Les censes de l’abbaye de Maroilles

Douze censes ont été recensées.

Maroilles

L’abbaye disposait à Maroilles des censes suivantes :

– la cense du Bosquet Thursin

– les censes de Catillon à la prairie

– les censes de la Gloriette, de Dame Jacques et de l’Epinette

– les censes du Bois Brun et du Blocus

– les censes des bergeries du Grand et du Petit Cerfmont

– la cense des Moines

En voici pour certaines leur localisation :

Les censes de l’abbaye à Maroilles

Les bâtiments de ces fermes figurant sur cette carte existent encore de nos jours. Quant aux  censes de la Gloriette, de Dame Jacques et de l’Epinette probablement toutes situées au même endroit, difficile de les localiser, peut-être le long du chemin Dame Marguerite à l’emplacement actuel de la ferme Margotenne.

En ce qui concerne la cense des moines, son loyer  n’était que de 470 livres en 1790 comparativement aux 3464 livres de celle de Catillon et donc très certainement d’une petite taille. Sa situation était à la Basse-Maroilles (au Maisnil) avec 13 parties de bien partagées en trois lots.

La cense du Bois Brun et du blocus :

La cense du Bois Brun

La cense du blocus était louée en 1768 et 1789 en 5 lots.

En 1790 elles étaient louées ensemble pour 1779 livres.

La Cense du Bosquet Thursin (15-09-1566)

Elle apparait pour la première fois dans un acte d’échevinage de Maroilles en date du 15 septembre 1566 : « Vente de 7 rasières de terre en une pièce par Colin Paindavaine, Jacques de Lausnois et Colin Ballyer demeurant à Taisnières au profit de Bertrand de Brissy époux d’Adrienne Marastre demeurant en la maison et cense du Bosquet Thursin ».

Le 4 janvier 1621 Jean Lermugeau « laboureur de la cense du Bosquet Tarsin » et son épouse Marie de Fontaine achetèrent une pâture nommée « Bosqueau ».

En 1790 le bosquet Tarsin et les bosquetiaux étaient loués 934 livres mais la cense n’est plus citée.

La Cense de Castillon (18-11-1614)

La cense de Catillon (Chemin Dame Marguerite)

Voici le premier acte d’échevinage évoquant cette cense

18/11/1614 : « Vente de 20 livres de rente sur maison ,chambre, estable et 6 mencaudées auprès de « Cherfmont » à Maroilles, tenant à l’abbaye, au chemin et à Michel Jenneheau par Pierre de Brissy demeurant au faubourg de Landrechies et époux de Margheritte Rifflet au profit d’Antoine Mariscal censier de la cense de Castillon à la prée Maroilles (Isaac Brassart mayeur) »

La Cense de Cherfmont (28-12-1620)

« Vente d’héritage à Maroilles suite au trespas de Magdelaine Garin, mère de Martin Druez. Cet héritage portant sur une maison, 4 rasières de pasture tenant à Florent Salladin, à Pasquier Chevalier de la Croix et à la dite Garin ; 5 coupes de pasture tenant au dit Salladin, à Pierre Desquesnes, au chemin et as hoirs Thomas Manesses, fut vendu par le dit Martin Druez soldat en garnison du régiment de Mr. de Fontaine, et époux d’Aldegond Watier au profit de Humbert Lonnet censier de la cense de Cherfmont (à Maroilles) (Nicolas Evrard mayeur, Anthoine Pelset, Jacques Pieronne, Jean de Surie, Humbert L’Escohier. échevins)

La cense de Cerfmont

Elle comprenait une maison avec 45 rasières de pâture, 11 parties de pré et 17 parties de terres sur Maroilles, Le Favril et Landrecies.

Cette cense était louée en 1790 lors de la suppression de l’abbaye 1927 livres.

