Les Trois Moulins à vent de Le Quesnoy :
1 Le Moulin à vent du Rempart :
En 1582 Philippe II consent à ce qu’Andrieu de Somain, maître charpentier et bourgeois du Quesnoy, construise un moulin à vent sur les remparts de cette ville, à la porte de la Flamengrie, pour venir en aide au moulin à eau érigé dans la dite localité qu’on n’emploie que six mois de l’année, attendu qu’en travaillant sans cesse, il aurait bientôt mis à sec les fossés du fort dont il est alimenté (1). Voici donc l’origine de ce moulin à vent. Il est représenté sur les Albums de Croÿ vers 1600. Qu’en est-il de son histoire ? Jean-Thomas LION (°1689 Hestrud +1751 Le Quesnoy) marié avec Marie-Thérèse BLANPAIN (°1694 Grandrieu +1779 Le Quesnoy) en est le meunier avec ses deux fils Englebert (°1720 Le Quesnoy + 1773 Le Quesnoy) et Jean Pierre (°1723 + 1765 Le Quesnoy). Ce moulin ayant appartenu au domaine royal est déjà aliéné (2). Précisons ici que l’aliénation n’est pas absolue et irrévocable : elle est tacitement faite à réméré, c’est à dire avec faculté de rachat. Le roi peut donc toujours reprendre le bien vendu en restituant le prix. Cette aliénation est de droit analogue à un gage, aussi on assimile les ventes du domaine à des engagements et les acquéreurs à des engagistes. Marie -Thérèse BLANPAIN est donc engagiste de ce moulin à vent à son décès en 1779. C’est ici qu’un document de 1808 est très précieux pour connaitre la suite réservée à ce moulin à vent. Il s’agit plus précisément d’un courrier adressé par Marie Alexandre Bonaventure de NÉDONCHEL (°1741 Baralle 62 + 1834 – Château du Quesnoy) au préfet Dieudonné en date du 29 juin 1808 (3). Le baron relate qu’en 1782 il a obtenu « qu’au lieu que le gouvernement rentrat dans la propriété de ce moulin comme ancien domaine aliéné, de payer une somme annuelle de deux cents francs pour la totalité du moulin, laquelle prestation a été servie jusqu’au 1er janvier 1792 ». Il précise également « qu’un décret du 3 Septembre 1792 a révoqué toutes les aliénations de domaines de l’ancien gouvernement » …. que « ce moulin fut abattu en 1794 par ordre du commandant autrichien qui occupait la ville » …et que « les héritiers …qui avaient l’autre moitié ont obtenu la permission en l’an 4 de rebâtir ce moulin ». En fait le baron écrit au Préfet pour obtenir toute annulation de dettes consistant à « des arrérages d’une rente hypothécaire sur un moulin érigé sur les fortifications de ladite ville et qu’il possédait indivisiblement avec Mlle CORDUANT » évoquant la destruction du moulin, le profit généré par le Trésor Public lors de la vente de ses biens lorsqu’il émigra et un arrêté du 9 floréal an 11 compensant les dettes de cette nature . Ainsi donc le moulin à vent de Le Quesnoy est aliéné au baron de NÉDONCHEL entre 1782 et fin 1791. En 1792 il vend la moitié du moulin à CORDIER de ROUCOURT qui le revend le 14 Décembre 1792 à Rose CORDUANT (4).
