pour s’installer à Fontaine l’Evéque pour s’y marier et reprendre le commerce de son cousin et beau père JeanFrançois Wautier (° Aymeries 20/04/1666 + Fontaine l’E1733) »

Source du texte :

Un riche destin: François Philippe de Haussy (1789-1869) Premier gouverneur de la banque Nationale (Belgique) par Yves Robert, Michel Mairiaux et Christian Daubie

Limont-Fontaine

eLes principales possessions de Saint-Pierre d’Hautmont consistaient en trois fermes : la Cense de Limont appelée parfois cense des Ecailles, et les Censes de la Court Saint-Pierre ou grande cense et petite cense dite de la Mairie à Fontaine.

la cense des Ecailles (à Limont)

La ferme de Limont fut acquise par l’abbaye d’Hautmont en 1504 à Jean Carton.

Ce sont les Letoret qui furent fermiers de l’abbaye au XVIII e siècle.

La cense de Limont était appelée dans plusieurs documents Cense des Ecailles. II s’agissait d’une exploitation dont les terres étaient réparties en plus de 85 pièces, couvrant ensemble 65 hectares environ. Le rendage s’élevait à 354 livres, 4 moutons et un veau gras, 100 bottes de paille et 10 muids de grains. A cela il fallait ajouter l’entretien du chœur et du presbytère de Limont et la participation à l’entretien du curé, par moitié avec le fermier de la Grande Cense de Fontaine. Letoret était dîmeur et terrageur de Limont. Jacques Letoret renouvela le bail de la cense des Ecailles en 1785.

la Cense de la cour Saint-Pierre  (à Fontaine)

La Court Saint-Pierre ou grande cense de Fontaine était une ferme très importante et son exploitation couvrait 105 hectares en 11 pièces dont certaines très étendues.

Le fermier qui exploitait cette cense levait également la dîme et le terrage à Fontaine. Au XVIIIe siècle, des Cuisset étaient censiers de l’abbaye à la Court Saint-Pierre dont Nicolas Joseph Cuisset en 1754, auquel va succéder sa veuve, Marie Catherine Joseph Ghislain.

A partir de 1770 et jusqu’à la Révolution, le dernier fermier s’appelait Agapit Joseph De Harveng. Son rendage consistait en 660 livres, 18 muids de grains, 5 moutons et la fourniture de 20 cordes de bois et 4.000 fagots ! Le principal censier des moines à Fontaine participait également à l’entretien du curé : 164 livres pour la moitié de son supplément, 14 litres pour la moitié des vins de messe, 18 rosières d’ « épeaulte », et 50 bottes de paille. Enfin, notre fermier devait acquitter toutes les rentes qui étaient dues sur la cense à savoir : 11 rasières de verreux et 11 rasières d’avoine à M. Leboucq Delval et 11 rasières de blé et autant d’avoine à la pitance de l’abbaye d’Hautmont, le tout à la mesure d’Avesnes.

En 1770, le rendage en argent passa à 1260 livres ! En 1788, il est stipulé dans le bail que « si on accorde un supplément en argent au curé de Limont, le fermier devra fournir jusqu’à la somme de 150 livres »… A l’époque, c’était le même curé qui desservait les deux paroisses.

La Petite Cense dite de la Mairie (à Fontaine)

2 rue du Château d’eau

La petite cense de Fontaine était nettement moins importante, les Buisserez puis Pierre Juniet exploitèrent un ensemble de 20 hectares en 22 parcelles ; une de ces parcelles était située sur le terroir de Saint-Rémy-mal-bâti ; une des pâtures de la ferme s’appelait      « le fond des moines ». Le rendage était moindre : 150 livres en argent, 2500 litres de grains.

NB : les photos des deux fermes concernées sont peut-être à inverser. J’ai considéré la ferme de la cour St Pierre au 10 rue d’Hautmont car actuellement à cet endroit se situe le GAEC de Saint Pierre. Cependant la taille de la ferme rue du château d’eau parait plus imposante que la précédente.

Louvroil

Les religieux ont possédé à Louvroil, pendant des siècles, la Cense de la Basse-Louvroil dont on peut toujours voir les bâtiments. Le fermier de l’abbaye qui exploitait cette cense, levait également la dîme et le terrage sur le village.

