Bassin de la Sambre en 1948

LES FACTEURS FAVORABLES AUX PROGRÈS DE L’INDUSTRIE DANS LE BASSIN DE LA SAMBRE
Dès 1789, en faisant appel au concours de 798 ouvriers, Maubeuge se présentait comme un centre de transformation des métaux non négligeable, équipé, comme il était alors, dune manufacture d’armes créée par le Conseil d’Etat du 15 février 1701, d’un établissement de quincaillerie et d’une clouterie, qui se classait à l’époque, en leurs catégories, parmi les plus réputées de France.
Différents facteurs d’expansion, dès le début du siècle, firent du bassin de la Sambre, qui s’étend sur 30 km d’Aulnoye en Belgique, le siège d’un des plus importants développements industriels et démographiques français.

Ce furent :

  • la canalisation en 1836 de la Sambre, opération complétée en 1838 par le canal de la Sambre à l’Oise.
  • l’implantation en 1853 de la ligne deParis, Hautmont, Charleroi, suivie deux ans plus tard, par la jonction à Aulnoye avec l’axe ferroviaire vers Bruxelles,Rotterdam et Amstersdam, et avec la grande transversale Calais, Lille, Valenciennes,Thionville.
  • la présence de gisements de fer à Ferrière -la-Grande, Sous-le-Bois et Aulnoye, actuellement épuisés ; les gisements étaient très pauvres (37 % de teneur) . Ils contenaient de la silice.
  • la découverte en 1877 par Sydnev Thomas et son cousin Gilchrist du procédé basique permettant l’affinage des fontes phosphoré.
  • la proximité du borinage, assurant dans des conditions financières favorables, l’approvisionnement du charbon.
  • l’essaimement de firmes belges désireuses d’échapper à d’importants droits de douanes. En 1833, le bassin de la Sambre s’ouvrait à sa grande vocation de siège de l’industrie lourde avec l’allumage à Ferrière-la-Grande par Monsieur Pierre Dumont du premier haut fourneau à coke d’une capacité de 8 a 10 T qu’un second complétait l’année suivante.
  • A la fin du siècle: la situation géographique explique encore l’extension à la fin du 19 ème siècle, de l’industrie du bassin : -une situation près du bassin houiller belge, puis Valenciennes, -l’apport du minerai lorrain par la suite. -les bonnes communications : Paris-Liège, Paris-Bruxelles, Valenciennes, Longwy, Metz. -les canaux
  • En effet il faut du fer et du charbon pour la métallurgie. Dans un haut-fourneau il faut 2 T de minerai pour 1 T de coke. Le minerai local étant vite devenu insuffisant pour alimenter les clouteries et les quincailleries, il fallait faire venir du métal de la région de Liège. On préféra ensuite alimenter les hauts-fourneaux avec les « minettes » lorraines. En 1830, les 3 hauts-fourneaux (un à Fourmies, 2 à Hayon) fonctionnaient au charbon de bois. En 1842 , la compagnie belge »la providence » s’établit à Hautmont et mit en place des forges et laminoirs. En 1845, elle édifie ses 3 hauts-fourneaux alimentés par le coke belge. Avant 1914, il y avait 7 a 8 hauts-fourneaux dans le bassin. L’apport des capitaux belges est primordial, il permet la création de plusieurs entreprises : -la Providence, Cockerill à Hautmont -Baume à Marpent -Saint Eloi à Jeumont – Forges et ateliers de constructions électriques de Jeumont (du Baron Empain)
    C’est dans le dernier quart du 19 ème siècle qu’on assiste à une véritable floraison d’usines , les plus célèbres étant :
    -les établissements métallurgiques de Ferrière-la- Grande en 1877 -l’union des produits chimiques d’Hautmont en 1880 -les ateliers de construction et fonderies de Jeumont en 1883 -la fabrique de fer de Louvroil en 1884 -les hauts-fourneaux et laminoirs de la Sambre à Hautmont en 1888 -la société métallurgique d’Hautmont en 1894 -les tôleries de Louvroil en 1896 – les aciéries de Sambre et Meuse Jeumont en 1900.

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LA MÉTALLURGIE DE BASE DANS L’ARRONDISSEMENT D’AVESNES EN 1860

  • L’industrie du  » fer au bois  » est représentée par sept établissements. Elle est reléguée presque exclusivement dans la partie Sud – Ouest de l’arrondissement. Elle a décru dune manière très sensible et tend à disparaître et à céder la place à l’industrie du »fer à la houille « . Les propriétaires de bois devront peu peu renoncer à la production de charbon de bois, car progressivement des méthodes de plus en plus perfectionnées sur l’emploi exclusif de la houille.
  • L’industrie du  » fer a. la houille  » est représentée par 17 établissements…La fabrication de la fonte était établie sur le minerai et sur le combustible. Les hauts fourneaux au coke se sont établis sur les gisements de minerai de fer découverts entre Maubeuge et Avesnes. Le combustible (houille) provient des bassins de Mons et Charleroi.
  • En troisième ligne vient l’industrie des aciers appartenant au groupe des usines au bois de Trélon et de Fourmies. Elle subit actuellement une transformation, par la création de l’aciérie d’Hautmont. Dans un proche avenir une révolution radicale se sera opérée dans la fabrication de l’acier et même dans celle du fer, par une réduction considérable des prix de revient. La société produit annuellement plus de 7000 tonnes d’acier et occupe 500 ouvriers. Dans une usine établie sur la Sambre canalisée et sur la ligne de chemin e fer de Paris Cologne. D’après des documents du C.R.D.P.Lille.

