Dourlers est un ancien village; par lettres de l’an 1111, l’évêque Odon le concède à l’évêque de Cambrai « terram de Durlero » .
Au XIIIe siècle, Dourlers devint le siège d’une prévôté, seigneurie fondée par Gautier II d’Avesnes pour servir d’apanage à ses frères cadets, Guy, puis Bouchart d’Avesnes. Elle fut éclissée, un peu avant 1300, pour devenir un fief-lige qui fut possédé par la même famille jusqu’en 1334. Jean de Bohéme, comte de Luxembourg, la vendit alors au comte de Hainaut, dont elle commença à relever directement.
Elle fut, au XVe siècle, englobée dans la terre d’Aymeries, que le duc de Bourgogne déclara terre-franche et qu’il donna en usufruit à son chancelier Nicolas de Rolin, qui en fit bientôt après l’acquisition.
Détachée du domaine d’Aymeries, la terre de Dourlers ne redevint fief particulier que vers 1618. Cette seigneurie qui comprenait Dourlers, St.-Aubin, Floursies et Semousies ne fut titrée que par Louis XV, en 1781, lorsque Bertrand Bady, grand bailli de la pairie d’Avesnes, fut créé comte de Normont.
Dourlers et St-Aubin ne formèrent, jusqu’en 1725, qu’une seule commune qui faisait partie du gouvernement, de la prévôté et de la subdélégation de Maubeuge ; de 1790 à l’an X, il fut le chef lieu d’un canton composé de 14 municipalités.
Théâtre, en 1793, de plusieurs glorieuses rencontres entre les Français et les Autrichiens, ce village eut beaucoup à souffrir de l’acharnement des combattants. En effet le nom de Dourlers reste attaché à un souvenir historique, celui de la phase meurtrière de la bataille de Wattignies. Le 15 octobre 1793, sur les plans de Jourdan et Carnot, qui avaient leur quartier général à la cense à Longe (aujourd’hui les Trois-Pavés, sur la route d’Avesnes), la colonne du général Balland s’élança à la conquête du village, occupé par les Autrichiens. Dourlers changea de mains plusieurs fois dans la même journée. 22 maisons furent brûlées par les obus. C’est dans une ruelle, près de l’église que le petit tambour Stroh fut tué. Furent également blessés le devenir Maréchal Mortier et le futur général Désenfant.
Voir Notice historique de Dourlers : Gallica
Dès 1083, une église est attestée à Dourlers, puisque l’évêque Gérard de Cambrai confie le bénéfice de son autel à l’abbaye d’Hautmont. Elle a été reconstruite aux XIVe (tour et nef principale), XVIe (chapelles latérales de 1517) et XVIIe siècles(chœur de 1617) et finalement remplacée par un nouvel édifice en 1862 dans le style de la renaissance.
On peut y voir la dalle funéraire de A.F. Bady, seigneur de Dourlers mort en 1735 et de Marguerite Rouillon, sa femme morte en 1760.
Il mesure 4 mètres de haut et un mètre de large à la base. C’est un obélisque de pierre bleue de Soignies au sommet duquel, perché sur une sphère, un coq, symbole gaulois, domine la petite place. Sur la face principale sont sculptés une couronne de laurier avec la croix de guerre, un casque et deux épées croisées, l’une d’elle est enveloppée dans un drapeau.
La fontaine de la rue La Haut apparaît pour la première fois dans le relevé cadastral de 1868. Son édification peut être liée à l’important essor démographique de la ville de Dourlers à cette période. Cette fontaine est constituée d’une cuve de collecte et d’une cuve de puisage, entourées de margelles en pierre bleue, rendues accessibles par un escalier de pierre bleue et d’un pavage mélangeant pavés de grès et dalles de pierre bleue. La cuve de collecte est couverte par une dalle de protection et d’appui. Elle a fait l’objet de travaux de restauration inadaptés (piédroits en béton, pavage hétérogène) qui ont nécessité en 2014 une reprise de la maçonnerie et du pavage.
Kiosque à danser rond en fonte sur pied unique avec couverture hexagonale dont le revêtement métallique forme une rive en « dents de scie ». Un support de partitions entoure le mât central.
Un second kiosque en fonte dans le parc du château de Dourlers.
Le Château de Dourlers :
Un premier château construit aux environs du XIII e siècle fut en ruines vers 1450. En 1618, les seigneurs de Lestang relevèrent ses vestiges, mais la nouvelle construction fut à nouveau ruinée à la fin du siècle.
Entre 1710 et 1713, lors de la signature de la paix d’Utrecht, Pierre Bady,
écuyer, originaire du comté de Namur, qui peu de temps avant avait acquis la terre et seigneurie du lieu, fit ériger un nouveau château, encore en place. Il subit d’importants dégâts en 1793 ; entre 1845 et 1869, il fut restauré profondément à l’initiative du marquis de Nédonchel, qui l’agrémenta d’un parc à l’anglaise.
