Floursies : la fontaine St Eloi

La Fontaine St Eloi de Floursies (bassin circulaire de 2,90 m de diamètre, d’1 m de profondeur et lavoir rectangulaire)
La Fontaine St Eloi de Floursies : Saint Eloi sculpté dans la pierre avec une date 640
La Fontaine St Eloi de Floursies

La source, qui se trouve au centre du village, était le point de départ de l’aqueduc alimentant Bavay en eau. La fontaine fut construite par les Romains vers l’an 150 et dédiée à la déesse Flore. Les dalles du lavoir datent de l’an 350. Christianisée dès le haut Moyen Âge elle fut consacrée à Saint Eloi . Remaniée au XVI e siècle, elle est inscrite MH par arrêté du 4 octobre 1932.

Cet aqueduc souterrain draîne les eaux de la source du Bois de la Garde de Beugnies, située au lieu-dit Fosse Amère. « À l’extrémité aval de ce drain, les eaux sont captées par une autre source qui fait relais et communique avec la rivière Tarsy par un ruisseau, à une cinquantaine de mètres de la Fontaine dite de Floursies. Mais il faut surtout réaliser que la mise en service de ce drainage eut pour effet de provoquer l’assainissement et la disparition des marais que le débordement des eaux de la source de la Fosse Amère, entretenait en permanence sur une grande partie du terrain… ». (Maurice Gravelini , Restitution de l’Aqueduc de Bagacum (Bavay), p. 7, 8 et 9.

Floursies porta au Moyen Age le nom gracieux de Fontaine-Fleurie.

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L’aqueduc de Floursies à Bavai
Bilan de deux campagnes de fouilles
1963 – 1964
par Jean-Louis Boucly
Novembre 1964

I. Tracé de l’aqueduc sur la rive droite de la Sambre.


En 1962, Jean Vaillant et Paul Heine dégageaient à Eclaibes, au lieu-dit « Le Planti » un tronçon intact d’aqueduc et par sondages ils en établissaient le parcours sur 2,4 km environ. Il s’agissait d’une des branches de l’aqueduc de Bavai qui, selon Boucher, rejoignait sur le territoire de Limont, celle qui venait de Floursies.

En 1963, Jean Vaillant et Paul Heine aidés de M. Boulanger, découvraient à Bachant une portion de la branche principale de l’aqueduc et la relevaient jusqu’à la CV 06 (1).
Dans l’intervalle, nous avions relevé le tracé d’une autre portion de la branche principale depuis la rive droite de la Sambre jusqu’à la limite du territoire de la commune de St-Rémy et il nous semblait que les niveaux du radier étaient plus élevés que ceux relevés à Bachant en se basant sur la côte indiquée au voisinage du gué par lequel la CV 06 traverse le ruisseau Le Grimour.
(1) 2ème supplément à la Monographie scolaire « Eclaibes. Glanes du passé » 1964.

Poursuivant les sondages sur le territoire de Bachant nous avons pu raccorder les deux éléments de la branche principale de l’aqueduc et constater en partant de la base sûre du repère Bourdaloue qui se trouve sur le mur d’une maison en face du cimetière de St-Rémy que le niveau précédemment relevé était faux comme d’ ailleurs toutes les côtes indiquées dans cette région sur la carte au 1/ 20.000ème.

L’aqueduc suit en serpentant les courbes de niveau ce qui allonge son parcours : la distance rectiligne entre les points I et II est de 2,540 km alors que le tronçon d’aqueduc relevé entre ces deux repères mesure 3 km. (plan 243).

Il ne franchit les hauteurs en conduit souterrain que rarement. En règle générale son radier est faiblement enterré aussi la canalisation fut-elle vite détruite pour permettre la culture : à St-Rémy la couverture, les piédroits ont été arrachés et le radier n’est plus repérable que par le mortier rose qui retenait les tuiles qui le formaient.

Plus sinueux sur le territoire de Bachant, il décrit une large courbe dans la plaine de St-Rémy avant de franchir la Vallée de la Sambre. Son parcours est alors marqué par de petits champs dont 1’orientation est différente de celle des autres : parcelles 333, 334, 325, 324 ou par des limites de terrains : 58, 54, 52, 32, 33, 34, 35, 37, 342, 194, 343, 344, 315, 183, disposition qui résulte probablement du sénatus-consulte selon lequel une bande de terrain neutre devait être ménagé à 5 pieds de part et d’autre des constructions souterraines.

Pente du canal entre Bachant et St Rémy :
Entre les points I et II (plan 243) la longueur de la canalisation est de 3 km.
Niveau du radier au point II : 157,85.
Niveau du radier au point I : 156,22.
Pente : 0,00054 soit 0,54 mètre au kilomètre.
Cette pente n’est pas uniforme, à St-Rémy entre les points 1 et 5, pour une longueur de 380 mètres elle est de 0,763 m/km, cette augmentation de la pente correspond à un abaissement progressif du niveau du sol avant la Vallée de la Sambre.

Mesures de la branche principale :
Des dégagements pratiqués à Bachant (points 10, 9, 8) et à St-Rémy (points 1, 6, 7) une découverte faite à Boussières lors de 1a réfection de la CD 307 nous permettent d’évaluer ses dimensions.