 La Cense (Hayes) Dame Jacques (22-06-1623)

« Vente d’héritage à Maroilles de 5 coupes de terre en demye pièce au royage de « l’Espinette » à savoir : -une rasière tenant au chemin menant à Avesnes, à Georges de Bevierre, à Jacques de Lausnoit et, -une coupe tenant à Georges Rosche de 3 sens et à la pasture au dit Wargnies, par Pierre Larmoyeur dit Brosien demeurant à Maroilles et époux d’Andrienne Locquet au profit de

Simon Evrard censier demeurant à la censse « Dame Jacques » et époux d’Anne Rosche (Nicolas Evrard mayeur, l’acte étant signé par « Balligand »)

La Cense de la Gloriette (04-02-1686)

Martin De Brissy & Jeanne Marie Trouillet, censiers de la Gloriette :

« Nicolas Demain x Jeanne De Brissy, Robert Jaquin x Magdelaine De Brissy et Nicolas De Brissy x Magdelaine Hénaux, demeurant tous à Maroilles, vente à Martin De Brissy, fermier de la cense de La Gloriette, demeurant à Maroilles, de deux rasières de terre en trois pièces : une rasière sur le Champ des Hayes, tenant à Frédéricq Carion, à François Largillière, à Humbert Lambert, une demi rasière au Camp Nabbé, tenant à Monsieur de Maroilles, à la Chasse du Baquet et une demi-rasière à Roblefosse tenant à Humbert Lambert, à Jacques Largillière et au chemin menant à Avesnes. Vient du patrimoine des dits De Brissy. »

Voici maintenant la transcription du bail en 1729 entre l’abbaye de Maroilles et Robert Brissy censier de la Gloriette, fils de Martin et de Jeanne Trouillet :

« A tous ceux qui ces présentes voirront ou oyrront Dom Benoit Leveque humble abbé de Maroilles, les Prieur et Religieux du même lieu capitulairement assemblés selon la Coutume Salut

Savoir faisons que pour le plus grand profit de nostre abbaye baillés et accordés comme par ces présentes baillons et accordons à seul titre de ferme pour le terme de six ans consécutives à commencer au premier de mars de l’année mil sept cent vingt neuf à Robert Brissy présent et acceptant pour ledit terme nostre cense dite La Gloriette gisante audit Maroilles ainsy que les parties spécifiées ci-après s’en suivent

Premièrement une pasture ainsy qu’elle se contient avec la maison et étable tenantes aux haies de ? , à la pâture à Guitte et à la veuve Nicolas Bronchin Item deux journels de préts en quattre pièces, dans le prét amirant savoir une rasière et demie en deux pièces, la rasière tenante à Alexandre Mariscal et au chemin du Seigneur, et la demie rasière tenante aux hoirs marguerite Penin, et à ladite abbaye item une rasière tenante au prét de l’abbaye, et l’autre demie rasière au chemin du seigneur et à –

A charge et condition que ledit preneur fera extirper les libres et mauvaises herbes des dittes parties, comme aussy les desbousiner, espandre les muitternes et générallement faire toutte fosserie et devoirs requis à leur mellioration à ses frais particuliers

Item sera tenu de bien entretenir ledit bâtiment de couverture et en faire de nouvelles au besoin à ses frais et en cas d’incendie ou ruine totale lesdits sieurs bailleurs ne seront tenus de luy fournir une autre demeure mais ledit fermier se logera où il trouvera bon sans diminution de rendage si mieux il n’aime abandonner le marché et quant à ladite pasture il l’entretiendra de hayes nécessaires et suffisantes.

Pour la jouissance de laquelle ferme ledit Robert Brissy prenneur promet et s’oblige de nous rendre et païer chaque année la somme de deux cent cinquante [coupé] monnaie d’ Hainaut, argent francq de toute imposition générallement quelconque mise ou à mettre par qu’elle authorité ce puisse être, dont le payement de chaque année eschera au jour de la Toussaint sans pouvoir prétendre modération sinon pour une perte généralle.