Le nouveau moulin à vent qui figure sur le cadastre de l’An 12 est donc le moulin rebâti suite à l’autorisation de l’An 4. Il n’est plus Porte de la Flamengrie mais sur le bastion N°8. L’autorisation de rétablir ce moulin est confirmée par un décret du 3 Septembre 1811 par lequel Mlle CORDUANT est admise à payer une redevance annuelle de 50 francs au Domaine (5). Selon le cadastre , en 1817 le moulin à vent à farine appartient à la veuve HUVELLE, brasseuse au Quesnoy. Il s’agit de Marie-Catherine MERCIER (°1766 Englefontaine + 1832 Landrecies) veuve de Barthélémy HUVELLE (°1757 Le Quesnoy + 1814 Landrecies) en son vivant receveur des Contributions Indirectes. En 1824 le moulin appartient à son gendre Jean (Baptiste) Joseph BONNAIRE brasseur à Landrecies marié le 24 Mars 1824 avec Antoinette Julie Constance Emerie HUVELLE née le 17 janvier 1795 à Paderborn, royaume de Prusse. (ses parents ont du émigré à la Révolution). Toujours selon les matrices cadastrales le moulin à vent est la possession en 1838 de DEMOULIN receveur des Contributions Indirectes. Le moulin est vendu en 1841 à Hilaire DUEZ de Le-Quesnoy (il était meunier à Gommegnies en 1839) puis vers 1845 à MONIER SALVANT avant d’être démonté en 1854 (6). Le dernier propriétaire est Philippe MONIER, boulanger, marié le 18 Mai 1831 à Le-Quesnoy avec Adolphie Ernestine SALVAN (°1807 +1846).
1) : ADN Inventaire sommaire de la série B Chambre des comptes de Lille Tome 2 édité en 1872 par M.A Desplanque
(2) : Aliénation indiquée dans le courrier du 29 juin 1808 de Marie Alexandre Bonaventure de Nédonchel
(3) : ADN Biens nationaux contentieux domanial 1 Q 1206-23
(4) : ADN 3 Q 406-2 Enregistrement Bureau le Quesnoy Table des vendeurs 1791-1793
(5) : ADN Biens nationaux contentieux domanial 1 Q 1206-24
(6) : Matrices cadastrales de Le-Quesnoy 35 P 1117 à 1119 B NB 1819 1898
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2 Le Moulin à vent à huile :
Ce tordoir est l’un des très rares moulins à vent à huile de l’arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe. Il est construit entre 1760 et 1802 puisqu’il ne figure pas sur la carte de Cassini mais sur le cadastre de 1803. Il appartient en 1817 à Augustin de MONTEVILLE (°1755 +1822) échevin de Le Quesnoy et rentier. Il appartient ensuite à son fils Charles-Alexandre de MONTEVILLE (°1783 +1828) cultivateur marié avec Caroline Henriette BRIFFAULT puis à son petit-fils Eugène de MONTEVILLE (°1814 +1896) marié en 1857 à Cottenchy dans la Somme avec Cécile CANNET. Le moulin à huile est en ruine en 1857 (1).
(1) : Matrices cadastrales Le Quesnoy 35 P 1117 à 1119 B NB 1819 1898
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3 Le Moulin à vent Cossiau :
François COSSIAU marié à Marie Octavie LENGLET décède le 24 Prairial An 12 (3 Novembre 1804) à l’âge de 53 ans meunier habitant au Moulin de Lorgnies. Il est en effet propriétaire de la moitié de ce moulin à eau situé sur la commune de Villereau depuis 1796 (1).
Le moulin à vent situé à Le Quesnoy n’existe pas sur le cadastre de l’An 12 : François COSSIAU ne l’a donc pas fait construire. Or il porte bien le nom de Moulin Cossiau sur le cadastre de 1817. Il est par conséquent l’œuvre de son fils François-Joseph COSSIAU né le 31 Octobre 1782 à Villers-Pol marié le 4 novembre 1809 à Villereau avec Marie Catherine Joseph ROUSSEAU. Il est en 1809 meunier à Villereau avec sa mère. Celle-ci décède à l’âge de 65 ans au Moulin de Lorgnies le 4 Novembre 1818. Son fils François qui déclare le décès est meunier domicilié à Le Quesnoy. François-Joseph a donc fait construire le Moulin Cossiau à Le Quesnoy entre 1810 et 1818. Selon le cadastre le moulin à vent est démoli en 1824. Il a peut-être été déplacé près du Moulin de Lorgnies où en 1826 Benoit le frère de François-Joseph est le propriétaire de ce moulin à eau.
(1) : ADN 3 Q 406-4 Enregistrement Bureau Le Quesnoy Table des vendeurs An 3-An 7 Acte du 23 Thermidor An 4 (9 Septembre 1796)