Avesnelles

Vue aérienne d’Avesnelles

Au XIIe siècle, Avesnelles dépendait de l’abbaye de Saint-Denis et portait le nom d’Avesnelles-Saint-Denis. Quant à l’église elle dépendait de son origine jusqu’à la Révolution de l’abbaye de Liessies.

L’église d’Avesnelles Photo Wikipédia Auteur Havang

L’église, dédiée à la Vierge, est construite sur un tertre, ancien cimetière qui au XV e siècle était ceint de murailles.La partie la plus ancienne est constituée par les murs du clocher et du narthex. L’édifice qui ne comportait qu’une nef a été remanié au XVIe siècle; le chœur a été rebâti au XVIII e siècle par les moines de l’abbaye. Les nefs latérales ont été rajoutés au début du XXe siècle. Le porche magnifiquement sculpté et la porte d’entrée sont du XVI e siècle.

A l’intérieur on pourra admirer :

Fonts Baptismaux Photo Colette du CHGB 12/2014

Ces fonts portent l’inscription : Sanctificetur et fecundetur fons is. Le pied est décoré d’ornements végétaux et de deux grenouilles. Une inscription en caractères gothiques en fait le tour et indique la date de 1535.

crucifix d’ivoire du XVI e siècle Ministère de la culture base mémoire

Photos de décembre 2014 effectuées par + Colette Rabin du CHGB

Le patrimoine religieux d’Avesnelles se compose de 11 oratoires et de 3 chapelles

Le kiosque d’Avesnelles

Ce kiosque hexagonal sur socle en pierres érigé place Marcel Hardy dispose d’une lyre lacée au faîtage de cette structure. Il a été construit en 1911 (ADN 2 0 35 / 56)

Un soldat grandeur nature, en fonte gris, au repos, l’arme au pied, veille sur les lieux haut de 4m70, sur une base carrée de 4m.

Mémorial Léo Lagrange Photo Wikipédia Auteur Havang

Entre l’église et la mairie, découvrez le monument érigé en hommage à Léo Lagrange. Ce jeune avocat parisien originaire du sud-ouest fut au début des années 30, conseiller municipal de la commune, puis il se fit élire député de la circonscription d’Avesnes-sur-Helpe, en 1932. Il devint ministre du Front Populaire en 1936, chargé de la jeunesse, des sports et loisirs, et mourut héroïquement le 9 juin 1940, au combat.

‘Aux jeunes ne traçons pas un seul chemin…”. Ces mots de Léo Lagrange sont désormais gravés dans la stèle commémorative inaugurée le samedi 5 juin 2010.

La Mairie construite en 1848 sur l’emplacement d’un ancien fort
La Mairie actuellement Photo Wikipédia
La salle des Fêtes Construction 1905 1906 (ADN 2 O 35 / 54)
La Salle des Fêtes de nos jours Photo Wikipédia
Ancien moulin d’Avesnelles sur le ruisseau du Riez à Grives

Le seul moulin sur Avesnelles fut érigé sur un petit ruisseau en 1791 1792 dont l’activité meunière s’arrêta en 1889.

L’industrie textile s’implante dès 1838 à Avesnelles à la suite d’une autorisation préfectorale permettant de nouvelles installations pour le peignage et le filage des laines : la filature Tordeux-Flament (1 080 broches) est construite au quartier du Taille-Pieds. En 1874 trois filatures (fondées en 1853 et 1871 pour les plus récentes) sont présentes et perdureront jusqu’en 1918, date à laquelle ces unités seront intégrées dans la Société des Filatures de la région de Fourmies regroupant 25 usines, soit 350 000 broches. En 1873, plus de la moitié des habitants, soit 867 personnes, vit du travail industriel. L’apogée de la commune se situe en 1890.

Lors du prolongement de la ligne de chemin de fer Lille-Valenciennes, jusqu’à Aulnoye et Anor, la ville fait valoir son développement pour obtenir une halte favorable. Remplaçant les grands propriétaires terriens, les nouveaux industriels accèdent aux fonctions municipales dès le début du Second Empire. Après la Première Guerre mondiale, la population ouvrière se reconvertit en grande partie dans l’industrie métallurgique du bassin de la Sambre.