  • Largeur des piédroits : elle serait de 0,48 m soit :
    a) briquetage interne 0,16 m (briques carrées de 0,27 m cassées selon les diagonales en fragments triangulaires et mortier rose).
    b) maçonnerie de moellons bruts : 0,32 m.
  • Largeur du canal.

(Voir le plan consacré aux différentes sections de l’aqueduc)

A Boussières le briquetage interne a disparu, le vide ainsi formé entre la maçonnerie de moellons bruts des piédroits est de 0,80 m. La largeur du canal serait donc de 0,80 – 0,16 – 0,16 soit 0,48 m.

  • Hauteur du briquetage ou hauteur maximale de la veine d’eau : 0,48 m probablement.
  • Largeur totale de la maçonnerie : 0,48 x 3 = 1,44 m.
    Or, nous verrons infra que cette mesure correspond exactement à la longueur de la dernière des piles du massif de soutènement.

Remarques générales :
Sur un parcours de près de10 km la canalisation offre le même type de construction. Seuls les vestiges explorés à Dourlers par Chevalier (2) et ceux découverts aux environs de Bavai par M. le Chanoine Biévelet (3) présentent des différences notables.
(2) Chevalier. Notice sur l’aqueduc romain de Floursies à Bavay, 1833.
(3) Egouts et aqueducs bavaisiens. Extrait des annales de la Société Royale d’Archéologie de Bruxelles, Tome 1. Pages 15-30,1961. Henri Biévelet.

Les canalisations d’Eclaibes et de St-Rémy étaient bâties selon les mêmes règles : l’aqueduc reposait sur une fondation dont l’épaisseur variait selon la nature du sol. Les piédroits avaient une largeur égale, en principe, à celle du canal. Ils étaient formés intérieurement par un briquetage de 0,16 m d’épaisseur élevé jusqu’à la hauteur maximale de la veine d’eau soit 0,32 m à Eclaibes, 0,48 m. à St-Rémy surmonté par une maçonnerie de moellons taillés. Une maçonnerie de moellons bruts en formait les parois extérieures. Le canal était fermé par une dalle posée sur les piédroits. Le radier était fait de tuiles à rebord dont la largeur ne correspondait pas exactement à celle de la canalisation aussi les parois latérales furent dressées un peu en retrait et une partie des rebords forma judicieusement un bourrelet qui en protégeait les angles.

Seul le pied de Tongres a été employé ici. Bâtie selon des mesures simples et rigoureuses qui devaient en faciliter l’exécution, la canalisation atteste une maîtrise et un fini rarement constatés.

II. Le franchissement de la vallée de la Sambre


A 500 m du point 1 et à l’angle formé par les limites des parcelles 183, 184, 182, 315 (plan 243) l’aqueduc cessait de décrire une large courbe pour adopter un parcours rectiligne. Il sortait alors de terre, à cet endroit devait se trouver un petit bassin qui, tout à la fois, réglait la vitesse de l’eau, évacuait les crues et évitait un changement trop brusque de direction (comme celui de l’aqueduc de Metz, rive gauche de la Moselle). Au sortir de ce bassin, l’aqueduc était supporté par un long massif de soutènement encore en partie visible. Il s’agit d’un long mur dont nous trouvons les traces le long du sentier qui se dirige vers la rivière, sa largeur n’a pas encore été déterminée. Il devait mesurer environ 170 m. de longueur. Le plan 244 nous donne le nivellement du sommet des vestiges :

  • Près de la R. N. 359 :155,19
  • A 3 m de la limite de la parcelle 70 : 154,32
  • A l’extrémité ouest : 153,40.

Ce mur, en partie arasé, a encore par endroits une hauteur de un mètre, il n’en subsiste que le remplissage intérieur de pierres bleues tassées à la batte dans un bain de mortier blanc traversé par une arase de briques.

Il était prolongé vu la dénivellation par un massif à arcade de 130 m environ de longueur. 31 piles devaient probablement maintenir l’eau jusqu’au niveau convenable, seule la dernière a pu être dégagée. Elle est établie à 2,80 m de l’extrémité parementée du piédroit médian, dans le même axe. Une assise de pierres bleues bien taillées de 1,60 m sur 1,40 m faite de deux dalles ayant respectivement 0,30 m et 1,10 m de largeur supporte une maçonnerie parementée de moellons taillés de face rectangulaire disposée à 8 cm en retrait de chaque côté. Cette pile a une section rectangulaire de 1,44 x 1,24.

Niveaux de l’Aqueduc.
1°) Entre le point 1 et le petit bassin supposé

  • Distance entre ces deux point : 500 m.
  • Pente : 0,763 m/km (cf. supra.)
  • Niveau du radier au point 1 : 156,22
  • Niveau du radier du bassin : 155,83
    2°) A l’arrivée aux bassins de charge et de décantation :
  • Longueur du massif de soutènement : 170 + 130 = 300 m
  • Pente normalement plus faible soit 0,543 m/km (pente la plus faible relevée).
  • Niveau du radier : 155,65 environ.