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L’INDUSTRIE DANS LE BASSIN DE LA SAMBRE AU DÉBUT DU XX E SIÈCLE.


d’après le « Voyage en France de Ardouin-Dumazet 1913)

Maubeuge a naturellement peu d’usines dans son enceinte, sauf des fabriques de quincailleries et de machines outils. Mais elle n’en est pas moins le Cœur de ce grand ensemble d’établissements métallurgiques, qui bordent la Sambre. Quand Maubeuge devint industriel à ce degré, on traitait sur place les minerais du pays. Depuis la mise en valeur’des riches gisements de Meuthe et Moselle, reliés à Maubeuge par la ligne d’Hirson à Longwy, c’est aux minerais de L’Est, aux fontes de l’Est et de Belgique, que l’on fait appel. D’après les renseignements de l’enquête de 1890, la région de Maubeuge fournit 60 % de la production du Nord en fer et tôle. Les rails de fer ayant cédé leur place aux rails d’acier, les usines du bassin de Maubeuge ont du se transformer pour fabriquer d’autres produits métallurgiques. Elles livrent une grande partie de leurs fontes et de leurs fers aux industries du bassin, très importantes et très variées. Les outils, machines-outils et essieux se font à Maubeuge-ville, Louvroil, Ferrière-la-Grande, Pont-sur-Sambre, Rousies, Villers-sire- Nicole et Bachant. Les fonderies de deuxième fusion sont au nombre de douze dans le canton. Bavai et Maubeuge font des boulons; Hautmont et Louvroil des tubes de fer, les deux mêmes centres produisent le fer à cheval. Hautmont renferme un des LAMINOIRS de Zinc de la Vieille-Montagne. Aulnoye fournit de la tôle émaillée . Hautmont a de grands ateliers de constructions métalliques, ponts, etc..Ferrière-la-Grande construit le matériel destiné aux laminoirs et aux aciéries. Jeumont renferme une grande manufacture de glaces, fournit les appareils nécessaires à cette industrie. A Marpent on construit du matériel de chemin de fer. A Ferrière-la-Grande, on fait de la grosse chaudronnerie et à Hautmont des machines agricoles.
A côté de la métallurgie, Maubeuge possède des manufactures de carreaux céramiques. A ce point de vue, c’est le centre principal pour la France.
Trois vastes établissements à Louvroil, Feignies et Maubeuge même , produisent ensemble 225 000 mètres carrés. Les carreaux vont en Amérique, en Angleterre, en Hollande et en Orient.La matière première, argile ou feldspath, est tirée d’ Angleterre, d’ Allemagne et de Belgique. Les produits chimiques sont fabriqués dans une importante usine d’Hautmont, qui livre en même temps à l’agriculture des engrais dosés, phosphates, superphosphates, nitrates, etc

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LE BASSIN DE LA SAMBRE EN 1948

Le bassin de la Sambre, en 1948, jouait un rôle primordial dans la vie et l’épanouissement économique de cette époque.

Du potentiel technologique au potentiel savoir-faire en passant par la fierté et la volonté du travail bien fait, notre région avait tous les atouts pour en faire un bassin riche – ce qui fut fait en 1948 – mais également pour continuer de contribuer de maintenir notre région au rang de leader.

Ont fait place à cela des hectares de friches industrielles, des milliers de chômeurs (près de 20 000 ). La région a connu en effet un déclin industriel expliqué notamment par le vieillissement de l’outil industriel, le degré trop spécialisé de ce tissu industriel, l’enclavement de notre bassin ou bien encore l’archaïsme de son patronat…

Cette brochure n’a d’ambition que de faire le bilan de la richesse économique de notre Bassin de la Sambre aux environs des années 1948 – 1950.

J’espère faire paraître prochainement un article sur le Bassin industriel tel qu’il se présente de nos jours c’est à dire un bassin en pleine reconversion et en recherche de son devenir avec des entreprises industrielles très dynamiques et qui arrivent à se démarquer dans des secteurs parfois très concurrentiels.

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Source : Brochure « 1948 Travail en Sambre » éditée par le Centre de Documentation et de Recherche d’Histoire Sociale en Sambre-Avesnois. Imprimerie Roué Jeumont 1991