Felleries, quoique n’étant encore, au XVI e siècle, qu’un hameau de Ramousies, formait cependant, déjà, en 1180, une paroisse particulière figurant dans la liste donnée par J. de Guise, XII, 339, à l’occasion des tailles imposées au clergé du Hainaut par les évêques de Cambrai et d’Arras (cf « Bulletin de la commission historique du département du Nord » – tome IX – 1866).
L’église dont la tour était de 1611 a été reconstruite en 1755 (voir notice historique en bas de cette page). Elle contenait des objets précieux : chaire, retable avec colonnes en marbre des Pyrénées provenant de l’abbaye de Liessies. Malheureusement, elle a été incendiée le 26 août 1914 et ces objets ont disparu.
Ce n’est qu’en 1927 que des travaux de construction ont été entrepris et en 1928, l’église que l’on connaît aujourd’hui a vu le jour. Les deux cloches de Felleries ont pour nom Jeanne d’Arc et Marguerite-Marie. Elles ont été refondues en 1920 pour faire patienter les Fleurisiens en attente d’une nouvelle église.
Kiosque octogonal en fonte avec soubassement en briques construit en 1929. Un toit d’ardoises à pans inclinés a remplacé un toit plat.
Obélisque surmonté d’un coq. Bouclier contenant des palmes Médaillon de bronze représentant le profil d’un soldat
Le monument est inauguré le 14 Août 1921 après midi.
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Juillet 1901 : inauguration et mise en service de la ligne de chemin de fer Avesnes-sur-Helpe– Sars-Poteries. Inscrite dans le plan Freycinet (loi du 17 juillet 1879), concédée à la Compagnie des chemins de fer du Nord par une loi du 20 novembre 1883, les travaux de construction de la ligne commencèrent après le jugement d’expropriation rendu le 29 avril 1898. La réception des travaux eut lieu le 24 juin 1901. La ligne fut ouverte au public le 20 juillet 1901. Elle reliait Avesnes-sur-Helpe à Solre-le-Château, via Flaumont-Waudrechies, Sémeries, Felleries, Sars-Poteries. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale (16 août 1941), le transport des voyageurs fut assuré. Ensuite, seul le transport de marchandises composé essentiellement par la livraison de fournitures agricoles (paille, engrais…) subsista jusqu’en 1953. Les bâtiments existent encore aujourd’hui.
Jadis : 10 ateliers pour fabrication de la boissellerie, qui occupent une grande partie de la population, une scierie de bois à vapeur, 2 brasseries, 2 tanneries, 1 blanchisserie, 2 briqueteries, 1 fabrique de chicorée, une foulerie, 2 moulins à eau, 1 moulin à tan, à vapeur (écorce de chêne réduite en poudre pour le tannage des peaux), 1 moulin à brayer, une carrière de pierres, actuellement 2 ateliers de tournage automatique.
Retrouvez tous les explications concernant ces moulins sur mon site Moulins en Avesnois
La commune est à la recherche en 2022 d’un promoteur en vue de la réhabilitation du site de l’ancienne brasserie des 3 cantons en un béguinage qui devrait permettre la construction d’une dizaine de maisonnettes pour séniors afin que ces derniers puissent vivre en autonomie.
En 2015 le maire Pascal Noyon et son adjoint aux travaux Jean-Luc Vander Goten initient la création d’un éléphant grandeur nature, en osier sur armature d’acier, en souvenir de Jenny, éléphante du parc zoologique Tierpark Hagenbeck de Hambourg , amenée par les Allemands, durant la Première Guerre mondiale, pour servir de bête de somme et de trait.
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Musée des Bois Joli de Felleries :
On appelle l’industrie du Bois Joli ainsi dans le pays d’Avesnes, l’industrie du bois façonné et de la boissellerie, développée grâce à la proximité de la forêt.
A partir de 1600 existèrent des fabricants de « louches » ou cuillères en bois. Au XVIII e siècle se créèrent des ateliers de tourneurs sur bois.
Avec le développement de l’industrie textile la boissellerie connut son plein essor avec la fabrication de bobines et objets divers de filatures.
Un musée de la boissellerie est installé dans un ancien moulin restauré sur la Belleuse. Il retrace le passé de cette activité avec démonstration de tournage sur bois et visite du dispositif de commande du moulin en action : engrenages, rouet, tourillons.