Nous voyons donc que la dernière pile dégagée maintenait les eaux à plus de 7 m de hauteur puisque le niveau supérieur de sa fondation est à la côte 147,90. Ces petites piles devaient être bâties sans fruit, il semble que la largeur des soubassements a été calculée de manière à être égale à la moitié de l’ ouverture de la voûte supportée soit 2,80 : 2 = 1,40 m. Quant à la section de la pile, sa longueur est exactement la même que la largeur totale de la canalisation souterraine de l’aqueduc soit 1,44 m.

Bassins de charge et de décantation de l’aqueduc :
A – Présentation des vestiges (plan 244)
C’est à 2,80 m de la dernière pile dégagée, dans l’axe du mur de soutènement, que nous trouvons les ruines des soubassements des bassins de charge et de décantation de l’aqueduc. Ils sont formés au nord d’un massif de maçonnerie de 12,20 x 7,45 dont le sommet est arasé à la côte 149,25 contre lequel sont appuyés trois murs parallèles de 8 m x 1,85 m distants les uns des autres de 3.32 m. Ces murs sont parementés sur leur épaisseur ce qui laisse supposer que ce sont les vestiges des piédroits de deux voûtes qui supportaient les bassins. A l’ouest le piédroit 1 est arasé à la côte 148,91 le piédroit médian 2 est arasé à la cote 149,26 à l’est le piédroit 3 qui borde la parcelle N° 73 a son sommet actuel à la cote 148,80.

B – Interprétation des vestiges :

  • Niveau du sol bétonné entre les piédroits : 147,45
  • Sommet des vestiges : cote 149,26
  • Ouverture des voûtes : 3,32 m environ
  • Largeur des piédroits : 1,85 m

Nous pouvons supposer que la flèche des voûtes était égale à la moitié de l’ouverture soit 1,66 m. La hauteur totale sous arc serait égale à l’ouverture augmentée de la flèche, soit 3,32 m + 1,66 m = 4,98 m. Le niveau de la clef de voûte serait ainsi à la cote 147,45 + 4,98 = 152,43 m.

Le radier des bassins aurait été approximativement à la cote 153,20, la hauteur d’eau supportée aurait été de l’ordre de 3 m puisque le niveau supérieur de l’eau à l’ arrivée aux bassins était à la cote 156,13 (niveau du radier 155,65 + hauteur maximale de la veine d’eau, soit 0,48 m).

Nous pensons d’après la disposition des vestiges, que ces deux voûtes supportaient deux bassins rectangulaires parallèles, ils auraient eu chacun une largeur de 3,20 m environ et une longueur intérieure de 6,15 m.

Ces bassins auraient permis une double répartition de l’eau et par là une décantation plus grande, il était aussi plus aisé, dans ce cas, de procéder à la réparation de l’un d’entre eux sans arrêter pour autant l’écoulement de l’eau (pour la même raison, des conduites doubles avaient été aménagées sur le pont-aqueduc de Metz).

Des bondes de vidange devaient être placées dans le fond des réservoirs à cet effet, la stratigraphie des espaces compris entre les piédroits montre des couches de dépôts boueux qui ne peuvent provenir que des impuretés évacuées car elles n’ont pas été reconnues à l’extérieur des soubassements, elles ne peuvent donc pas provenir du dépôt de l’eau de ruissellement. D’ailleurs les eaux captées dans la région d’Eclaibes n’étaient que très faiblement calcaires mais assez limoneuses.

Les eaux, une fois épurées, se déversaient dans un réservoir supporté par un énorme bloc de maçonnerie, ce réservoir formait le bassin de charge de l’aqueduc. Un plan incliné adossé contre lui portait les canalisations de plomb qu’empruntait l’eau pour traverser la dépression de la vallée.

La disposition de ce système est peu commune. On comprend mal pourquoi l’ingénieur romain décida d’établir le dispositif à cet endroit, en l’implantant à une cote plus élevée on pouvait pratiquement supprimer les énormes soubassements qui furent nécessaires pour maintenir à cet endroit l’eau au niveau voulu. Tout se passe comme si l’ingénieur avait adopté en élévation le plan des citernes superposées, mais vu le débit moyen de l’aqueduc, il n’utilisa que l’étage supérieur pour y disposer des bassins échelonnés et réserva la partie inférieure pour une autre utilisation : l’évacuation des dépôts.

Coupe stratigraphique du sol compris entre l’extrémité parementée du piédroit médian et la base de la dernière pile du massif de soutènement.

Coupe transversale dans l’axe des vestiges.

Nous trouvons au niveau inférieur une couche bétonnée au mortier blanc (E) qui recouvre le soubassement de la pile jusqu’ à la cote 147,82 et le parement du piédroit jusqu’à la cote 147,52.

Une couche de béton (A) tapisse l’extrémité du piédroit 2, sa partie supérieure est à la cote 147,97, elle a 0,80 m. environ d’épaisseur. Elle est faite de pierrailles, de moellons taillés, de plaquettes de revêtement en opus signinum, de fragments de tuiles, de concrétions calcaires qui proviennent du dépôt de l’eau, noyés dans un bain de mortier terreux fort résistant. Nous trouvons la même couche à la base de la pile, elle en recouvre le soubassement ainsi que les vestiges de la maçonnerie qu’il supporte. Elle forme un bourrelet qui déborde du soubassement sur une largeur de 0,20 m.