Face au cimetière se trouve la chapelle funéraire de la famille Degardin François qui concerne Célestin Degardin, propriétaire, né en 1839 et décédé en 1914 à Dourlers, fils de Célestin et d’Angélique Mathieu, marié en 1864 à Limont-Fontaine avec Zelmire François fille d’Augustin et de Rosalie Lefranq née en 1840 et décédée en 1916 à Dourlers. Cette chapelle datée environ des années 1890 porte le nom de chapelle Delcroix car elle est située dans la rue alors appelée chemin vicinal n° 5 dit chemin de la Croix.
Sur la route de Dourlers à Beugnies on aperçoit des bâtiments de ferme avec une chapelle. Celle-ci à clocheton comporte une porte latérale à encadrement gothique de pierre, surmonté d’une niche renfermant la statue de Saint Julien. Il s’agit d’un hôpital qui avat it été fondé au XV e siècle par un habitant, Pierre Maillart, pour y héberger les pèlerins qui passaient nombreux à cette époque pour se rendre à N.D de Walcourt. Dévasté en 1622 par les troupes de Mansfeld et pendant les guerres de Louis XIV, l’hôpital St Julien fut maintenu, après son affectation, jusqu’en 1789. Il se trouvait sous la direction d’un chapelain qui y logeait et y disait la messe chaque jour. Cet édifice est en cours de restauration et il le mérite car cet ancien asile de pèlerins est très rare dans l’Avesnois.
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Recensement de deux calvaires :
Il appartient en 1870 aux héritiers DESOBLIN d’Avesnes sur Helpe (ADN 35 P 405). Il s’agit des héritiers d’Agnès DESOBLIN domiciliée en 1830 à Dourlers et mariée à Raphael APPLINCOURT.
René Deconinck est né le 28 novembre 1921 à Malo-les-Bains. Il est le fils de Maurice Deconinck, employé SNCF domicilié à Cappelle-la-Grande et de Juliette Devos. Très tôt, René Deconinck s’investit dans la JOC. Avec d’autres, il aide des familles d’ouvriers dont les hommes sont partis au STO. René Deconinck a la réputation d’un jeune homme charitable, généreux, épris de liberté, fraternel et croyant. Il deviendra vice-président fédéral de la JOC de Dunkerque. Il entre dans la résistance. Dès 1940, il forme un noyau de résistants appelé La Jeunesse patriotique. Plus tard, il fonde les Jeunes Chrétiens Combattants. Il sauvera des réfractaires du STO en leur offrant une fausse carte de travail. Devient membre de l’OCM (l’Organisation civile et militaire) qui lui confie des responsabilités pour les Ardennes, la Somme et l’Aisne. Devient plus tard lieutenant FFI. Et meurt en martyr le 31 août 1944 à Dourlers.
Il fut fusillé après, sur injonction de l’ennemi, avoir creusé sa propre fosse. Il avait 23 ans.
Article de la Voix du Nord 30/08/2017 : Géraldine Beys et Marie-France Maréchal
Le Mur des Sarrazins :
A 500 m au nord de l’église, on voit un mur large d’un mètre qui s’élève de 2 mètre au dessus du chemin vicinal sur une vingtaine de mètres. Ce sont les restes d’un pont romain construit par les Romains qui permettait à l’acqueduc de Floursies à Bavay de franchir la vallée du ruisseau de La Braquenière. Plus à l’ouest, la base de l’aqueduc affleure dans l’axe du chemin sur environ 60 mètres.
Le Hameau de Mont-Dourlers :
Au XVe siècle, pour accueillir les pèlerins et les indigents, est fondé au hameau de Mont-Dourlers (partie du village qui se trouve sur la route d’Avesnes à Maubeuge) un hôpital, par Pierre Maillart et Tassine Leclercq. Reconstruit au XVIe siècle, il a subsisté jusqu’en 1789. Aujourd’hui seule la chapelle en est conservée.
En bas de la côte, au carrefour de Mont-Dourlers, le roi Louis Philippe qui visitait l’armée du Nord, s’arrêta le 8 janvier 1833. Il venait de reconnaitre parmi les villageois qui saluaient son passage, un chirurgien nommé Boucher, qui avait combattu à ses côtés à Valmy et à Jemappes.
Industrie :
Au milieu du XIXe siècle, Dourlers une des rares communes du secteur comportant une petite industrie : elle abrite notamment des fabriques de grosse quincaillerie, d’instruments aratoires (fabriques Brillet, Lambert et Cie) , de clous, des métiers à tisser pour les cazées, étoffes destinées au peuple et tissées à partir de laine des Ardennes, une bonneterie spécialisée dans les bas de laine, des ateliers de boissellerie et deux brasseries.
Source MH
La première de ces brasseries était tenue par Ernest Bruyère (1890 1900) puis par Ernest Demade jusqu’en 1914 avant de devenir la brasserie de Fortuné Marant jusqu’en 1940. La seconde brasserie Pierart de 1890 à 1902 puis Leroy jusqu’en 1914, fut dirigée par la suite par Lucien et Evariste Mary.
Une carrière de calcaire marbrier, appelé brèche de Hainaut, était également exploitée, ainsi que des carrières de moellons.
Par arrêté préfectoral du 23 août 1856, on apprend qu’un moulin destiné à travailler le fer fut érigé à cette date par Auguste Brillet (1811 1865), négociant et maire de Dourlers. Cette usine a peut-être été transformée en brasserie par Ernest Demade mais sous toutes réserves.