Item fera quattre corvées avec les chevaux et chariot aussy chaque année aussitôt qui luy sera ordonné

Et arrivant le décès du prenneur et de sa femme avant l’expiration du présent bail nous voulons que le présent marché revienne en nostre libre disposition pour de par nous y estre pourvu refondant les frais à ratte? de temps de non jouissance.

Item le prenneur s’oblige de païer le pot de vin du présent bail qui est le prix d’une année entière avant la fin de cette présente année mil sept cent trente deux

A toutes ces clauses, prix, conditions, ledit Robert Brissy s’est bien et dûment obligé ses biens meubles et immeubles même d’abandonner le présent marché en cas de défaut de païer chaque année sur quarante sols tournois de peine le cran renforce sur vingt sols le serment observé informé par devant nottaire royal et hommes de fief du Haynaut, fait et passé en nostre abbaye de Maroilles le sept juillet 1732 ». (ADN 11 H 66)

En 1790, les locations des censes de la Gloriette, de Damp Jacques et de l’Epinette, s’élevaient à 2087 livres.

Hachette

La cense de Hachette

C’était  une ferme située près de la forêt de Mormal, composée de la maison de ferme, de 2 parties de pâtures de 33 rasières, de 8 parties de pré et d’une pièce de terres labourables. En 1557, un grand nombre de religieux de Maroilles fuyant une maladie contagieuse, se réfugièrent dans cette cense. Elle était louée 1025 livres à la Révolution.

De nos jours la ferme adopte un plan général en U et se compose de trois bâtiments.

A l’ouest se trouve un volume abritant le logis et une étable surmontée d’un fenil. Perpendiculairement, est implanté au nord un bâtiment presque entièrement en moellons de calcaire marbrier, ayant fonction d’étables, de fenil et de laiterie. (La seule partie subsistante du XVIII e siècle). Face au logis se situe un vaste bâtiment abritant des étables et la grange, ainsi qu’une porcherie. Il alterne étables, espace de grange, étables et grange. Les voûtes des étables sont sur pendentifs et sont soutenues par des colonnes en calcaire marbrier.
(Source : Culture.gouv)

Marbaix

La cense de l’abbaye de Maroilles à Marbaix

Cette cense date de 1575.

En 1682, l’abbaye de Maroilles acquit de Jean Dupont et consorts la cense de l’Ecaille à Marbaix qu’elle conserva jusqu’à la suppression des maisons religieuses. Elle comprenait outre la dime et le terrage de ce village 27 parties de terres, pâtures et près. L’abbé Dom Maur Senepart laissa le rendage de 1775 à 1778pour rebâtir cette cense. Le sieur Preux en était à cette époque le censier de la ferme.

Ses fromages permettaient aux moines de recouvrir 2770 livres de revenus en 1790.

Avant la Révolution, l’abbaye disposait d’une autre cense, celle dite du Foyaux louée 600 livres en 1660. Les gains de cette cense avaient été complètement grêlés en 1783, ce qui avait amené à la remise du rendage.

En 1791 elle ne possédait plus que le bois attenant, aménagé en coupes réglées.

Noyelles-sur-Sambre

L’abbaye de Maroilles était en possession de deux censes à Noyelles-sur-Sambre : celle de Renault-Folie et celle du Parc.

La cense Renault-Folie
La cense Renault-Folie

Renault-Folie, après avoir été échangée en 1304, fut de nouveau rentrée dans les biens de l’abbaye en vertu de l’acte du 22 juin 1495. De 1600 à la Révolution les Evrard de père en fils et d’oncles à neveux en furent les censiers.

La cense du Parc (rue des bateliers)

La cense du Parc après avoir été vendue par l’abbaye au début du XIV siècle au profit d’un comte de St-Pol, qui était Waleran de Luxembourg, comte de Ligny fut rachetée par la même abbaye en date du 4 janvier 1499. Dans le XVIIe siècle, la Cense du Parc fut longtemps louée avantageusement : un bail de 1664, en établit le prix à 1200livres par an.
En 1768 l’abbaye vit son fermage doublé, avantagé avec la création de quatre lots distincts en vue d’accommoder les familles de leurs fermiers.

