Les censes de l’abbaye de Liessies

Liessies

youtube.com

Le château de la Motte fut une ancienne ferme proche de l’abbaye de Liessies. Cette ferme est l’oeuvre de l’abbé Agrapit Dambrinne qui la fit construire en 1755 comme en témoigne un linteau de pierre bleue portant cette date. Elle aurait été utilisée comme maison de retraite et d’infirmerie par les moines et ne servait donc plus en tant que ferme à la fin du XVIII siècle.

Toute la ferme s’oriente du côté de l’étang qui en baigne les fondations. De chaque côté, de vastes granges donnent une impression de symétrie. Au centre une tour carrée (l’entrée du corps de logis) domine. Sa toiture est composée d’un volume de quatre pans retroussés avec lucarne, le tout surmonté d’un campanile clos. Toutes les baies, linteaux ct corniches sont de pierre bleue.

Boulogne-sur-Helpe

Cense de Boulogne-sur-Helpe cadastrée B 225 EN 1813 (ADN P 31/671)

Boulogne-sur-Helpe est une paroisse ancienne qui dépendait de l’Abbaye de Liessies, son existence est attestée au XII siècle. Elle avait pour succursale Cartignies, qui n’en fut séparée qu’à la fin du XVII siècle.

Jean Havée décédé le 28 août 1704 était le mayeur et le censier de Boulogne.

Jean Cuissez décéda le 25 septembre 1780, veuf de Marie Joseph Carlier. Sur sa pierre tombale il est précisé qu’il était « en son temps fermier de l’abbaye de Liessies ».

Pierre tombale de Jean Cuissez
La cense de Boulogne-sur-Helpe

Description faite de la ferme, propriété importante de MM. de Liessies, au centre de la commune :

Au-dessous de la porte d’entrée, on remarque une magnifique pierre de marbre blanc, où se trouvent gravées les armes d’un abbé de Liessies avec la devise : « Super omnia charitas, 1732 ».

En pénétrant dans les vastes dépendances de la ferme, on rencontre des bâtiments dont les murs ont uns épaisseur de 1 m. 35; des voûtes superbes supportées par des colonnettes carrées en pierres taillées et divisant en quatre travées égales un bâtiment de 40 mètres de longueur; une tour crénelée, adossée au mur Nord et haute de 20 mètres, permettant de surveiller les hauteurs qui, de toutes parts, environnent le village. Par sa construction massive, cette ferme pouvait, en même temps que la forteresse située à 800 mètres de là, servir à la défense du village pendant les troubles fréquents du XVI e et du XVII e siècle. (Séance du 4  décembre 1906 : Mémoires de la Société archéologique de l’arrondissement d’Avesnes 1910)

Cartignies

La situation des fermiers du Hainaut lors de la période 1650 1714 fut très délicate due en majeure partie aux guerres. Certains s’endetteront et d’autres seront mis en faillite. Les grands propriétaires furent conscients de cette situation dans laquelle se trouvaient la plupart de leurs censiers. Ainsi, l’abbaye de Liessies pour les années 1660, 1661, 1662, et 1667 réduisit de moitié les arriérages en grains dus par la famille Caniot qui tenait leur grande cense (103 ha) à Cartignies (ADN 9 H 308).

La ferme de l’Abbaye de Liessies fut vendue comme bien national à la fin du XVIII ème siècle.

Dompierre-sur-Helpe

On retrouve à Dompierre-sur-Helpe une cense d’une quarantaine d’hectares- possession de l’abbaye de Liessies.

Au XVI siècle elle était tenue par la famille Bronchin. (ADN 9 H 2465) Mathieu Erraux leur succéda en 1621. Puis son fils Michel et son petit fils Etton y furent les occupants. En 1715 Etton reprit un nouveau bail avec son fils (ADN 9 H 2465).

Etroeungt 

De la ferme désignée sous le nom de Court-des-Moines, qui appartenait à l’abbaye de Liessies, il ne reste qu’une pierre enchâssée dans le mur d’une maison voisine de l’endroit où s’élevait ce bâtiment. Elle porte le millésime 1464 et ces mots «  en Dieu te fie Fourvie ».

(Statistique archéologique du département du Nord. Partie 2 ed 1867)

Féron

La Ferme Daublain ou « la grosse ferme » (1722)

Au XIVe siècle, les moines de l’abbaye de Liessies étaient propriétaires d’une ferme à Féron. Un régisseur civil chargé de percevoir la dime était nommé et habitait dans la dite grosse ferme. Sur une clé de voûte est gravée 1722, date de la reconstruction. (feron59patrimoine)

Ramousies

L’abbaye de Liessies a conservé des droits et de belles propriétés dans ce village jusqu’en 1790 et notamment la ferme de Rempsies. Cette ferme fortifiée, aux allures moyenâgeuses, est inscrite aux M H depuis 1951. Elle est située 16 route de Sémeries et dispose de façades avec échauguette, d’une tour et d’écuries. Elle est de nos jours propriété d’une association.

