Limont-Fontaine

Vue aérienne de Limont-Fontaine

Le territoire était au XII e siècle divisé en deux paroisses : Limont et Fontaine. Propriété de l’Abbaye d’Hautmont, l’église de Limont était une paroisse du décanat d’Avesnes tandis que celle de Fontaine faisait partie du décanat de Maubeuge.

Jusqu’au XVIIème siècle, la commune faisait partie de la pairie d’Avesnes, bien qu’elle relevât de l’Abbaye d’Hautmont pour la plus grande partie du sol. Elle fut alors incorporée dans le Gouvernement de Maubeuge, avec Dimechaux et Saint-Rémy-Mal-Bâti.

En 1654, Les Français de la garnison de Guise, dévastèrent le village qui ne fut rebâti que quelques années plus tard. On voit encore des restes de l’aqueduc romain qui conduisait à Bavay les eaux de la fontaine de Floursies.

L’église de Limont
L’église St Géry de Limont

L’église datée de 1860 a fermé ses portes en 2007, l’ensemble de l’édifice étant fort abimé. En effet la charpente menace de s’affaisser et l’intérieur est en décrépitude. Dans le cadre du programme ADVB (aide départementale aux villages et aux bourgs) le Conseil Départemental va allouer une aide de 300 000 euros pour 2023.

L’église de Fontaine

Le hameau de Fontaine a conservé son église, ancienne chapelle de l’abbaye d’Hautmont. La chapelle Saint Nicolas de style roman remonte au XIIIème siècle. Elle avait une ceinture fortifiée qui l’entourait totalement.
Elle se compose d’une simple nef couverte d’une voûte brisée, d’un chevet à pans coupés, d’un clocher juché sur le toit au dessus de la façade. Ce clocher a été frappé par la foudre en juin 2021. Il a été rénové en 2022 avec un nouveau coq en cuivre apposé à son sommet.

L’intérieur de cette chapelle est moins interessant depuis qu’un beau retable qui l’ornait, et qui provenait sans doute de l’abbaye d’Hautmont, a été vendu par la paroisse. (on peut de nos jours l’admirer dans une église de Roubaix).

La mairie et le kiosque

Ce kiosque à danser rectangulaire à 8 pieds torsadés et au garde corps bien ouvragé fut vendu à la ferraille vers 1950.

La Mairie et l’école
Monument aux Morts
Calvaire de Limont-Fontaine
Calvaire de Limont-Fontaine Rue d’Avesnes D 121

Ce calvaire est la sépulture familiale d’Emile Vandermarcq (1840 1899) et d’Elise Vincent (1841 1922)

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On trouvait à Limont Fontaine un moulin à farine mû par l’eau, un autre mû par le vent, une brasserie, 5 ateliers de tisserand, 2 de sabotiers et un four à chaux.

Ancien moulin de Limont Fontaine
  • Moulin à eau :

François Dewez, fermier des moulins à Eclaibes, sollicita le Département en 1790 en vue de  l’érection d’un moulin à Limont-Fontaine au lieu-dit « le Grand Trieu » sur une « portion de bien commune » qu’il désirait « prendre en arrentement ». Le moulin fut construit immédiatement après avec l’accord de la municipalité. Il avait deux tournants, un pour la farine et un pour écoudre l’épautre. Il ne fonctionnait que 7 mois par an eu égard à la petite taille de la rivière.

François Dewez (1752 1816) loua le moulin à Georges Dewez en 1804, meunier à Limont, lequel décéda en 1822. La veuve de François, Marie Magdelaine Louvion loua le moulin en 1824 à son fils Joseph époux de Marie Joseph Dehavay.

Ce couple mourut en 1876 et leurs cinq enfants héritèrent du moulin à eau à trois tournants sur « le ruisseau des Clégneux, monté de trois paires de meules dont deux à faire de la farine et l’autre à usage d’écoussière ». Leur beau fils Antoine Rémy marié à Adellina Dewez était cité meunier sur le cadastre de 1878.

Benoit Joseph Collet, originaire d’Hautmont, fils de Ferdinand et  de Victoire Maitrepierre marié à Alméria Zoé Mary, acheta par la suite le moulin. Il le laissa à son décès en 1893 à l’âge de 45 ans à ses deux enfants mineurs Claire et Calixte sous la tutelle de leur mère. Suite à la vente par licitation en 1895 Hector Collart acheta le moulin auquel il ajouta une machine à vapeur. Il fut le dernier meunier puisque le moulin s’arrêta vers 1910 et démoli en 1926.

  • Moulin à vent :
Moulin à vent Photo 1967
Moulin à vent Photo 1985
Moulin à vent Photo 2009

Le moulin à vent fut construit par les frères Couplet vers 1830. C’ était une solide tour en pierre bleue et en brique, au mur épais de 1,10 m à la base et au diamètre d’environ 7,30 m interieur.

Il appartenait en 1848 à Honore Langlet, qui désirait alors le vendre. Il fut acheté par Jean-Louis-Auguste Hugé vers 1855 qui le loua en 1886 à Jean Nisse puis à Guillaume Nisse en janvier 1895.