Industrie de nos jours :

  • Filature de l’Avesnois : les filatures étaient très nombreuses dans le Sud Avesnois jusque les années 1970. À Avesnelles, au cœur du village, 42 rue Léo Lagrange, il reste une usine textile spécialisée dans les fibres techniques. Dénommée « Filature de l’Avesnois », l’usine faisait partie autrefois de la Société des Filés de la Région de Fourmies (SFRF). En 1994, elle a été rachetée par Rhovyl, société fondée en 1948 par Rhône-Poulenc, basée à Tronville-en Barrois (Meuse). En 2005, 58 salariés étaient encore présents ; 35 en 2009. La Filature de l’Avesnois fournit du fil pour la bonneterie, la couture et l’ameublement.
  • Eise Chapel : créée en 1990, l’entreprise Chapel fabrique des vérins (2 millions de 1990 à 2008), une pièce mécanique et hydraulique que l’on retrouve dans le machinisme agricole et industriel dès lors qu’il s’agit de lever des charges. Le siège du Groupe CHAPEL est basé à Grenoble. Le site d’Avesnelles comporte 38 salariés (en 2008) qui travaillent en 3-8. L’entreprise est installée sur une petite zone industrielle, à l’est de l’agglomération. Source Wikipédia
La brasserie Staincq d’Avesnelles

Deux brasseries ont existé à Avesnelles : la brasserie Chantreuil de 1890 à 1895 et la brasserie de Louis Staincq de 1902 à 1926 devenue la brasserie malterie d’Avesnelles jusqu’en 1939. Elle est alors reconvertie en épicerie, environ jusqu’en 1969. Elle se situait au niveau des 28 à 30 rue Ernest Antoine.

Avesnelles et le dernier des Piloris de l’Avesnois :

Le Pilori d’Avesnelles Photo La Voix du Nord 25 octobre 2007

Les piloris étaient en général des poteaux, cylindriques ou colonnes de bois ou de pierres que tout seigneur avait le droit de faire dresser sur ses terres en tant que signe de son autorité et de son droit de justice. On attachait à ces piloris seigneuriaux, les criminels condamnés par les juges au nom du seigneur local. Les municipalités, composées du mayeur et des échevins, qui disposaient du droit de basse justice pour les délits peu graves, avaient pour ce fait le droit de posséder un pilori, dit pilori échevinal, dressé en général à proximité de la Maison Communale.

Les criminels ou délinquants étaient exposés en public pendant un temps plus ou moins long avant d’être, suivant la gravité de la faute commise, emprisonnés, pendus ou écartelés. Sur leurs épaules on plaçait un lourd carcan rattaché au pilori par des chaines et qui comportait trois trous : l’un pour la tête et deux autres pour les poignées du condamné. Celui-ci voyait se presser autour de lui la foule avide de spectacle et qui ne lui ménageait ni les quolibets ni les injures.

La Révolution de 1789 supprima la peine du pilori avec carcan, mais quelques années plus tard le code pénal rétablit la peine de l’exposition qui ne fut abolie qu’en 1848.

Ces moyens de répression disparurent donc au cours de la période révolutionnaire, la fureur populaire s’étant acharnée contre ces symboles de l’autorité seigneuriale. Celui de Maroilles fut, semble -t-il jeté à l’eau. Quel fut le sort de celui de Berlaimont, de celui de Quartes et de tant d’autres dont il ne reste aucune trace ?

Au milieu du XX e siècle seuls ne subsistaient dans notre région que trois monuments rappelant ces méthodes de châtiment corporel employées par la justice d’autrefois. L’un se situait à Maubeuge, et les deux autres à Avesnes-sur-Helpe et Avesnelles. De nos jours seul est présent le pilori seigneurial d’Avesnelles.

L’ancien pilori de Maubeuge rue de la Croix. La carte postale en noir et blanc ne nous permet pas de voir qu’il était badigeonné tricolore.

Le pilori maubeugeois fut classé monument historique par arrêté du 9 janvier 1922. Il servait à l’exposition des coupables condamnés par le grand bailli du Chapitre des Chanoinesses de Maubeuge pour les délits commis dans le ressort de sa juridiction. Situé à proximité de la demeure de l’abbesse, il permettait à celle-ci d’assister de sa fenêtre au supplice et de faire cesser ce dernier quant elle jugeait qu’il avait duré suffisamment. Ce monument était une colonne de pierre d’environ trois mètres de hauteur. A sa base était placé une borne sur laquelle devait monter le condamné et une plaque de fer à laquelle il était attaché vers le milieu de la colonne. Le pilori a été brisé et est déposé en plusieurs morceaux au musée de Maubeuge.

Restes à priori du pilori communal d’Avesnes : quatre tiges de fer au sommet arrondi

Le pilori d’Avesnes-sur-Helpe, qui était un pilori échevinal, était situé près de l’Hôtel de Ville ou peut être plus précisément selon les vestiges observés près de la porte principale de la collégiale même si l’emplacement parait surprenant. Quoiqu’il en soit il fut transporté vers 1855, croit-on, dans le jardin de M Hannoye, président du Tribunal, alors propriétaire de cet immeuble qu’il légua plus tard à la Ville pour y loger le clergé de la paroisse. La colonne porta alors le nom de pilori du Presbytère. Il existait encore en 1938 et a du disparaitre un peu plus tard. Je suis preneur de renseignements concernant sa disparition.

