« LA FONTAINE ROUGE » : (Journal de Fourmies 08/10/1938)
« Au moment où il est question de construire un établissement thermal à « La Fontaine Rouge », il paraîtra sans doute intéressant d’avoir quelques renseignements sur cette source ferrugineuse et de savoir que le projet d’en utiliser les eaux au point de vue thérapeutique, date de 1750.
La Fontaine Rouge est située à l’extrémité sud du territoire de Féron, commune qui tire son nom du celtique « fer » et de « on », eau, ruisseau.
Les eaux de Féron, si leur analyse était publiée, ne manqueraient pas sans doute d’acquérir une réputation analogue à celle des sources ferrugineuses les plus célèbres et d’attirer dans cette localité une foule de malades.
Un mémoire manuscrit, daté de 1750 et fait par M. l’abbé de Faussabry, en donne la description suivante:
Elle sort d’une prairie isolée au bas d’une petite hauteur, elle se décharge dans un petit ruisseau à eau douce, lequel prend sa source à cinquante toises plus haut. Cette fontaine minérale est très abondante et fournit avec véhémence et à égal volume, sans discontinuation, cinq pouces cubes, qui est une dépense d’eau capable de faire tourner un moulin. Cette eau est d’un goût ferrugineux, tirant sur l’acidulé, très actif, agréable à boire et sans odeur. Elle dépose sur toutes les matières une rouille épaisse.
L’eau de la Fontaine Rouge et la boue qui l’environne ont été analysées plu- .Meurs fois par des médecins célèbres et par des chimistes vers 1750; elles le furent sous les yeux du docteur Raullin, médecin et Inspecteur, des eaux minérales du Hainaut et, il y a quelques années par M. A. Tordeux, d’Avesnes, dont le rapport figure dans les annales de Chimie, tome 72.
On trouve aussi d’intéressants détails sur ces eaux dans un mémoire publié en 1811, à Paris, par M. Bovulon-Lagrange: L’eau en sortant de terre soulève un gravier fin. Elle est limpide, inodore et a une saveur un peu ferrugineuse. A commencer à un pied et demi de sa source, tous les corps qu’elle rouille sont recouverts d’un dépôt âcreux tenu d’abord en dissolution par l’acide carbonique qui se dégageant quand il arrive à la surface de la terre, laisse déposer des matières qu’il tenait disssoutes…
Quoique l’usage de cette eau minérale fût en vogue depuis de longues années et qu’on en vint chercher de l’intérieur de la France, cette fontaine a été négligée jusqu’en 1769, date à laquelle, M. de Faussabry la fit arranger pour en rendre l’accès plus facile. Ce subdélégué présenta plusieurs projets à MM. les intendants et à la Cour… mais en vain.
Il résulte de plusieurs expériences que cette fontaine minérale a beaucoup de propriété semblables à celles du Mont- Dore en Auvergne, et qu’elle a la même analogie que les eaux de Spa, quoique dans un degré de vente supérieur » .
La lecture du cadastre de Féron de 1885 nous apprend que la fontaine de la Roche donne naissance à un petit ruisseau qui traverse Féron et qui va se jeter dans la rivière de l’Helpe Mineure (rivière du Pont de Sains de nos jours). Il y a également de nos jours un étang qui n’existait pas à l’époque alimenté par un ruisseau provenant du hameau de Couplevoie à Glageon.