Il faut tout d’abord noter qu’en 1540 1541 Philippe II de Croÿ collabora avec la municipalité aux premiers travaux d’adduction d’eau potable à Avesnes. Il s’agissait d’amener dans un vaste réservoir situé sur la Grand’ Place les eaux de la source du Fourmanoir à Avesnelles. On utilisa pour ce faire des « buses » ou tuyaux en bois de chêne, cerclés de fer. Le Prince de Chimay fournit le bois nécessaire pris dans ses propriétés de la Haie d’Avesnes. La direction des travaux fut confiée à un « maitre des fontaines » de Namur, Jean le Masson. Les conduits passaient sous les remparts de la porte de France, à l’endroit que l’on appelait le « boulevard Furieux ». Ce rempart qui reliait la porte de France à la porte Cambrésienne suivait approximativement le tracé de l’actuelle rue des Crapauds. On fit descendre par une « buse » souterraine le trop-plein du réservoir jusqu’à la mare du château. Cette mare était une sorte d’abreuvoir à l’ouest de la Petite Place. Un charpentier d’Avesnelles, Gilles Noiset, était chargé de l’entretien des « buses » moyennant un salaire de 24 livres par an. (Sources : Michaux « Chronologie des Seigneurs d’Avesnes » et le Livre Rouge de la Ville d’Avesnes).
Imaginez que sous le règne de Louis XV, nous arrivons à Avesnes avec la diligence, le matin d’un jour de semaine, soit par la Porte de France, soit par la Porte de Mons, après avoir franchi la rivière ou les fossés des fortifications….
C’est l’heure où sonne l’Angelus du matin, où s’ouvrent les premières portes et les premiers volets. Des ménagères à la robe de futaine, longue et lourde, des hommes portant la culotte courte sur leurs bas de laine sortent des maisons avec des seaux de bois ou de métal accrochés à un appareil en bois posé sur les épaules, et descendent vers le bas de ville, au pied des anciens remparts. Ils vont faire leur provision journalière d’eau potable à la seule et unique fontaine qui alimente et la population civile et toute la garnison. Il n’existe en effet dans le haut de la ville aucune autre fontaine distributrice d’eau potable. Une seule citerne se trouve vers le milieu de la Grand’ Place (elle existe encore aujourd’hui) pour recevoir l’eau des ‘pluies tombant sur l’église on n’y touche qu’en cas d’incendie. Différents projets pour faire venir l’eau potable de sources se trouvant au Fourmanoir n’ont été conçus que plus tard, vers 1780, et n’ont d’ailleurs jamais été réalisés. Vous devinez ce que cette corvée d’eau quotidienne peut avoir de pénible et de dangereux, l’hiver, par les ruelles et les escaliers glissants : les chutes sont fréquentes, et le chef de la garnison se plaint du grand nombre de cruches cassées par les militaires. Quant aux bourgeois aisés, ils se font apporter leur provision pour quelques liards par des marchands d’eau. La profession de marchand d’eau est un des petits métiers avesnois à cette époque. Bulletin annuel : comptes-rendus des séances, excursions et divers.
Source du texte : Bulletin annuel : comptes-rendus des séances, excursions et divers / Société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes 01/01/1932
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Un puits sur la Place d’Armes servait en cas d’incendie et fut donc rendu au public en 1827.
Isidore Lebeau dans son ouvrage « Précis de l’Histoire d’Avesnes » (Avesnes C Viroux Imprimaire Libraire 1832) nous apporte d’autres précisions. Tout d’abord il nous signale la présence d’un puits de la Grande Rue non terminé et détaille celui de la Place d’Armes :
« Le puits du haut de la Grande Rue a été bouché avant d’être achevé. Parvenu, à travers la roche, à une profondeur de soixante pieds, sans rencontrer un seul filet d’eau, on désespéra du succès. On ne peut effectivement tirer de ce puits que celle qui s’y infiltre en s’écoulant dune fontaine voisine, lorsque des pluies abondantes ont occasionné une crue
Celui de la Place est fort profond et peu commode. La bouche en fut d’abord couverte d’une sorte de chambre carrée de belles pierres bleues. En imprimant aux leviers de deux pompes, placées dans l’intérieur, le mouvement convenable, on amenait l’eau, par deux goulots figurant des hures de sanglier, dans les vases destinés à la recevoir. Cet edifice, qui avait à l’extérieur l’apparence d’un énorme et massif bloc de pierre, parut aux voisins, dont il offusquait les maisons, tout à fait déplaisant. Ils s’en plaignirent et au bout de quelques années, cette lourde masse fut remplacée par une légère couronne de fer à laquelle on suspendit des poulies et des sceaus. L’eau était fréquemment sale et infectée par les immnondices que l’étourderie ou la malveillance y entassaient à la dérobée ; une femme s’y précipita : la couronne fut enlevée et le puits condamné. Il a été rendu aux besoins des habitans en 1827. Une fontaine quadrangulaire contient le léger rouage qui fait jouer une noria, et qu’on met en mouvement au moyen d’une manivelle. A la premiere chaîne et aux premiers pots, qui étaient en cuivre et sujets à s’oxider, on a substitué une chaine en fer et des pots en bois. Au dessous du rouage est un réservoir ou basin de plomb dans lequel les pots se déversent et d’où l’eau se répand au dehors par un goulot en forme de tête de lion. Chaque face du nouvel édifice , terminée par un fronton triangulaire, a, jusqu’à la corniche, mais en comprenant l’architrave et la frise, quatre mètres de hauteur sur deux mètres vingt – cinq centimètres de largeur. Huit pilastres, appuyés sur un soubassement et formant les quatre angles de la fontaine, supportent l’architrave. Le comble est surmonté d’un globe doré ».
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Cette fontaine a été érigée en 2005 par le Rotary Club d’Avesnes-sur-Helpe sous la Présidence de Jean Pierre Lenoble.