Les censes du domaine royal

En tant que « seigneur suprême », le Roi disposait  d’un domaine qui désignait, à la fois l’ensemble des terres, des biens et des droits relevant directement de son pouvoir et à la fois la totalité de ses revenus ordinaires en tant que propriétaire mais aussi en tant que souverain.

En ce qui concerne l’Avesnois, certains biens ayant relevés des comtes de Hainaut devinrent des domaines royaux, notamment la forêt de Mormal ou bien encore certains moulins.

Cependant il n’y a pas de sources qui permettent d’identifier les censes qui furent incorporées au domaine royal. On ne peut qu’émettre des hypothèses en faisant un parallèle avec les moulins devenus royaux mais ne faut-il pas parfois se défier des sources …

Landrecies

A l’instar d’un moulin à vent appartenant au Roi mais dont le gouverneur en jouissait à titre d’arrentement, il dut avoir une cense qui passa dans l’escarcelle du Roi Louis XIV.

En effet ce moulin sur pivot érigé avant 1730 sur un bastion de la ville de Landrecies à l’occasion d’un siège fut déplacé vers 1773 hors de la ville, sur une terre de la manse abbatiale de Frémy, à la condition qu’à la mort de l’abbé de Fesmy, ce moulin en revienne au Roi. Le décès de l’abbé et l’arrêt du Conseil du 1er octobre 1779 remirent donc le moulin dans les mains du Roi (ADN C 16823).

Le Quesnoy

Le Quesnoy possédait des moulins banaux qui faisaient partie du domaine royal. On peut imaginer, que celui-ci devait également détenir des censes.

Jolimetz

Sur le territoire de Jolimetz, Le bois de la Clayelle fut défriché en 1537.

En 1684 la cense de la Clayelle appartenait au Roi (D Mathieu « Histoire de la forêt de Mormal et ses dépendances » Manuscrit déposé aux ADN C 2852) :

« Les terres de cette cense commencent et tiennent au Pont à vacques vis-à-vis des dites terres de Futoy de l’abbaye d’Anchin qui en est séparé par le grand chemin du dict pont à vacques qui conduit au Locquignol et à Sassegnies, et s’étend jusques au bout de la chaussée de l’estang des Corbeaux, affermé à Jacques de Rombies et à trois mencaudées de jardin qui ont esté séparez de la dicte forest et arrentée pour vingt et un sols de vieille rente appartenant au Roy, vulgairement dict le prêt cornart laquelle cense contient cent quatre vingt journeaux…tenant au terroir de Jolimetz entourée de haies vives, ayant une fort bonne maison consistant en trois chambres basses, un fournil, cave, escuries estables à vaches et à porcqs, une bergerie et une grange fermée de murailles de bricque, deux cours et deux jardins avec une brasserie, laquelle bergerie il y a deux ans le fermier a faict convertir en une petite maison et une écurie autour de laquelle passe le ruisseau de la fontaine Marguerite… »

A partir de cette description et du plan cadastral de 1831, la cense royale pourrait correspondre sur ce cadastre au N° 1123 à 1135.

Cadastre de 1831

De nos jours la cense en tant que telle n’existe plus mais pourrait peut-être être localisée à l’emplacement symbolisé par le cercle rouge sur la photo Google Maps ci-dessus.

Locquignol

L’histoire de Locquignol est indissociable de celle de la forêt de Mormal, réserve de chasse des comtes de Hainaut. Celle-ci était administrée non par la prévôté du Quesnoy mais par un bailli des bois jusqu’au rattachement de la prévôté au royaume de France en 1659.

Une ferme-manoir fortifiée se situait près de l’église actuelle. Etait-elle l’ancien relais de chasse des comtes ? Etait-elle la cense de la Motte appartenant au Roi, lequel la donna vers 1680 à M. Tallon ? Cette ferme consistait « en une cuisine, deux chambres basses, deux petites garde-robes, un grenier au dessus, un garde manger ou dépense, une cave, une brasserie et un lieu pour lavender, une grange et des écuries et estables pour les bestiaux et cochons, une grande cour et un jardin au dessus du fossé de la dite cense » (ADN C 2852).

Quoiqu’il en soit, elle  fut presque entièrement détruite en 1944. 

Orsinval

Le bâti ancien est composé de quelques grandes fermes dont la ferme de Quatre Vents et la ferme Boucher qui devaient probablement appartenir au domaine royal avant la Révolution

Wallers-en-Fagne

Les registres d’Etat Civil nous apportent la preuve de l’existence de cinq fermes royales dans ce village :

1742 : Naissances chez :

– Louis Baron, brigadier des emplois des fermes du Roy à Wallers

– Jean de Vignes, garde emploïes dans les fermes du Roy à Wallers en Hainaut

– Jean Joseph Breasse, garde emploïes dans les fermes du Roy dans la brigade de Wallers

1751 :

« Le quatorze de mars mil sept cent cinquante et un fut nez et baptisez Jean Joseph Breaces, fils de Jean Joseph Breaces, garde employez pour les fermes du Roy à Wallers, et de Anne Marie Mencqez, sa légitime épouse, les deux de la paroisse de Vaux auquel fut parrain Jean Joseph Zedon et marraine Marie Célestine Revelart les deux de cette paroisse »

1754

Vivaient :

– Pierre Joseph Paullet, sous brigadier dans La Brigade des Cinq grosses fermes du Roy établies à Wallers.

– Jean Devignes, garde employez dans les 5 grosses fermes du Roy établies à Wallers.

1755

Vivaient :

– Jacques Tournû, garde employez dans les 5 grosses fermes du Roy de Résidence à Wallers

– François Boulnoy, garde employez dans les 5 grosses fermes du Roy de Résidence à Wallers

Sous-brigade établie à Wallers pour défendre les intérêts de ces fermes.