La ferme était implantée sur « 3 pâtures sans compter les hurées remplis de ronches, épines et dagoises, comprises entre le chemin d’Hautmont à Maubeuge, à la pâture des Houys, à la Sambre et aux pâtures de la Cense de la Haute appartenant à Monsieur Baute dit Monsieur de Reinsart ». Sur les terres de la ferme coulent le ruisseau et la fontaine du Paradis. Le premier « royage » s’appelle d’ailleurs « du Rien de Paradis ». Il tient, à l’est, à la « Blanchirie qui appartient à l’abbaye d’Hautmont ».

L’ensemble des terres de la cense de la Basse couvre environ 115 hectares. C’est la famille Demaret qui exploite, au XVIIIe siècle, la « cense del Basse ». En 1759, Marie-Joseph Noelle veuve de Claude Demaret devait  840 livres annuellement à Saint-Pierre d’Hautmont auxquelles il fallait ajouter les rendages habituels en nature et le tiers de la menue dîme

Le fermage augmentait à chaque renouvellement du bail. A partir de 1766, la fermière rendit la moitié de la menue dîme « tant en cottes de laines, agneaux, cochons, poulets, volailles de toute espèces et tout ce qui est décimable en fruits selon l’usage du pays ». Dix années plus tard, le rendage en argent fut augmenté de 600 livres ! En 1784, il fut ajouté sur le bail le paiement annuel de la rente de 6 livres avec tous ses arrérages due au chapitre de Nivelles… une rente qui durait depuis plus de six siècles. La fermière, en outre, ne pouvait rien prétendre pour les dommages que pourrait causer le moulin que l’on bâtit près de la ferme.

Sur le cadastre de 1810 elle est située Section A 414 et sur le cadastre de 1844 section A 587

La ferme n’existe plus, la zone d’activités de la Plaine Delbasse s’y étant implantée.

Mairieux

Plan cadastral de Mairieux de 1844
Cense de la cour Saint Pierre (Ruelle Porcelette)

L’abbaye d’Hautmont possédait à Mairieux, une vaste exploitation agricole : la Cense Saint-Pierre d’Hautmont. Cette propriété était déjà affermée au XIVe siècle.

En 1645, le fermier s’appelait Jean Lefèvre.

Au XVIII siècle, c’est la famille Riche qui exploitait le « marché de Mairieux y compris une grange et bergeries en plusieurs parties de pâtures, prés et terres labourables, dîme, terrage et autelage ».

Un des chemins qui traverse l’exploitation s’appelait le chemin Saint-Pierre d’Hautmont et nous trouvons également à proximité le « vivier de l’Abbé ». Les terres non labourables avaient une superficie de 4 bonniers 2 journels et les trois royages couvraient chacun un peu plus de 16 bonniers. Au total, la Cense Saint-Pierre d’Hautmont comprenait 25 parcelles et occupait 54 bonniers, un demi-journel et 3 quaterons, soit 77 hectares.

Aux termes du bail de 1760, reconduit jusqu’à la Révolution, Antoine Riche, le censier, devait voiturer chaque année à l’abbaye d’Hautmont les avoines et chapons provenant des rentes seigneuriales que nos moines possèdent à Mairieux ; il devait aussi, au courant de son bail de neuf ans,, effectuer à ses frais deux voyages à Reims avec un chariot attelé de 6 bons chevaux pour ramener chaque fois 6 pièces de vin à Hautmont. Jusqu’en 1786, il fut chargé de l’entretien du chœur de l’église paroissiale et de la maison pastorale. A cette date, son rendage fut augmenté de 50 livres mais l’entretien des deux bâtiments paroissiaux fut pris en charge par les moines d’Hautmont. Toutefois le fermier « livrera pailles nécessaires à la couverture qui lui seront payées au prix courant et devra livrer un terrain propre à faire des briques et tirer le sable nécessaire en cas où les religieux devraient reconstruire le chœur ou la cure ».

Le fermage s’élevait à 356 livres (406 à partir de 1786) sans compter les rendages en nature (beurre, grains, pois et vesces, foin, bétail, bois)

Saint-Aubin

La grange dîmière (localisation donnée par Pierre Legrand du CHGB)

La Cense de la Dîme est la principale possession de nos moines à Saint-Aubin.