Cette couche atteste une réfection de l’ ouvrage, elle prolonge les couches A et A’ qui occupent la partie supérieure des sols entre les piédroits (cf. infra).

La couche (L) se signale surtout par sa teinte noire due au charbon de bois qu’elle contient. D’une épaisseur de 0,10 m., elle s’étend au-dessus de la couche bétonnée (L). De plus, lorsque la couche (A) déborde sur la couche (E) une mince couche de charbon de bois les sépare.

Elle est constituée par du charbon de bois, par de l’argile, par du sable de fonderie, par des grains de mortier désagrégé. Elle contient une grande quantité de petits fragments de poteries, des scories vitrifiées que nous trouvons à tous les niveaux, des morceaux de plomb fondu.

Cette couche a été reconnue tout le long de l’extérieur du piédroit 3 (cf. infra). Les poteries qu’elle livre ont été brisées en menus fragments et éparpillées sur toute la surface aussi, nous n’en donnerons pas cette année l’inventaire, car chaque semaine de nouveaux débris viennent les compléter. Parfois elles présentent un grand état d’usure comme si, provenant d’une occupation plus ancienne, elles avaient été réutilisées pour amaigrir un revêtement d’argile. En règle générale, les types se rattachent à la période Tibère – Vespasien.

La couche (M) qui la recouvre est le témoin d’une réfection. Elle a livré des fragments peu nombreux de poteries, de beaux moreaux de garnissage vitrifiés, des débris de drains à collerette vitrifiés et déformés sous l’action de la chaleur qui ont peut-être été utilisés comme tuyère. Seule cette couche, reconnue elle aussi à l’extérieur du piédroit, a livré ces débris.

Enfin une couche de terre arable et de démolitions modernes recouvre la précédente sur une épaisseur de 0,40 m.

Coupe des espaces compris entre les piédroits 1 et 3 :

Entre les piédroits 1 et 2.
Niveau 147,45 : couche bétonnée au mortier blanc (E). Elle est assise sur un profond soubassement de moellons bruts noyés dans un bain de mortier blanc. Nous l’avons reconnue dans une tranchée qui avait été pratiquée, probablement au siècle dernier, le long du bloc de maçonnerie et qui était comblée par des démolitions. Nous sommes ainsi, descendus à près de l,50 m en contrebas de la couche bétonnée, nous n’avons pas encore rencontré le sol vierge.

  • De 147,45 à 147,60 : couche d’argile compacte (D).
  • De 147,60 à 147,67 : couche bétonnée avec quelques tuileaux (C).
  • De 147,67 à 147,78 : couche d’argile compacte (B).
  • De 147,78 à 148,05 : (niveau supérieur du parement qui subsiste sur cette face du piédroit 2) couche bétonnée (A).

La partie inférieure de cette couche de 147,78 à 147,82 est formée d’un fin tuileau qui recouvre sur une épaisseur égale le parement du piédroit 2 du niveau 147,78 au niveau 148,05.

Le reste de la couche est formé de matériaux divers bétonnés dans un bain de mortier terreux. Il s’agit de moellons bruts, de moellons taillés, de fragments de tuiles, de plaquettes de revêtement couvertes de concrétions calcaires. On y trouve aussi des concrétions calcaires fortement feuilletées dont l’épaisseur peut atteindre 0,02 m ainsi que des stalactites de 0,08 m de longueur et de 0,02 d’ épaisseur.
Il s’agit donc de matériaux qui proviennent pour une part du fond des bassins
(opus signinum avec dépôt calcaire), pour une autre part de l’intrados de la voûte (moellons et stalactites). De plus, le parement de cette face du piédroit 2 est recouverte du niveau 148,05 au niveau 147,78 d’une couche de concrétions calcaires dont l’épaisseur peut atteindre 0,02 contre laquelle cette couche de matériaux a été appliquée.
Il ne fait, dès lors, plus de doute que cette couche de calcaire, provient de l’infiltration de l’eau qui, suintant à travers l’intrados de la voûte, s’écoulait le long de cette face du piédroit 2, les stalactites auraient tapissé l’intrados de la voûte.

La couche (A) atteste donc une réfection de l’ouvrage. Nous y avons trouvé de nombreux tessons de poteries, des clous, des fragments de plomb. Un morceau de perle de collier ronde en gré bleu, un grand bronze de Trajan dont l’avers représente la tête de l’empereur ceinte d’un bandeau et portant l’inscription (T) Raianoavggerda (C) et dont le revers est fruste.

Entre les piédroits 2 et 3.
Niveau 147,34 : couche bétonnée recouverte d’un cailloutis d’une épaisseur de 0,06 m (E’):
De 147,40 à 147,47 : couche d’argile compacte (D’)·
De 147,47 à 147,64 : couche bétonnée avec quelques tuileaux (C’).
De 147,74 à 147,91 : couche d’argile compacte (B’).
De 147,91 à 147,95 : couche de charbon de bois mêlé à de la terre.
De 147,95 à 148,01 (niveau supérieur du revêtement de cette face du piédroit 3 (couche semblable à la couche (A).
Le parement de cette face du piédroit 3 est recouvert d’un dépôt calcaire du niveau 147,91 au niveau 148,01.