De nos jours, nous l’avons dit, ne perdure que le pilori d’Avesnelles. Il se trouve dans la propriété dite « Bagatelle » appartenant aux Sœurs de Ste Thérèse et située sur la route d’Etroeungt, à proximité du chemin qui porte encore aujourd’hui le nom de Chemin de la Justice. C’était un pilori seigneurial, réservé aux criminels relevant de la justice du Seigneur d’Avesnes. Il est plus important comme dimension que l’était celui du Presbytère.

Ce pilori fit l’objet en 2007 d’une querelle entre la mairie d’Avesnes et celle d’Avesnelles. Géraldine Beys rédactrice à la Voix du Nord dans l’édition régionale du jeudi 25 octobre 2007 relate avec brio cette discorde. Voici le titre de l’article « Dans l’Avesnois, les sœurs de Sainte-Thérèse ont bien failli perdre leur pilori ». Et voilà l’éloquent contenu :

« Les religieuses de Sainte-Thérèse ignoraient qu’un jour le pilori de leur propriété de Bagatelle à Avesnelles, tout près d’Avesnes-sur-Helpe, serait si convoité. La colonne de pierre bleue qui devait être déplacée pour être installée devant le nouveau palais de justice reste chez les sœurs. Au grand dam du maire d’Avesnes-sur-Helpe.

Il avait tout prévu Alain Poyart, le maire d’Avesnes. Et c’est vrai que, ma foi, les soeurs de Sainte-Thérèse n’avaient pas fait de problème.Bien sûr, ça leur faisait un petit quelque chose de savoir que leur pilori seigneurial quitterait Bagatelle, une gentille propriété en bordure de nationale 2 pour les sœurs âgées qui y sont, quand vient leur dernière heure, enterrées. C’est là, entre le jardin et le cimetière, que se dresse un obélisque de plus de cinq mètres de haut.Le maire d’Avesnes l’aurait bien vu devant le palais de justice tout neuf, dans sa commune. Il s’y croyait d’autant plus encouragé que la supérieure, sœur Thérèse Hennion, ne lui avait pas dit non. Alors, le maire a envoyé les employés de la ville qui ont commencé à creuser autour du pilori. C’était le 15 octobre, un jour béni pour les religieuses puisqu’on fête leur patronne sainte Thérèse d’Avila. Mais les municipaux ne sont pas allés jusqu’au bout. Car entretemps, une autre puissance temporelle, les élus d’Avesnelles, a fait entendre sa voix. Et voilà comment l’affaire est devenue l’histoire de deux clochers.

Justice expéditive :

Le maire d’Avesnelles, Jean-Pierre Leclercq, a missionné son adjoint aux finances Jean-Claude Breucq chez les religieuses et auprès du maire d’Avesnes-sur-Helpe pour leur dire à tous qu’il n’était pas question de bouger le pilori. Avec des arguments. D’abord celui que la colonne était sur le territoire de la commune d’Avesnelles et comptait parmi son patrimoine. Ensuite, que l’idée de la transplanter n’était pas opportune. «Ce pilori est un signe de justice expéditive, tout sauf le symbole d’une vraie justice. Mettre ça devant un tribunal est un mauvais choix», avance Jean-Claude Breucq. Et d’ajouter : «La sœur supérieure a compris qu’il n’y avait eu aucune communication entre les deux villes .» Et le maire d’Avesnes-sur-Helpe ? Alain Poyart, contraint de faire marche arrière et de rappeler à lui ses employés, assure que son collègue avesnellois était au courant. Tout au moins de sa volonté de déplacer le pilori. Et fait valoir que celui-ci est propriété des sœurs de Sainte-Thérèse, sous-entendant ainsi qu’elles sont libres de le donner ou de le vendre à qui elles veulent. On imagine l’embarras des sœurs, qui, embarquées malgré elles dans cette querelle, ont tranché. «On ne touche plus à rien. Le macadam a été refait. Le pilori reste là», assure sœur Élisabeth qui, en l’absence de sa supérieure, a dû faire face. Le maire d’Avesnes-sur-Helpe est «tout colère». «On en a parlé à notre avocat.» Le comble serait de voir l’affaire touchant un instrument de justice finir… en justice. Mais nous n’en sommes pas là ».

En conclusion, il n’est pas sans intérêt de rappeler quelques unes de ces tristes expositions auxquelles servit le pilori qui se dressait jadis sur la Grand’Place d’Avesnes.

