Eth est un joli petit village enfoui dans la verdure. Il est comme Bry, son voisin, d’origine fort ancienne car des vestiges gallo-romains y ont été découverts.
L’étymologie est la même que pour la ville d’Ath (d’ailleurs il s’appelait Ath au XII e siècle). Il tire son nom du germanique « haitha » qui signifie les bruyères.
Eth figurait en 1186 parmi les paroisses du décanat de Valenciennes.
Au Moyen-Age, Eth, tenue en fief du seigneur de Roisin (Belgique) , se trouvait dans la prévoté du Quesnoy et devait au comte de Hainaut les services d’ost et de chevauchée. La seigneurie en 1484 était possédée par Gilles de Reulin. À cette date, le seigneur d’Eth acheta à Charles de Croy, comte de Chimai, la terre de Bry, village qui tombait alors sous la paroisse d’Eth. Dans des actes du XV e siècle -XVI e siècle, plusieurs membres de la famille de Sart portaient le titre seigneur d’Eth.
Au XVIIe siècle, la seigneurie était au main des Hennin et à la fin de l’Ancien Régime au main des Leducq. En 1828, M. Leducq était désigné comme maire et seigneur d’Eth.
Il y existait un château féodal, dont les restes ont été utilisés dans la construction, en 1776, du château actuel.
Elle est du XIII e siècle. Le maître autel est orné d’un retable (Vierge triomphante) attribué à Gaspard de Crayer (peintre flamand élève de Rubens) et surmonté d’une curieuse statue de St Denis.
À gauche du cœur, la chapelle seigneuriale. Au-dessus de l’entrée de cette chapelle, très beau monument funéraire, mais très délabré, avec défunts agenouillés.
Dans le bas-côté gauche, statue de St Antoine ermite du XVIème siècle.
À voir aussi quelques pierres tombales intéressantes dont celle de Marguerite Van Does, épouse de Gilles de Ruelin, seigneur d’Eth, de Bry et de Rombie, dite « la belle Hollandaise » qui trépassa le 26 décembre de l’an 1573.
Chapelle de la fin du règne de Louis XIV. Sur une pierre est gravée la date de 1713. Chapelle octogonale de 4 m de hauteur avec une épaisseur des murs de 35 à 45 cm sous la corniche. Elle est dédiée à Notre Dame de Grâce et des Petits Enfants. Elle devait probablement être consacrée le Premier dimanche de Mai aux petits enfants baptisés pendant l’année écoulée.
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CHÂTEAU D’ETH :
Le château, au décor brique et pierre, reconstruit en 1766 sur des fondations plus anciennes, fut jusqu’au début du XXe siècle la propriété des barons d’Estreux de Beaugrenier.
La date portée sur la grille d’entrée est probablement relative à la construction effectuée par François Leduc en 1766.
Entouré de douves, il se compose d’un corps de bâtiment principal du côté ouest, auquel se soudent des dépendances dominées par le colombier du côté nord.
On accède à la cour d’honneur après avoir franchi une grille en fer forgé du XVIIIème et un pont à quatre arches en pierre bleue.
La façade principale est percée de huit fenêtres irrégulièrement espacées au premier étage, de six fenêtres et de deux portes au rez-de-chaussée.
Un pavillon carré faisant une légère saillie forme la limite sud.
Les toitures à hauts combles sont indépendantes.
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MOULINS :
Du point de vue industriel, la commune accueilli entre 1851 et 1885 une sucrerie et deux moulins à eau étaient situés sur le ruisseau du Sart au cours du XIXe siècle :
1 Le moulin à eau de Théodore Lenglet
Le 4 avril 1779, le sieur Debonnaire Deforges, de Paris, renvoie une requête de Théodore Lenglet, au subdélégué du Quesnoy, pour avoir son avis, sur la demande de permission de faire construire un moulin à eau à moudre blé à Eth, requête accompagnée d’un jugement favorable du Bureau des Finances de Lille du 31 décembre 1778.
Le 25 mai 1779, Lefebvre de Belleperche lui répond qu’il a confirmation qu’un moulin est érigé depuis plusieurs années, et n’est pas nuisible, au contraire d’une grande utilité. Debonnaire Deforges, donne son accord, Théodore Joseph Lenglet s’engageant à payer 15 florins, redevance annuelle depuis qu’il a tourné. En fait le moulin fut construit en 1762.
Théodore-Joseph Lenglet loue le moulin à son fils Félix Lenglet, époux de Catherine-Joseph Mandron pour 9 ans par acte du 4 floréal an 7 (23 avril 1799.
En Novembre 1853 surgit une plainte de Théodore Lenglet fils contre le sieur Langlumé, propriétaire d’un nouveau moulin à Eth. L’objet du litige est une pièce de bois que comporte une des quatre vannes de ce nouveau moulin, le sieur Langlumé surmontant ainsi par ce madrier en chêne de 20 cm la tenue d’eau de la rivière.
Ce litige durera jusqu’au 25 février 1856, date d’un arrêté préfectoral qui termine l’affaire.
Le moulin est acquis par Langlumé et cesse de fonctionner vers 1870.
2 Le moulin à eau d’Ernest Langlumé
Par lettre du 18 juillet 1846 adressée au préfet, Ernest Langlumé des Angles sollicite l’autorisation d’ériger un moulin à eau à moudre les grains sur la petite rivière d’Eth, à quelques mètres de la ligne qui sépare la commune d’Eth de celle de Sebourg, dans un parc appartenant à son beau père Mr Leducq.
Le 17 septembre, le maire certifie que l’enquête a été réalisée, sans aucune opposition. Elle est renvoyée à la préfecture qui, le 26 septembre, l’adresse à l’ingénieur. Celui-ci renvoie son rapport accompagné de plans le 25 février 1847. L’arrêté d’autorisation est signé le 29 octobre, indiquant les modalités techniques, et l’ordonnance royale le 19 juillet 1848.
Suite aux plaintes du meunier Lenglet, une enquête est ouverte du 8 au 28 juillet 1855. Ernest Langlumé, par une longue lettre du 27juillet, les réfute. Le projet de règlement est établi le 6 novembre, avec un rapport très détaillé de l’ingénieur. Une nouvelle enquête est ordonnée, ouverte du 23 décembre 1855 au 6 janvier 1856, sans observation. L’arrêté du 25 mars 1856 autorise le sieur Langlumé à conserver son moulin.
Ernest Langlumé des Angles, né à Beauvais le 10 ventôse an 11 (29 février 1803), fils de Nicolas-Louis Langlumé des Angles, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de la Légion d’honneur, rentier à Paris, et de Jeanne-Rose-Antoinette Dessaulx, se marie à Eth le 19 novembre 1834 avec Sidonie-Thérèse-Henriette Leducq, née à Eth le 5 mai 1817.
Le 2 mai 1859, Me Lustrement notaire à Jenlain, procède en son étude à la vente aux enchères « d’un moulin à eau, faisant de blé farine avec maison d’habitation, bâtiments et terrain bien, planté d’arbres fruitiers et de haute futaie, contenant le tout en superficie 1 hectare 56 ares, situés à Eth, tenant à M. Langlumé des Angles ».
Il s’agit du moulin Lenglet, que rachète Ernest Langlumé. Les deux moulins sont convertis en bâtiments ruraux vers 1870.