Nous nous sommes efforcés à travers cet exposé de faire une présentation des grandes censes avesnoises à la fin d’une période charnière de l’Histoire. Cette présentation s’est limitée à des constatations générales tirées de recherches dispersées.
Si quelques-unes évoquent l’époque seigneuriale par leurs noms : la Court, la Tour, la Motte, Le Mesnil…la plupart des grandes censes portent un nom rappelant soit celui de leurs premiers propriétaires soit un nom rappelant leur importance ou leur situation.
Les bâtiments et les terres appartenaient au propriétaire et seuls les meubles, le matériel nécessaire à 1’exploitation, les bestiaux, les semences, les récoltes constituaient la richesse du laboureur censier.
La location de la cense se faisait soit par réservation, le bail étant dans ce cas renouvelé aux enfants à la mort du censier en exercice, soit par adjudication. Dans ce dernier cas, le propriétaire procédait à l’adjudication de son domaine en location, publiée sous forme d’affiches placardées dans toutes les paroisses des environs. Après la mise aux enchères du montant des loyers, le bail revenait au plus offrant, dernier enchérisseur à la fin du marché.
Les censiers qui occupaient ces censes abbatiales ou ces censes provenant de seigneurs laïques soit nobles ou anoblis, exerçaient un rôle important au sein de la communauté villageoise. Ils avaient bien souvent des employés, des domestiques des saisonniers.
S’ils avaient éprouvé de graves difficultés financières lors des périodes d’épidémies et de guerres notamment vers 1650, ils étaient à l’aube de la Révolution dans une situation bien meilleure. Etant instruits, sachant souvent lire, écrire et compter, ils étaient parfois le receveur de domaines plus étendus et percevaient les redevances, en particulier la dime, le terrage et les loyers, qu’on lui avait affermés.
Ils pouvaient exercer des charges administratives et remplir des fonctions judiciaires au sein de la communauté de leur village, comme mayeur, lieutenant, échevin…
Après la Révolution, cette évolution sociale permit à une majorité d’entre eux de devenir propriétaire des bâtiments et des terres qu’ils avaient jusqu’alors occupés.
Par la consultation de documents postérieurs à 1789, cette étude pourra pour le passionné de généalogie être prolongée par la recherche de ces censiers afin d’obtenir un ensemble plus complet.