Conclusions :
1°) Niveau primitif du sol entre les piédroits :
Couche bétonnée dont le niveau supérieur est à la cote 147,45 (E – E’).
2°) Première couche de réfection :
Couche de béton dont le niveau supérieur est à la cote 147,67 entre les piédroits 1 et 2 et à la cote 147,74 entre les piédroits 2 et 3. Réfection peu importante (C-C’).
3°) Deuxième couche de réfection :
Couches récentes bétonnées qui attestent une réparation importante. La longueur et l’épaisseur des stalactites indiquent qu’un long moment s’est écoulé entre la période de construction et celle de la réparation.
4°) Couches d’argile :
Les couches d’argile doivent provenir de l’évacuation des boues décantées dans les bassins.

Ainsi progressivement, jusqu’à la cote 148 environ, une partie des faces parementées des piédroits se trouvèrent-elles recouvertes. Ces parements d’excellente facture présentent des joints évidés et repris au mortier rose. Un tel soin apporté à la construction atteste que ces parties basses étaient primitivement aériennes.

Le plan incliné :
Accolé au bloc de maçonnerie qui supportait le bassin de charge de l’aqueduc, dans l’ axe du piédroit médian, nous trouvons un massif fort ruiné visible sur une vingtaine de mètres :

  • Nivellement des vestiges.
  • A 7,60 m du bloc de maçonnerie : 147,42
  • A 5 m du point précédent : 147, 16
  • A 17,60 m du bloc de maçonnerie : 145,02

Nous avons ouvert deux tranchées de part et d’autre de ce massif à 14 m du bloc de maçonnerie. Sa largeur a pu être déterminée : 2,70 m. Nous avons pu constater qu’il était formé d’un blocage de moellons bruts noyés dans un mortier blanc, sans parement. Les faces latérales sont simplement égalisées grossièrement par une couche de mortier.

Les deux tranchées pratiquées descendaient à 0,90 m du sol actuel. On trouvait en surface une couche de remblais modernes de 0,20 m d’épaisseur et en dessous de l’argile remuée. Ce massif est donc bâti d’une manière différente, de plus il vient s’accoler contre le parement du bloc de maçonnerie ce qui laisserait supposer une réfection de l’ouvrage.

Relevé des soubassements des piles du pont aqueduc :

A 4,80 m de l’extrémité visible du plan incliné, dans le même axe, nous trouvons dans le sol la base de la première pile du pont.
Nous en avons dégagé 8 dans les parcelles 76, 74, 73, la ligne de chemin de fer Hautmont Aulnoye a interrompu nos recherches.

Le plan 244 nous donne le niveau de ces piles à leur base. Elles ont 3 m environ de largeur sur 4,80 m environ de longueur, l’ouverture serait de 6 m, on peut constater que la section de leur base a été calculée de façon que la largeur soit égale à la moitié de l’ouverture cf. supra, leur longueur est établie en fonction de la largeur de la partie supérieure des arches supportées.

Sondages dans les prairies qui bordent la Sambre :

De l’autre côté du chemin de fer, nous n’avons trouvé aucune trace du pont aqueduc. Pierard signalait pourtant, au siècle dernier, la présence de nombreux vestiges à cet endroit.

Si nous regardons le plan 214, nous voyons que la parcelle 289 qui matérialise en partie le tracé du pont sur la rive gauche de la Sambre forme un coude à proximité de la rivière. Dans cet axe, nous avons pu remarquer que la rive droite présentait un empierrement qui interrompait le banc d’argile de la berge. Il s’agit, selon toute vraisemblance, de la fondation de la pile établie sur la rive droite que Minon frères ont soigneusement décrite dans Hautmont et son abbaye.

Le pont franchissait donc perpendiculairement la rivière pour offrir moins de résistance au courant. De plus, la pile était établie de manière à laisser la rive gauche libre pour la navigation.

En principe, le tracé du pont sur la rive droite devrait être comparable mais un fait nouveau intervient : la présence à cet endroit d’une exploitation de minerai de fer.

Nous avions pressenti en 1963 que le tracé du pont avait dû être dévié en raison des puits d’extraction du minerai qui se trouvaient en bordure de la Sambre. L’étude que nous avons entreprise cette année sur la ferrière gallo-romaine vient confirmer notre hypothèse. Dans l’axe du pont aqueduc deux dépressions localisent grossièrement les anciens puits. Nous ne savons pas pour le moment comment cette difficulté a été vaincue, seule une fouille pratiquée à cet endroit nous apporterait des renseignements à la fois sur cet établissement sidérurgique et sur le tracé du pont (1).
Revue d’Histoire de la Sidérurgie Tome VI – 1905 J. L. Boucly – Découverte de traces d’exploitation de minerai de fer à l’époque galle romaine sur le territoire de la commune de St-Rémv.

III. Inventaire des poteries retrouvées dans le secteur des bassins de charge et de décantation.

(non retranscrit dans ce texte)


Remarques générales
Les poteries trouvées à ces endroits sont peu nombreuses. Généralement il ne s’agit que de quelques tessons. Seule la couche A présentait, mêlée au béton, des poteries brisées dont certaines ont pu être reconstituées presque entièrement. Les tessons sont de types différents de ceux exhumés à l’ extérieur des soubassements.

