La cense de l’abbaye de Vicoigne

Salesches

La cense du Maisnil

La cense du Maisnil avait appartenu au XII e siècle au comte Baudouin IV de Hainaut puis à Gauthier de Bruay avant que Thierry de Buaz la donnât aux prémontrés de Vicogne, avec le moulin qui en dépendait. En 1209, un convers de Vicogne nommé Brice dirigeait cette exploitation avant qu’elle fut confiée à des laïcs.

La cense, de 74 muids vers 1146, de 88 muids vers 1169 couvrait en 1266 un total de cent six muids de terres, répandus sur plusieurs paroisses voisines ; il en fut ensuite détaché un certain nombre de parcelles au profit d’une autre cense des Prémontrés située à Beaudignies, car les baux du Maisnil ne font mention, au XVIIIe siècle, que de 82 muids et demi et cinq mencaudées de pâtures. Ces terres avaient été l’objet d’un échange, en 1219 par cession de parcelles, situées le long de la route de Beaudignies à Vertigneul, près de la « Planque-à-pierre », contre d’autres de même valeur, plus proches de la ferme de Sainte-Aldegonde à Beaudignies.

La cense, exemptée de toutes corvées en 1266 par la comtesse Marguerite de Hainaut, fut restaurée dans ce privilège en 1316, par Guillaume Ier de Hainaut, après les agissements de son père Jean II d’Avesnes.

Elle fut détruite pendant les représailles de guerre de 1340, fut reconstruite presque immédiatement, et subit encore le contrecoup d’événements analogues, vers 1477. Elle payait alors au Trésor une rente annuelle de douze mencauds de blé et douze mencauds d’avoine, d’origine inconnue, et l’acquittait encore au- Domaine du Roy, en 1748.

Le Maisnil fut de nouveau ruiné, en 1653, et privé de ses bois de charpente et de ses ferrures pour les besoins d’une défense improvisée dans Le Quesnoy ; et avant la bataille de Denain, les fourragements de troupes mirent obstacle au payement du loyer, en 1713 et 1714, indépendamment de frais de réparations de plus de 10.000 livres ,qui furent ensuite nécessaires.

Le loyer du Maisnil était de 50 muids de blé (156 hectolitres mesure de Valenciennes) en 1675 ; il fut majoré en 1737 et en 1748, de deux muids d’orge, trois porcs gras, dix moutons, douze pots de vin (26 litres, 52), et 130 livres tournois Hainaut, à quoi s’ajoutaient la charge de toutes redevances fiscales et l’entretien des bâtiments de terme, hors les cas de force majeure.

Enfin, en 1783, le prix du bail fut porté à 406 mencauds de blé, faisant 50 muids, avec 8 mencauds d’avoine, seize mencauds d’orge, 400 bottes de paille, dix moutons et trois porcs gras, le tout représentant en 1789, avec un payement supplémentaire de 800 livres, une somme globale de 4322 livres France ; mais entre les années 1785 et 1787 il fut exposé dans cette cense pour 31656 livres de réparations.

Source du texte : « Salesches la cense Maisnil » par la Société d’études de la Province de Cambrai Recueil 29 L’abbaye de Vicoigne (Prémontrés) II sa dotation 1129 1789 ED Lille Septembre 1929 

Le Maisnil était occupé, en 1546 par la veuve Hermands et son gendre.

En mars 1693 Nicolas Lasne et son épouse marie de Haussy occupaient la ferme. En 1704, la cense et son locataire furent victimes du passage des gens de guerre. Emporté par la spirale infernale de l’endettement, le couple malgré la vente de biens propres se retrouva sur la paille (les années noires des fermiers du Hainaut. De l’endettement à la faillite : revue belge de philosophie et d’histoire Fulgence Delleaux 2007) 

La cense fut reprise en 1713 par Jean Plichon, domicilié précédemment à Marly, près de Valenciennes, et époux de Barbe ou Anne-Pasques Carlier ; André Plichon, son fils, époux d’Anne-Marie Valiez, lui succéda, et son petit-fils Pierre en passa bail, en 1783.