Dans son Histoire de Fourmies, l’abbé Wiart raconte qu’en 1793, le nommé Jean Baptiste T…, fabricant de bonnets de coton et de bas à Fourmies, fut condamné pour fausse monnaie à 15 ans de fers. En outre le Tribunal ordonna qu’il serait préalablement exposé pendant 6 ans sur la place publique d’Avesnes aux regards du peuple, attaché à un poteau avec une inscription faisant apparaitre son nom et la cause de sa condamnation. Ce récit révèle que la suppression de la peine du pilori avec carcan fut postérieure à l’année 1793.

En parcourant les colonnes du journal l’Observateur, nous y trouvons relatées plusieurs de ces funèbres cérémonies.

« Hier a été exposé au carcan sur la place publique d’Avesnes la nommée Véronique F…, condamnée pour infanticide aux travaux forcés à perpétuité par la Cour de Douai. L’exécution de ce jugement avait attiré cornme d’ordinaire beaucoup de monde et fait naître de bien pénibles réflexions… etc… » (Observateur, 1837).

Le 18 janvier 1837 le nommé F… de Liessies, convaincu de viol sur la personne d’une jeune fille de 11 ans, subit, sur la place d’Avesnes, la peine du cartan. « Une foule immense entourait l’échafaud. Le malheureux, objet des regards avides de cette multitude, ne put souffrir sans une émotion au-dessus de ses forces la peine mortelle qu’il éprouvait. Trois fois il perdit connaissance et chaque fois qu’il revint à lui d’abondantes larmes témoignèrent de son vif repentir. Aussi au lieu d’imprécations hostiles dont les criminels sont si souvent l’objet de la part des spectateurs, celui-ci n’inspira aux curieux que des réflexions de regrets de voir flétrir pour jamais un être dont l’âme n’est pas endurcie par le crime et qui, pour un moment d’erreur perd pour jamais ce qui peut seul rendre la vie supportable : l’honneur ». (Observateur du 19 janvier 1837).

Le 29 mai 1837 ce fut le nommé Constant B…dit le Berger, condamné pour meurtre à 20 ans de travaux forcés qui subit sur la place d’Avesnes la peine de l’exposition. Une foule nombreuse, exaspérée par l’attitude cynique du criminel, se pressait autour de lui. Quelques personnes plus calmes durent intervenir pour empêcher certains assistants de lui lancer des ordures.

Dans l’Observateur du 11 mars 1838 nous lisons : « Dans la matinée de jeudi dernier on a exposé sur la place publique d’Avesnes les nommés Isidore D…, âgé de 18 ans et Séraphin T…, tous deux originaires de M…, condamnés pour vol d’argent monnayé. On a également exposé en effigie le nomme Edouard W…, demeurant à Clermont-Ferrand, condamné pour faux en écritures.

Une foule considérable était accourue des communes environnantes excitée surtout par la pensée de voir attaché au pilori le nommé L…, assassin de Pulchérie Desenfant, de Sains. Mais on assure qu’une maladie grave dont ce grand coupable est atteint dans les prisons de Douai a empêché sa translation à Avesnes. »

Les amateurs de ce genre de spectacle ne perdirent rien pour attendre. Une fois guéri le condamné L… fut transféré à Avesnes. En passant à Maroilles il faillit réussir à s’échapper. Le 5 mai, qui était un vendredi, jour de marché, it fut exposé sur la grande place.

L’Observateur du 6 mai s’exprime ainsi : « La contenance du condamné a été ce qu’elle devait être dans sa position, calme et résignée. Une masse de spectateurs se montrait avide de le voir de tout près mais la haie formée devant le pilori y faisait obstacle. A sa sortie de prison comme à son retour les plus curieux lui formaient un cortège bien serré. La place publique était couverte de monde. Cette épreuve a du lui causer une humiliation bien grande car on l’a entendu dire quelques jours auparavant qu’il donnerait vingt mille francs pour en être dispensé… ».

Le 10 septembre 1841, jour de marché trois criminels furent exposés en public à Avesnes, dont deux en personne. Le 3° étant contumace était représenté par un écriteau fixé sur le pilori et indiquant les causes de sa condamnation. C’étaient les nommés Jean-Charles C… de Preux-au-Bois (condamné pour viol) Adèle C… (suppression d’enfant) Joseph G…D de Wignehies (banqueroute frauduleuse, contumace).

Le 7 février 1848 le nommé Louis D…. de Fontenelle condamné pour faux en écritures de commerce, subit sur la grand place la peine infamante. « il supporta pendant une heure nous dit l’Observateur, les regards du public avec une résignation calme mais qui indiquait toutes les tortures intérieures que cette humiliation lui causait ». C’est la dernière cérémonie de ce genre dont on trouve trace dans les journaux de cette époque.