Certains bâtiments de cette ferme existent encore et on peut toujours voir au-dessus de la porte de l’ancienne écurie des chevaux les armes de l’abbaye, sculptées en relief avec la date 1680 ; l’écusson d’un abbé figure également au-dessus de la porte d’une ancienne bergerie. Une pierre tombale qui se trouve sous la tour de l’église nous apprend que dans la première moitié du XVII e siècle, Philippe Pierart et son fils Jean furent tous deux en leur temps censiers et dîmeurs de Saint-Pierre d’Hautmont. Philippe Pierart mourut le 11 mai 1653 et Jean le 27 avril 1668. A Jean succéda Philippe, mayeur de Saint-Aubin, qui décéda le 28 février 1724 à l’âge de 72 ans. Son épouse, Marie Merchier était décédée le 8 juin 1691 à l’âge de 36 ans. Une pièce de 1756 nous apprend que Philippe Antoine Pierart renouvela le bail de la Cense de la Dîme que tenait sa mère Marie-Joseph Paltrin.

La Cense de la Dîme se composait à cette époque d’un logement, d’étables, d’une grange et de bergeries lotis sur 175 ares. La ferme comprenait en outre 5 coupes de pré nommé le « pré au francq », tenant au chemin d’Avesnes, au rieu du moulin et aux héritiers Philippe Pierart. Les terres labourables couvraient environ 20 hectares. Le censier devait entretenir le chœur de l’église et le presbytère. Par ailleurs, le curé de Saint-Aubin ayant abandonné les biens de sa cure aux religieux d’Hautmont, ceux-ci les avaient accordés à Philippe Pierart. Ces biens de cure consistaient en 7 hectares de terres, en la moitié de la menue dîme dont jouissait le curé au lieu dit les Bodelez, à la dîme du fromage et en quelques rentes en blé, avoine et chapons.

En échange, Philippe Pierart était tenu de payer au curé 600 livres par an par quartier d’avance. A l’abbaye il rendait annuellement 326 livres, 50 livres de beurre, 1 mouton et 3 agneaux, un veau gras, 200 gerbées et 8 muids de grains. Il devait voiturer 15 cordes de bois et 2000 fagots et accomplir quelques corvées avec ses chevaux.

A Philippe Pierart succédèrent sa veuve Michèle Philippe puis son fils Elie. Ce dernier était tenu d’ajouter aux 600 livres dues au curé 15 écus de 48 patars en supplément de la portion congrue.

Un nouveau bail fut rédigé en 1787 et fait apparaitre que les terres labourables affermées à Pierart représentaient 30 hectares. Le loyer atteignait alors 900 livres.

Saint-Rémy-Chaussée

Cense de Malmaison

La principale possession de Saint-Pierre d’Hautmont à Saint-Rémy-Chaussée était la Malmaison, une importante ferme de près de 100 hectares dont quelques terres étaient situées sur le territoire de Monceau-Saint-Vaast.

La Malmaison mérite son nom : elle fut le théâtre d’un drame qui survint le 26 mars 1711 et que Maître Mossay rapporte dans son remarquable ouvrage consacré aux Intendants de Maubeuge.

Nous sommes alors à la fin du règne de Louis XIV et la guerre sévit une fois encore dans notre région. Un régiment français est cantonné au Monceau et certains soldats sont logés dans une grange de Malmaison. Vers 10 heures du matin, une trentaine de ces soldats, conduits par un certain La Verdure, pénètrent en armes dans le logis du fermier de l’abbaye, Jean-Baptiste Marit, qui est aussi mayeur de Saint-Rémy. Les soldats vident les meubles, font main basse sur une vingtaine de chemises, des morceaux de lard et jusqu’au fichu que la fille du fermier porte au cou. Les soldats pénètrent ensuite dans le poulailler, s’emparent d’une quarantaine de volailles, de six cochons de lait et de quelques agneaux. Jean Demade, le berger, tente en vain d’empêcher le pillage. Les soldats le fouillent et lui prennent son couteau et son chapeau, puis ils s’enfuient vers le village. Jean-Baptiste Marit se trouve alors aux champs. Averti par les gens du village de ce qui s’est passé chez lui, il court chercher de l’aide chez son ami, le meunier du Monceau,  Du Becquereau.