IV. Eléments d’une chronologie


Albert Grenier, dans son manuel d’archéologie, quatrième partie « Les monuments des eaux » range l’aqueduc de Bavay parmi les constructions de l’époque des Antonins : « Les indications qui nous ont été données sur les Tournelles du Vieux-Mesnil le datent du IIe siècle … Ces grands ouvrages appartiennent à la grande période de la prospérité du temps des Antonins » .
Le défaut de cette méthode est manifeste : constater que l’ouvrage de Vieux-Mesnil est une construction de l’époque des Antonins et en conclure que l’aqueduc de Bavay date du IIe siècle c’est généraliser des conclusions qui, dans le cas donné, ne peuvent être que particulières.
Sans tenter pour l’instant de résoudre cet important problème, nous nous proposons de relever les éléments qui nous paraissent susceptibles de l’élucider.

Détails sur le mode de construction de l’ouvrage.
A – Hétérogénéité des constructions :
pour fragmentaires que soient encore les études entreprises sur les principaux ouvrages d’art qui jalonnent le parcours de l’aqueduc, nous pouvons néanmoins affirmer qu’ils attestent des techniques différentes de construction et, partant, des traces de réfections.

  • Pont-aqueduc de Vieux-Mesnil.
    Petit appareil traversé régulièrement par des arases de briques rapprochées. Si actuellement seuls les vestiges situés le long de la C.D. 307 sont visibles (ils ont encore 3 arases de 0,18 m de hauteur disposées à 0,25 m d’intervalle), au XVIIIe siècle Heylen constatait (1) que les 42 piles qui subsistaient étaient « .. .faites de rangs alternés de briques et de moellons ».
    (1) Dissertatio de antiquis romanorum monumentis 1782. Mémoires de l’Acadérnie de Bruxelles. Tome IV. 1783.
  • Pont-aqueduc de la Braquenière à Mont Dourlers.
    Il n’en reste qu’un mur de soutènement fort ruiné dégarni de son parement. Le blocage est fait de pierrailles bétonnées dans un bain de mortier blanchâtre, sans trace de brique.
  • Pont-aqueduc de Saint Rémy.
    Il s’agit d’un ouvrage à la fois grandiose et complexe qui peut, lui aussi, avoir été réparé ou remanié, de plus son étude est loin d’être achevée.
    Les vestiges visibles dans la prairie Corbeau à Boussières sont comparables à ceux de Dourlers, la brique n’entre pas dans la construction.

Les piles du pont ne sont connues que par la description qu’en donne Charles Houzeau de Lehaie, elles étaient faites en « moellons taillés régulièrement ».

  • Vestiges des soubassements des bassins de charge et de décantation établis sur la rive droite.

Blocage intérieur fait de lits de moellons bruts d’une épaisseur de 0,36 m séparés par des lits de tuffeaux de 0,18 m de hauteur, moellons et tuffeaux sont noyés dans un bain de mortier blanc. Il est à noter que ces couches de tuf sont disposées à intervalles réguliers de la même manière que les lits de briques dans un appareil à arase, ils ont en plus la même épaisseur.

I1 est traversé un peu au-dessus du niveau du sol par une arase de briques de 0, 18m environ d’ épaisseur dont le sommet est à la cote 147,64 dans le piédroit 1. Elle est formée de fragments de tuiles et de briques (probablement des déchets qui subsistaient après la construction du canal maçonné) disposés en 3 lits superposés et noyés dans un bain de mortier rose d’une épaisseur égale à celle des tuileaux.

Les vestiges qui ont encore par endroits une hauteur de près de 3 m ne présentent que cette seule arase. Employée seulement en raison de son utilité, elle renforçait la, solidité de l’ouvrage, empêchait l’humidité du sol de pénétrer dans le corps des murs. Le blocage ainsi que l’arase étaient recouverts par un parement de moellons taillés disposés en rangs alternés, ce sont des moellons de calcaire bleu piqués, de face rectangulaire de 12 cm sur 8 cm avec une queue en pointe de 20 cm. Nous remarquerons que les lits taillés avec soin sont nivelés par une couche de grains ovoïdes calibrés de briques et de grès vert. Les joints ont une épaisseur inférieure ou égale à 1 cm. Ils ont été évidés puis repris au mortier rose. Généralement le premier rang de moellons, au niveau supérieur de la fondation, est plus grossier, la photo 5 illustre bien cette remarque.