La Ferme de Rempsies

Un article de la voix du Nord paru en 1953 nous donne une très bonne description de la ferme au temps de sa splendeur :

« Une charpente peu ordinaire :

Rempsies comprend donc une vaste grange aux murs épais, qu’il est fort intéressant de visiter pour y admirer une charpente aux dimensions peu ordinaires. Les sommiers sur lesquels elle repose sont des troncs de chêne assez grossièrement équarris, parfaitement conservés et dont l’épaisseur, à la base, est de plus de cinquante centimètres pour une portée d’une douzaine de mètres. Il existe assurément dans nos forêts d’aujourd’hui fort peu d’arbres susceptibles de fournir des poutres aussi énormes. Leur âge est extrêmement ancien, car l’existence de mortaises sans utilité démontre que ces troncs ont été employés auparavant dans une autre construction. La grange est pourvue, extérieurement à la ferme, d’une petite tourelle qui, accrochée aux vieilles murailles d’angle, devait faciliter la défense de cette partie du manoir. La cour que l’on atteint en passant sous une arche de pierre, à une forme rectangulaire. Elle est limitée par la grange, l’entrée, la maison d’habitation, les dépendances qui lui font face, et enfin par une grosse tour carrée. La maison proprement dite est construite en pierres du pays, assemblées sans ciment, par simple entassement et bloquage au moyen de coins en schiste argileux. Les armoiries qui surmontent les linteaux des portes portent des dates : l’une est 1771, l’autre serait antérieure : 1720 semble t’il. Quoi qu’il en soit, les murs, vieux à peu près de deux siècles, demeurent solides. Ils étaient percés de fenêtres étroites et peu nombreuses. Les occupants des dernières générations ont augmenté leur nombre. Les bâtiments d’exploitation, en vis à vis, sont moins anciens et paraissent avoir été reconstruits.

Des murs d’un mètre :

Nous arrivons enfin à la partie la plus intéressante de la ferme : la tour. Il s’agit d’un donjon carré aux murs épais de plus d’un mètre, assemblés, comme ceux de l’habitation, sans aucun liant. Les pierres utilisées ayant une forme assez régulière et de dimensions peu importantes, ressemblant assez aux anciens pavés de nos routes. Elles sont remarquables pour leurs couleurs, allant du rose au jaune et au blanc. Elles sont, paraît-il, d’origine locale, ce qui étonne un peu, car la pierre propre à la région est la pierre dite « bleue », dure mais sombre de coloris et d’un aspect triste. Du pied de ce donjon, à l’intérieur de l’exploitation, part un escalier qui plonge à plusieurs mètres dans la terre. Sous une voûte de pierre on descend jusqu’à une sorte de cellule de petites dimensions, de chaque côté de laquelle se trouvent deux caveaux voûtés. Fait curieux, l’un de ces réduits abrite une fontaine où une eau claire et froide coule sans fin. La cave ainsi formée est précieuse aux herbagers, car elle est très saine et l’été le beurre n’y devient jamais mou. L’entrée du « rez de chaussée » de la tour est placée à un mètre cinquante de hauteur environ. On entre par là dans une salle voûtée également, mais cette fois avec la brique comme matériau. Quelques niches, une cheminée primitive. Un escalier de chêne torturé par le temps donne accès à l’étage. Cette partie de l’édifice est protégée par un toit pointu à quatre pans, vétuste. Il est certain que la tour est très ancienne puisqu’elle figure sur les aquarelles que le Prince de Croy fit de ses plus belles propriétés en 1600. Sa partie supérieure parait avoir été restaurée avec des briques en 1771, date lisible sur ce revêtement ».

Elle fut donnée au bureau de bienfaisance par Charles Raoult décédé célibataire en 1878.

En 1894, le conseil municipal fit des travaux de grosses réparations  pour 7.110 francs de l’époque, coût très important.

Depuis ces travaux le temps a fait son œuvre et malgré la réalisation de quelques travaux d’urgence, l’échauguette a disparue, les charpentes et toitures en ardoises ont été remplacées par une toiture en fibro ciment, les murs s’effondrent et le portail d’entrée est endommagé. Le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) bénéficie toujours des revenus du fermage. Toutefois avec le temps cet héritage est devenu une lourde charge à supporter. cf.  Haspres : Ferme de Rempsies

Sars-Poteries

Ferme de Sars. Cadastre de 1901 ADN P 31 / 777

Il existe à Sars-Poteries, près de l’église, un ensemble de bâtiments anciens assez impressionnants comportant un corps de logis, une immense grange et des dépendances enfermant une cour. Dans cet ensemble une salle à colonnes de pierres et à voûtes de briques fait songer à une chapelle, d’autant qu’une carte postale du début du XX e siècle nous montre l’édifice surmonté d’un clocheton. Ce bâtiment formait autrefois deux parties séparées par une entrée de cour avec porte cochère aujourd’hui murée… A l’intérieur de la cour se dresse le bâtiment principal d’habitation de même époque que les autres bâtisses. Il possède des caves spacieuses dont les voûtes, romanes d’aspect, reposent sur des murs épais d’environ trois mètres… L’ensemble de cette ferme avec ses dépendances et son jardin était complétement clos de hauts murs d’une belle épaisseur qui existent encore en partie. Il est à présumer que cette cense proche de l’église et de la chapelle particulière était le prieuré indiqué sur les cartes anciennes de 1579,1710, 1712 du Hainaut sous la mention P.H.O.S.B (prieuré d’hommes de l’ordre de St Benoit probablement supprimé suite à l’édit de 1768 qui statuait que toute maison de moins de 15 religieux serait fermée). Les bâtiments de cette cense dépendant de l’abbaye de Liessies furent confisqués à la Révolution et vendus comme biens nationaux. En 1810 M Louis Roussel de Lille était le propriétaire de cette ferme de plus de 100 hectares. (Source partielle du texte : « Essor Industriel et vie à Sars-Poteries au XIX e siècle » page 8 Mémoire de maitrise de lettres modernes Université Lille III Octobre 1973 par Annette Delmotte).