« Mon compère, on pille ma maison, viens à mon secours et demande aux officiers d’y accourir ». Le meunier, le fermier et quelques paysans suivent la trace des pillards qui se cachent dans les bois. Ils sont bientôt rejoints et une mêlée générale se produit. Un sergent crie aux soldats de faire feu sur les paysans. Le meunier est tué et les meurtriers disparaissent. Une information est ouverte par Nicolas de Préseau, seigneur d’Ecuélin, grand prévôt de la Maréchaussée du Hainaut, mais ni La Verdure, ni l’auteur du crime, ni ses complices ne sont retrouvés. Bien mieux, l’Intendant du Hainaut, Doujat, mis au courant, apprend bientôt que M. de Mouroix, qui commande à Maubeuge, a pris la décision d’étouffer l’affaire. On lui remet quelques jours plus tard le texte d’un accommodement signé par le grand prévôt, et qui prétend mettre fin à toute poursuite : « M. de Médaille, capitaine au régiment de Santerre, s’étant rendu cher moi, grand prévôt du Hainaut, pour faire un accomodement de la part du dit régiment, du désordre que leurs soldats avaient fait, dont le meunier du Monceau a été tué, et la maison du fermier de M. l’Abbé d’Aumont pillée, après avoir tenu une exacte information, nous avons fait comparaître devant nous la veuve du dit meunier et le fermier pour faire le dit accomodement. La veuve y a consenti moyennant qu’on lui donne 100 écus que M. de Médaille aura soin de lui compter aussitôt qu’il sera arrivé au régiment, et 6o livres de France au fermier, pour le dédommager du désordre que les soldats ont fait cher lui. Ayant apaisé les parties, etc… ».

Un pareil arrangement était dérisoire. L’Intendant Doujat obtient du ministre qu’un blâme soit adressé au grand prévôt et que, malgré l’accord, les indemnités allouées à la veuve et au fermier de Malmaison soient portées, pour l’une à 600 livres, et pour l’autre à 40 écus, ces sommes étant mises à la charge du régiment « à titre d’exemple ».

La cense Malmaison

En 1759 le fermier d’Hautmont à Malmaison était Joseph Marit. Il gérait la propriété des moines hautmontois et levait la dîme et le terrage de Saint-Rémy-Chaussée, d’Ecuélin ainsi que sur plusieurs terres et dépendances de la Cense de l’Hôpital.

Il était chargé de l’entretien de la cure et des chœurs de Saint-Rémy et d’Ecuélin. Au curé il rendait annuellement lent blé et 2 d’avoine plus 50 écus de 48 patars pour supplément de sa portion congrue. A l’abbaye d’Hautmont il devait chaque année 560 livres, des grains, 2 porcs et 1 veau, 3 agneaux et 200 bonnes gerbées.

Sa veuve. Marie-Joseph Adam puis son fils Pierre Joseph Mary (autre orthographe du nom) lui succédèrent. A partir de 1774, le fermier de Malmaison cessa de lever les dîmes, grosse et menue, sur les biens et terres de Joseph François de Préseau, seigneur d’Ecuélin. Il n’avait plus à entretenir la cure et les chœurs et ne devait plus rien au curé ; par contre son mutage en argent à l’abbaye d’Hautmont était augmenté de 600 livres.

L’église de Saint-Rémy-Chaussée renferme plusieurs pierres tombales des Mary, fermiers du Grand Hautmont à Malmaison.

Saint-Rémy-du-Nord

Cense des Granges

Au début du XVIe siècle, la cense de la Grange appartenait aux religieux d’Hautmont.

Au XVIIIe siècle, les censiers de Saint-Pierre d’Hautmont dans le village étaient des Fauveau comme à Forest et à Boussières. Il s’agissait d’une famille de laboureurs particulièrement puissante. Ignace Fauveau exploitait la « Cense des Granges », levait la dîme et le terrage et s’occupait également des terres appartenant à la cure de Saint-Rémy, annexe de Boussières, de la collation de notre abbaye. L’ensemble des terres gérées par Fauveau avoisinait 60 hectares et était réparti en 50 parcelles ! Le rendage en argent s’élevait à 440 livres auxquelles s’ajoutaient 12 muids de grains, quelques bétails et quelques corvées. Le censier devait entretenir le chœur de l’église et devait rendre au curé de Boussières pour les terres de la cure qu’il exploitait 200 livres et 3 muids de céréales. Il était également meunier. Dans le bail de 1772 il est stipulé qu’Ignace Fauveau était tenu de faire moudre ses grains de toutes espèces au moulin d’Hautmont si son moulin venait à ne pas être en mesure de le faire.

Ignace Fauveau, « fermier des granges à Saint-Rémy-Malbâty » exploitait en plus « toutes les parties de biens appartenant à la pitance de Saint-Pierre d’Hautmont ». Cet ensemble était assez important : 3 hectares de prés et pâtures en 8 pièces et 15 hectares de terres labourables en 60 pièces Les moines possédaient ainsi à Saint-Rémy-mal-Bâti presque 80 hectares de terres diverses en 110 parcelles.