  • Débris des voûtes et des réservoirs.
    Nous avons trouvé dans les couches de démolitions des fragments de revêtement en opus signinum qui devait recouvrir les parois intérieures des bassins. Des pierres blanches de tuf sciés en moellons qui ont la forme de parallélépipèdes rectangles ne peuvent provenir que de l’intrados des voûtes effondrées. Vitruve, chapitre 6, livre 3, mentionne cette variété de pierres employée pour sa robustesse « … In Venetia albus, quod etiam serra dentata uti lignun secatur … Tiburina vero et quae eodem genere sunt omnia sufferunt et ab oneribus et a ternpestatibus injurias ».
  • Vestiges du plan incliné.
    Long massif fort ruiné en opus incertum formé de petits blocs de calcaire bleu grossièrement taillés maintenus par un mortier blanchâtre. Les faces latérales sont recouvertes, dans le sol, d’une couche de mortier terreux qui les égalise grossièrement. Il vient s’accoler contre le parement des soubassements du bassin de charge ce qui pourrait indiquer qu’il ne fut pas bâti à la même époque. Un fragment de Tornaco-bavaisienne a été trouvé au niveau de sa fondation, c’est le seul que nous ayons récolté.

B – L’opus latéricium :
Les conduits souterrains de l’aqueduc de Bavay qui ont été étudiés (branche d’Eclaibes tronçons du collecteur à Bachant, St Rémy, Boussières, conduit secondaire à Bavay (2) attestent une unité de construction. Seules les parties relevées à Bavay par M. le Chanoine Biévelet et à Dourlers par Chevalier sont conçues différemment (Il faut toutefois se défier des descriptions de l’aqueduc de Floursies données par Chevalier, le revêtement intérieur du conduit, s’il était tel qu’il nous le dit, aurait été d’une fragilité extrême et n’aurait pas pu résister à la force du courant d’eau, vu les pentes fortes du conduit. De plus, le frottement, qu’il importe de réduire au maximum, aurait été plus grand dans ce cas).

Les parois latérales du conduit sont bâties intérieurement en opus latericium selon une technique originale. Des briques carrées de 27 cm de côté et de 4 cm environ d’épaisseur présentaient des rainures larges de un cm et profondes de un cm, pratiquées selon les diagonales avant cuisson de façon que le maçon puisse les casser en quarts de briques triangulaires. Ces quarts de briques étaient alors maçonnés en lits superposés, la pointe, tournée vers l’extérieur du conduit et le champ lisse vers l’intérieur, le frottement était ainsi réduit au maximum et les pointes alternées permettaient au mortier d’y adhérer plus solidement. De plus, tous les champs lisses des briques se trouvaient dans ce cas utilisés.

Nous remarquerons que cette technique habile semble avoir été employée uniquement pour la construction des conduits des aqueducs, elle est, de plus, fort peu répandue (seuls les aqueducs de Metz et de Bavay l’attestent, encore qu’à Metz elle soit rarement employée).

De telles briques ont été trouvées au siècle dernier au bois du Quesnoy à Hautmont par Pierart (3) qui mentionne que  » des alignements considérables de tombeaux y furent découverts « . Ces tombes étaient faites soit de  » grands saloirs  » enterrés soit de caveaux dont le fond était pavé de  » carreaux triangulaires « , et à Ecuélin en 1880 .
Cette dernière découverte est restée ignorée. Nous en avons recueilli la relation aux archives de la Mairie d’Ecuélin dans  » le livre tenu à la Mairie pour l’inscription des faits et évènements mémorables « . En 1880 en creusant la citerne de la maison d’école sur un coin du cimetière, on a découvert deux sépultures gallo-romaines pavées en carreaux triangulaires tout à fait semblables à ceux de l’aqueduc qui conduisait à Bavay l’eau de la fontaine de Floursies, les parois étaient en moellons, le dessus en grosses pierres quadragulaires « .

On pourrait peut-être comparer ce mode de construction à celui employé pour les colonnes en opus latericium, là le blocage est parementé de briques taillées en portion de cercle. Les fouilles récentes d’ Aléria en offrent un bel exemple.
(2) Op. cit. Egouts et Aqueducs Bavaisiens.
(3) Excursions Arch. et Hist. Avesnes, 1862.

  • Renseignements apportés par la stratigraphie.
    La stratigraphie des espaces compris entre les piédroits nous montre que le sol bétonné (E – E’) est recouvert par quatre strates dont la plus récente (A – A’) peut être datée du IIème siècle par les tessons qu’elle a livrés.
    Un long moment a dû s’écouler entre la période de construction et la réfection dont témoignent les couches A et A’ car des stalactites de 8 cm de longueur et de 2 cm d’épaisseur ont pu se former entre temps à la surface des voûtes et une couche de calcaire de 2 cm d’épaisseur tapisse les faces parementées des piédroits.
    Les coupes effectuées à l’ extérieur des piédroits, si elles ne peuvent pas pour le moment être interprétées sans risques d’erreurs, prouvent pourtant que les couches les plus basses sont riches en tessons du second au troisième quart du premier siècle.

V. Sondages à l’extérieur du piédroit 3, le long de la parcelle,

En dégageant l’extérieur du piédroit 3 à 0,40 m de son extrémité parementée, nous rencontrâmes une couche de sable maigre de fonderie qui recouvrait une surface bétonnée.

Poursuivant nos recherches, nous mîmes à jour l’un de ses bords de 1 ,80 m de longueur disposé à 0,65 m du piédroit, parallèlement à lui. Avec l’aide de MM. Vaillant, Boulanger, Barbier nous dégageâmes une dalle bétonnée rectangulaire de 2,40 m sur 1,80 m faite de petits éclats de pierre bleue noyés dans un mortier blanc, bâtie dans l’argile vierge à un niveau très bas, approximativement celui de la fondation non parementée du piédroit.