Taisnières-en-Thiérache

Parmi les biens que l’abbaye de Maroilles possédait à Taisnières, était comptée la « cense de la Court , sur les Catiaux, avec 21 rasières de pâtures tenant à la ferme, plus 3 autres pâtures, 3 près, 37 parcelles de terres labourables ». Cela représente 54 hectares.

En 1650, les religieux furent contraints d’effectuer eux-mêmes la moisson avant de retrouver un nouveau locataire en la personne de Thomas Evrard (ADN 11 H 423).

En 1659, la vaste cense était dans un état de délabrement avancé. « Le corps de logis, bâtiment à un étage dont les fenêtres encadrées et subdivisées par de massifs croisillons en pierre de taille, les hauts pignons à ailes dentelées, les toits aigus et saillans sur une sorte de corniche ou encorbellement en bois uniformément découpé annonçaient une construction déjà ancienne , n’avait plus ni vitrages ni portes , ni boiseries : il ne restait guère que les murailles nues. Toutefois, il avait encore beaucoup moins souffert que les divers bâtiments ruraux qui l’environnaient, dont les murs dégradés et éboulés, les toits abattus ou enlevés, laissaient à peine reconnaître leur destination primitive. Longtemps abandonnée pendant les guerres qui, à partir de 1635, avaient constamment désolé la contrée, cette ferme alternativement occupée par les armées belligérantes, avait été ainsi dévastée de fond en comble.

Elle était dans ce pitoyable état quand l’abbé Alexandre de Brissy entreprit de la restaurer, peu de temps après la paix des Pyrénées (1659).

Cent vingt ans plus tard, vers 1780, le dernier des abbés de Maroilles, dom Maur Senepart, faisait démolir cette même maison qui tombait de vétusté, et la faisait rebâtir dans un goût moderne, à portée de là, sur un sol moins humide où elle subsiste toujours.

La cense de la Court (rue de Dompierre)

Confisquée, lors de la Révolution Française, comme les autres biens de l’abbaye, la Grande-Court fut acquise par la commune de Taisnières-en- Thiérache, avec d’autres domaines déclarés nationaux, pour le prix de 62,245 livres 3 sols ; mais bientôt disloquée, elle passa en différentes mains. M. Cuel, ingénieur en chef des ponts et chaussées, possesseur actuel de tous les bâtiments et de quelques dépendances, a transformé le corps d’habitation en une jolie maison de campagne, et a fait, du surplus, une petite ferme qu’il a surtout beaucoup embellie par des plantations de toute nature. » (La Grande Court à Taisnières en Thiérache par Michaux Ainé  p 286 et 287 Archives historiques et littéraires du Nord de la France T 3 1841)

Son fermage était de 1000 livres et 150 rasières de grains en 1659,1200 livres en 1665, de 1660 livres en 1768 et bondit à 3165 livres en 1789.

Quelque soit l’époque, les religieux avaient eu soin d’imposer au fermier, outre certaines prestations, les frais d’une récréation qui devait leur être offerte un jour par an.   

Salesches

La cense de Saint-Humbert (rue du Quesnoy)

En 1768 le monastère louait à Salesches la cense de Saint Humbert.

Louvignies-Quesnoy

La cense de la Motte (Route Nationale)

L’abbé Pierre V Tacquenier (1670-1698) se trouva à la tête d’une abbaye fortement endettée et dut se livrer à de nombreux travaux de restauration des fermes de l’abbaye (cense du Parc à Noyelles, cense de la Motte à Louvignies-Quesnoy, cense de Sagnière…) endommagées par le temps, les guerres et l’imprévoyance de certains de ses prédécesseurs (Communauté de Communes du Pays de Mormal et de Maroilles Article de Fréderic Damien).

Cependant en 1768 et 1789 l’abbaye y percevait le terrage mais ne semble plus posséder cette ferme.