En 1922 la grange et une partie du moulin brulèrent. Le moulin fut reconstruit vers 1926 bien que s’arrêtant de fonctionner en 1928, mais de la grange incendiée, il ne reste de nos jours, qu’un haut mur présent en forme d’enclos. Le moulin proprement dit est sur trois niveaux tandis que les constructions se trouvant de l’autre côté de la cour sont les anciennes écuries et étables.

L’ancienne ferme moulin Fauveau 12 rue de Limont
Ecuries et étables sur la gauche
L’ancienne grange brûlée (enclos)

Vieux-Mesnil

Une cense jamais reconstruite

Des acquisitions assez nombreuses furent effectuées par l’abbaye durant l’abbatiat de Gaspard Hanot : 2 rasières et 9 coupes de terre à Manissart, deux maisons dont une avec grange et étable et 72 livres de rente. (Début XVII e siècle)

En 1656, Jean de Solem céda 4 rasières de terre à l’abbaye d’Hautmont pour l’indemniser de ce qu’il avait brûlé par mégarde leur cense de Manissart…

Dans le bail de 1753, il est question de 2 journels de pâture « où fut ci-devant la maison de la cense »… Cent ans après le sinistre, nos moines n’avaient toujours pas fait rebâtir leur cense. Le bail est conclu avec Agapite Boutteau pour la dîme de Vieux-Mesnil et Manissart et pour 33 hectares de terres dont 22 de terres labourables. Le fermier rendait 350 livres à l’abbaye, quelques animaux et 7 muids de céréales. C’est ensuite Pierre-François Douay, demeurant à Marlières, dans la paroisse de Vieux-Mesnil, qui exploita les terres de Saint-Pierre d’Hautmont. Le bail fut à nouveau rédigé en 1788 et la superficie des terres totalisait alors près de 40 hectares.

Vieux-Reng

Cense de la Court Saint-Pierre

Dans le village de Vieux-Reng, l’abbaye d’Hautmont détenait dès le début du XII e siècle l’église, le moulin et la Court Saint-Pierre.

La Cense de la Court était la plus grande ferme du Grand Hautmont avec la Cense de Forest. L’exploitation couvrait 165 hectares.

Au XVII e siècle les Moreau en étaient les censiers. Au XVIII e siècle, l’exploitation gérée par les Watteau comprenait 33 parcelles : 8 pièces de prés et pâtures couvrant 33 bonniers, un demi-journel et 3 quarterons.

D’après le bail de 1751, Jacques Liévin Watteau, laboureur, tenait à ferme la maison de cense avec grange, étables et bergeries, plus la dîme à Vieux-Reng (la onzième gerbe). Il rendait annuellement à l’abbaye d’Hautmont 775 livres en espèces, d’importants rendages en nature, par exemple plus de 16 hectolitres de grains (froment, verreux, soucoron, épeautre et avoine) et 15 animaux !

Le fermier d’Hautmont à Vieux-Reng devait encore plus de 2 hectolitres de grains et 53 écus de 48 patars pour supplément de portion congrue au curé de Vieux-Reng. Il devait entretenir le chœur de l’église paroissiale, voiturer 20 cordes de bois (plus de 200 stères) et 3000 fagoteaux pour le compte de l’abbaye et accomplir plusieurs jours avec ses chariots.

En 1775, Louis Watteau remplaça son parent et le rendage en espèces passa à 1375 livres !…

Le 29 Thermidor An V (16 Août 1797) la ferme appartenait à Delier Anniaux (ADN 1 Q 122). Il s’agit selon moi du couple Delier Ansiaux et plus précisément de Jacques Antoine Delier né à Bernisart dans le Hainaut belge, marchand marié en 1750 à Marie Antoinette Ansiaux née en 1731 à Mons; le couple demeurant dès 1751 à Condé sur Escaut.

ADN P 30/368 Cadastre Vieux-Reng du Consulat
Cense de la Court Saint Pierre (face à l’église)

Villereau

La Cense d’Herbignies dépendait de l’abbaye d’Hautmont. En 1762, le censier était Thomas Brasselet, successeur de la veuve Wibail. Un document aux Archives départementales nous indique que lors de l’adjudication de la cense en 1792, un dénommé Montay fut subrogé à un appelé Paret (ADN 1 Q 1201).

ADN P 31/790 Cadastre de Villereau en 1826
Ferme d’Herbignies Ruelle Bataille