Nivellement de l’aire bétonnée :

Le plan 261 donne les niveaux sur deux des côtés de cette dalle. On constate qu’elle n’est pas plane (niveaux variant de 147,16 à 147,06) sans qu’il soit possible de dire si les différences de niveau qu’elle présente ont été voulues ou occasionnées par des tassements du terrain sous l’effet des charges supportées.

Toute l’aire bétonnée était recouverte d’une couche de sable maigre de fonderie formant un garnissage compact de 0,20 m environ d’épaisseur dans lequel nous trouvâmes quelques poteries brisées.

A l’extrémité nord-est nous dégageâmes une goulotte de pierres jointives formant un canal de 1,60 m environ de longueur sur 0,20 m de largeur intérieure. Elle était comblée en surface par des démolitions puis par une couche de charbon de bois, le fond, constitué par des pierres et des briques taillées en pointe et posées à plat, dont quelques-unes étaient encore en place, était recouvert par une mince couche de mortier rose désagrégé et de sable fort brûlé dans lequel nous trouvâmes un fragment de plomb fondu, la hauteur du canal est de 0,10 m environ. Il est établi dans le sable de fonderie et son sommet n’en émerge que de quelques centimètres.

Les niveaux du dessus des pierres des parois varient entre 147,35 et 147,29, alors que le fond du canal, au débouché sur la dalle est à 147,25 environ. Il est impossible de donner sa pente.

Coupe stratigraphique :

Toute la couche de sable de fonderie était recouverte, sur une épaisseur de 0,10 m environ, de charbon de bois, de pierrailles, de fragments de poteries, le tout formant une couche homogène (L) que nous avions déjà rencontré à l’extrémité parementée du piédroit médian. Dans l’angle N.O, la couche de charbon de bois était interrompue par un sol bétonné au mortier rose de 0,02 m d’ épaisseur. Elle recouvrait le garnissage de sable maigre sur une largeur de 0,30 m et sur une longueur de 0.40 m environ.

Une couche de démolitions de l’époque romaine s’étendait au dessus, sur toute la surface, (M), reconnue, elle aussi, à l’extrémité parementée du piédroit médian. Enfin une couche de terres rapportées et de décombres modernes (H) recouvrait le tout.

Une fois l’aire bétonnée et la goulotte dégagées nous décidâmes de poursuivre la fouille jusqu’ à la limite de la parcelle 73 (plan n° 244)

En dessous de la couche superficielle de terre arabe (H) nous rencontrâmes un amas de moellons taillés et des pierrailles ainsi qu’un dépôt de maçonnerie désagrégée qui contenait un grande quantité de petites pierres de calcaire noir fort usées et arrondies en galets, des morceaux de briques qui présentaient le même aspect. Souvent de tels dépôts sont signalés à proximité des bassins de décantation, ils proviennent par le courant d’eau. Nous enlevâmes donc cette couche de décombres (M). Apparut en dessous une mince couche de charbon de bois, discontinue (L), Qui recouvrait un sol légèrement incliné vers la goulotte. Nous trouvâmes à sa surface une grande brique carrée en partie cassée de 0,50 m environ de côté, contre laquelle avaient été disposés de grands fragments d’un dolium. Des tessons de ce vase furent recueillis sur toute la couche.

Nous ne sommes pas descendus plus bas. Ce sol paraissait fait de pierrailles tassées dans un mélange de sable et d’argile. Nous proposons de l’étudier plus en détail dès que les terrains seront acquis.

A l’extrémité de la goulotte nous n’ avons pas trouvé de trace d’un dispositif de fonte. La même couche de décombres (M) recouvrait un mélange d’argile et de sable.

Interprétation des vestiges :
Il semble que nous soyons en présence d’un dispositif qui permettait la fabrication de lames de plomb nécessaires à la confection des tuyaux.

Nous avions déjà trouvé l’an dernier quelques déchets de coulée de plomb presque pur ainsi que des morceaux de soudure qui contenait 27.80 % de Sb et 6, % de Pb. Cette année d’ autres fragments ont été recueillis à la surface du sable de fonderie et dans la couche de charbon de bois qui la recouvrait..

Fondu sans doute dans un dispositif fort simple que nous n’avons pas retrouvé, le métal s’écoulait par la goulotte qui devait être garnie d’un revêtement de sable maigre et se répandait sur le garnissage de l’aire bétonnée. plusieurs feuilles devaient y être fondues à la fois. Il suffisait pour cela de creuser dans le sable autant de moules séparés par des bourrelets.

La longueur des feuilles de plomb ainsi fondues ne pouvait être que de 2,40 m au maximum. Elle était même probablement plus petite puisque la goulotte est en partie bâtie au-dessus de l’aire bétonnée.

Cette dimension ne correspond pas à celle qu’indique Vitruve, pas moins de dix pieds de longueur. Nous remarquerons toutefois que Frontin et Vitruve ne parlent que des tuyaux calibrés utilisés pour les adductions particulières et ne nous renseignent pas sur ceux employés dans les siphons.

St Rémy du Nord Novembre 1964