Jean-Louis-Auguste Hugé décéda à Saint-Rémy-Mal-Bâti le 16 mai 1896, sans héritier, laissant pour lui succéder deux frères, deux neveux et une nièce. Les héritiers vendirent vers 1897 le moulin à Georges Haplencourt marié à Irma Hermand. Ceux-ci renouvelèrent le bail à Guillaume Nisse le 24 février 1902. Cependant le cadastre cite le moulin déjà démoli en 1901. Le moulin s’arrêta donc à cette date. Seule reste encore de nos jours la tour en bien triste état.

  • Brasserie :

Léon Dufosset (1833 1887) marié à Ismérie Bruyère était brasseur en 1865. Leur fils Paul Anselme décéda en 1905. La brasserie fut alors reprise par Léon Lejeune marié à Jeanne Maria Gérin jusqu’en 1914.

  • Four à chaux :

Le four à chaux ou « chaufour » était un four destiné à transformer le calcaire en chaux et où l’on cuisait la céramique sous l’action du feu. Il était de forme cylindrique, avait une large paroi intérieure souvent revêtue de briques et était alimenté par son ouverture située en haut appelée le « gueulard ».

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Les principales possessions de Saint-Pierre d’Hautmont consistaient en trois fermes : la Cense de Limont appelée parfois cense des Ecailles, et les Censes de la Court Saint-Pierre ou grande cense et petite cense dite de la Mairie à Fontaine.

la cense des Ecailles (à Limont)

15 Route d’Avesnes

La ferme de Limont fut acquise par l’abbaye d’Hautmont en 1504 à Jean Carton.

Ce sont les Letoret qui furent fermiers de l’abbaye au XVIII e siècle.

La cense de Limont était appelée dans plusieurs documents Cense des Ecailles. II s’agissait d’une exploitation dont les terres étaient réparties en plus de 85 pièces, couvrant ensemble 65 hectares environ. Le rendage s’élevait à 354 livres, 4 moutons et un veau gras, 100 bottes de paille et 10 muids de grains. A cela il fallait ajouter l’entretien du chœur et du presbytère de Limont et la participation à l’entretien du curé, par moitié avec le fermier de la Grande Cense de Fontaine. Letoret était dîmeur et terrageur de Limont. Jacques Letoret renouvela le bail de la cense des Ecailles en 1785.

la Cense de la cour Saint-Pierre  (à Fontaine)

10 Rue d’Hautmont

La Court Saint-Pierre ou grande cense de Fontaine était une ferme très importante et son exploitation couvrait 105 hectares en 11 pièces dont certaines très étendues.

Le fermier qui exploitait cette cense levait également la dîme et le terrage à Fontaine. Au XVIIIe siècle, des Cuisset étaient censiers de l’abbaye à la Court Saint-Pierre dont Nicolas Joseph Cuisset en 1754, auquel va succéder sa veuve, Marie Catherine Joseph Ghislain.

A partir de 1770 et jusqu’à la Révolution, le dernier fermier s’appelait Agapit Joseph De Harveng. Son rendage consistait en 660 livres, 18 muids de grains, 5 moutons et la fourniture de 20 cordes de bois et 4.000 fagots ! Le principal censier des moines à Fontaine participait également à l’entretien du curé : 164 livres pour la moitié de son supplément, 14 litres pour la moitié des vins de messe, 18 rosières d’ « épeaulte », et 50 bottes de paille. Enfin, notre fermier devait acquitter toutes les rentes qui étaient dues sur la cense à savoir : 11 rasières de verreux et 11 rasières d’avoine à M. Leboucq Delval et 11 rasières de blé et autant d’avoine à la pitance de l’abbaye d’Hautmont, le tout à la mesure d’Avesnes.

En 1770, le rendage en argent passa à 1260 livres ! En 1788, il est stipulé dans le bail que « si on accorde un supplément en argent au curé de Limont, le fermier devra fournir jusqu’à la somme de 150 livres »… A l’époque, c’était le même curé qui desservait les deux paroisses.

La Petite Cense dite de la Mairie (à Fontaine)

2 rue du Château d’eau

La petite cense de Fontaine était nettement moins importante, les Buisserez puis Pierre Juniet exploitèrent un ensemble de 20 hectares en 22 parcelles ; une de ces parcelles était située sur le terroir de Saint-Rémy-mal-bâti ; une des pâtures de la ferme s’appelait      « le fond des moines ». Le rendage était moindre : 150 livres en argent, 2500 litres de grains.

NB : les photos des deux fermes concernées sont peut-être à inverser. J’ai considéré la ferme de la cour St Pierre au 10 rue d’Hautmont car actuellement à cet endroit se situe le GAEC de Saint Pierre. Cependant la taille de la ferme rue du château d’eau parait plus imposante que la précédente.

La carrière de Limont-Fontaine. Photo juillet 2008 Maubeuge vue du ciel

La carrière de Limont-fontaine exploite un gisement calcaire dont la transformation en granulats est destinée aux industries des travaux publics et du bâtiment. L’une des deux carrières de CBS est désormais inexploitée et remise en eau depuis une vingtaine d’années.

Le ruisseau d’Éclaibes.