Saint-Aubin, enfoui dans la verdure, est un petit village ravissant. Il possède un passé riche et mérite une visite.
Jadis, Saint-Aubin était sous la dépendance de l’abbaye d’Hautmont. La Ferme de la Dîme servait à la culture des terres monacales et à la perception des redevances. Les seigneurs d’Avesnes y possédaient un manoir féodal appelé aujourd’hui la Cense du Temple.
En 1789,le curé Besse fut élu par le clergé député aux États Généraux. Il prit l’initiative d’un front commun du petit clergé avec le Tiers Etat. Besse se maria mais se réconcilia avec l’église à sa mort en 1821.
Les révolutionnaires se livrèrent aux pires excès dans le village, l’un d’eux prit le ciboire, donna les hosties aux chiens, pissa dans le calice, détruisit à la hache les statues des saints pour allumer le four de la boulangerie.
Plus tard le village fit partie du Sart de Dourlers.
Jadis : une brasserie, deux forges de maréchal, une fabrique de chaînes, deux moulins à eaux, deux fours à chaux, une carrière de pierres.
Quelques filons non exploités de minerai de fer.
La tour de 21 m de haut, dont le dessous sert de porche, est de forme carrée, en maçonnerie massive, de plus d’un mètre d’épaisseur. Elle a été disposée pour la défense du village, ainsi que le cimetière dont les abords étaient fortifiés.
Le clocher date de 1500. Selon une date que l’on voyait, avant la restauration de l’église, dans le mur du choeur, l’édifice aurait été construit vers 1450, du moins quant à la nef principale et au transept. Les collatéraux sont d’une date postérieure.
Dans le cimetière se trouve une chapelle en forme d’hémicycle. A l’intérieur se dresse un autel sur lequel est placé un Christ aux liens, colorié, du XVI e siècle, rappelant celui de Sémeries.
Une nef de trois travées se poursuit par un transept bas et un choeur droit. Un décapage a mis à nu les pierres des piles de la nef. Au dessus se maintient un décor plâtré qui doit dater de la fin du XIX e siècle. Au dessus des arcs brisés de la nef, on distingue les anciennes fenêtres hautes bouchées. L’ensemble est couvert d’un lambris.
Le Chœur, extérieurement est en briques. Les boiseries du choeur datent de 1898 et l’autel de style néogothique de 1883. Les nervures et les clefs de voûtes sont en bois sculpté. A l’intérieur le plafonnage a malheureusement fait perdre à l’édifice tout son cachet d’ancienneté.
La statue placée dans la niche est la statue de Saint Alban. Elle représente un homme jeune, barbu, vêtu d’une tunique et d’un manteau, tenant d’une main un crucifix et de l’autre la palme que l’on donne habituellement aux martyrs.
Alban est le prénom porté par plusieurs saints : St Albin (Aubin) d’Angers (Évêque d’Angers de 529 à 554), St Alban de Namur martyrisé par les Vandales près de Mayence en 406, et surtout le plus connu St Alban de Vérulam, promartyr d’Angleterre, décapité vers 303. Ce dernier est à l’origine de la ville de Saint-Albans près de Londres. La fête fêtée à Saint-Aubin, le 22 juin, correspond aux fêtes des saints de Namur et d’Angleterre alors que l’évêque d’Angers se fête le 1er mars.
Le chemin de croix constitué de quatorze stations a été restauré en 2022 par Alain Gueudet, artiste peintre de Maubeuge, le financement étant assuré par l’association « le Club des vieilles pierres ».
Le porche abrite plusieurs belles tombes de curés et de mayeurs de Saint-Aubin des XVII e et XVIII e siècles.
Un seul vitrail attire notre attention. Daté de 1899, il représente le Christ et les petits enfants avec, en insertion dans la partie basse, un médaillon photographique représentant une petite fille, Madeleine Pierrart, certainement décédée. Le maître-verrier est Henri Chabin qui a réalisé de nombreux vitraux en Ile-de-France (Bois-Colombes, Bièvres, etc), à Paris (églises Saint-François de Sales, Saint-leu-Saint-Gilles, du Saint Esprit) et en Bourgogne. Il avait son adresse boulevard d’Enfer à Paris et ne semble pas avoir beaucoup travaillé dans le Nord.
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La commune de Saint-Aubin a fait démolir l’ancienne salle des fêtes et en a fait construire une nouvelle sur une partie de l’ancienne école, qui avait fermé ses portes en 2003. Le nouveau bâtiment inauguré en décembre 2014 est à la hauteur des espérances : beau et fonctionnel. Il est destiné aux cérémonies, aux animations, aux actions menées avec l’intercommunalité, voire aux événements familiaux puisqu’il est proposé à la location.
Le monument modeste est un petit obélisque de pierre bleue, installé dans un espace carré de 3 m de côté entouré d’une grille actuellement peinte de rouge et de 4 piliers-obus de pierre bleue reliés par une chaîne. Sur une face de l’obélisque, un médaillon de bronze avec le profil d’un soldat casqué, en dessous la sculpture d’une épée et d’un rameau de chêne.
La grille a disparu et a été remplacée par quatre bornes en pierre reliées par une chaîne. (juillet 2016) Source : Université Lille 3
Saint-Aubin fut riche de deux moulins alimenté par le ruisseau de la Tarsy : l’un banal déjà mentionné en 1241 et l’autre dit « Le Petit Moulin » construit pendant la Révolution.
Le moulin banal :
Le Petit Moulin :
Retrouvez sur mon site l’histoire complète de ces deux moulins.
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Vers 1900 il y avait au hameau « les Bodelez » une brasserie dirigée par Blanche Sérouart, accompagnée de son père Hubert. Blanche se maria en 1906 avec Henri Drouin et la brasserie Drouin Sérouart eut une activité jusqu’en 1914.
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LA CENSE DU TEMPLE :
La cense du Temple est le vestige d’un manoir féodal bâti au début du XII e siècle, conformément aux ordres de Gauthier II, seigneur d’Avesnes. Le manoir abrita ses descendants, puis ceux-ci furent remplacés d’abord par les Templiers, puis les Chevaliers de Rhodes, devenus Chevaliers de Malte et enfin par des cultivateurs.
Elle subit au cours des siècles des transformations successives convertissant cette maison seigneuriale en cense. En 1729, il est mentionné (ADN C 10426) que la Cense du Temple est une dépendance de la commanderie de Puiseux-en-Laonnois, actuel Puisieux, sur la commune de Chambry, au nord de Laon. Les Ravaux en furent les fermiers de père en fils. A la Révolution, la cense qui appartenait toujours aux chevaliers de Malte, fut déclarée bien national. Soumissionnées par la commune de Saint-Aubin, les propriétés qui la composaient furent accordées par l’Assemblée Nationale, le 6 janvier 1791, pour le prix de 13230 livres. Elles furent ensuite revendues à divers acquéreurs.
En 1912, le corps de bâtiment de la ferme était décrit avec des murs en moellons d’environ 1 mètre d’épaisseur, un toit supporté par un encorbellement en pierres de taille et derrière et faisant saillie une petite tourelle d’environ 7 m 50 de circonférence et de 10 m 50 de haut.