Les salles d’exposition regroupent un nombre important de «bois jolis» : objets domestiques ou liés à la vie rurale et industrielle, jeux traditionnels, issus des essences d’arbres de la forêt qui entoure Felleries. Les outils de travail – notamment les tours à main et à pied – sont aussi présentés. Photos sur le site Wikipédia
Notice historique concernant la reconstruction de l’église de Felleries au XVIII e siècle :
Etat Economique du village de Felleries au XVIII e SIÈCLE
(Arch. départ., Nord, C, Hainaut, 335)
Felleries n’a pas toujours été le riche et puissant village qu’il est aujourd’hui Au début du xvne siècle, il n’était encore qu’une annexe de la paroisse de Ramousies : c’est seulement en 1614, que son église de secours fut érigée en église paroissiale et que Felleries est devenu une paroisse.
Or cette église menaçait ruine au milieu du XVIIIe siècle et d’autre partie était devenue trop petite pour la population (893 habitants pendant la Révolution) Force était bien d’en construire une nouvelle. C’est précisément à l’occasion de la construction de-cette nouvelle église qu’ont été échangées des lettres ou nous trouvons aujourd’hui d’intéressants détails sur la situation économique de Felleries il y a près de deux cents ans.
Il fallait donc construire une nouvelle église. A la demande des habitants, le subdélégué de l’intendant, Delaleu, résidant à Avesnes, se rendit le 12 janvier 1749 à Felleries et, ayant convoqué les habitants à l’issue de la messe paroissiale, il leur demanda de donner leur avis par écrit sur la nécessité de cette construction : sur une feuille partagée en deux colonnes, les partisans de la construction devraient inscrire leur nom dans la colonne de droite ; les opposants, dans la colonne de gauche. 53 chefs de famille signèrent à droite ; pas un seul à gauche La construction fut donc décidée et aussitôt entreprise.
Mais voici que deux ans après, on commença à parler de la note à payer. Elle se montait à 14401 livres, 8 sous 6 deniers. Pour la solder les habitants avaient bien compris qu’ils devaient s’imposer des sacrifices, mais ils avaient aussi escompté l’aide financier du prince d’Orléans, le plus gros propriétaire du pays, puisqu’il possédait tous les bois situés sur le territoire de la paroisse (1200 hect ) Et le prince d’Orléans se faisait tirer l’oreille. Il prétendait même rester complètement étranger à tous les frais et, à son instigation, le nouveau subdélégué d’Avesnes, M. Fabry s’ingéniait à convaincre les habitants qu’ils étaient assez riches pour payer tous seuls leur nouvelle église.
Ceux-ci trouvèrent dans leur curé Henninot un énergique et, il faut le constater, un éloquent défenseur. Dans une lettre écrite le 3 mars 1751, le curé Henninot s’en prend vertement à Fabry dont il renveise tous les arguments. C’est en vain que, pour plaire à Son Altesse le prince d’Oiléans, on insinue que les paroissiens de Felleries sont des paysans aisés. Il s’agit là d’une machination Felleries n’est pas riche !
A Felleries, il n’y a guère plus de 2 charrues de terre labourable, et elles sont aux mains de 7 ou 8 particuliers. Donc presque pas de terre labourable II y a bien quelques terrains communaux qui pourraient profiter à la Communauté, mais ils sont si mauvais, si humides à cause de la nature du sol et du voisinage des bois qu’ils sont toujours en friche et sont d’un rapport insignifiant. Le reste du sol est en pâtures de maigre valeur.
Ce n’est donc pas les ressources agricoles qui peuvent enrichir la population de Felleries. A l’exception de quelques personnes aisées, les paroissiens sont dans l’ensemble, de petites gens d’autant plus à plaindre actuellement, dit le curé, que, depuis douze ans, depuis 1740, les grains et tous les vivres ont augmenté de prix considérablement et qu’ils doivent tout acheter puisqu’ils ne récoltent rien A cet égard, leur condition est bien inférieure aux paysans des autres villages.
Sans doute, s’ils ne peuvent cultiver, ils se livrent à un autre travail presque tous sont occupés à toutes sortes d’ouvrages de bois jolis. Mais précisément, par cette industrie, ils donnent une plus-value aux bois du prince d’Orléans et grâce à eux les arbres du prince se vendent à merveille Le prince devrait donc reconnaître cet avantage en les aidant à payer leur église.
Tel est le sommaire de la lettre du curé Henninot.
Eût-il gain de cause ? Je ne le crois pas, bien que je n’en aie pas de preuve certaine En tout cas d’après les documents, les habitants de Felleries furent autorisés par arrêté royal :
1° à établir, pendant cinq ans, un droit de 30 livres sur chaque brassin de bière cabaretière, et un autre de 15 livres sur chaque brassin de bière bourgeoise qui serait fabriqué sur le territoire de la paroisse ;
2° à imposer pendant ces cinq années, sur tous les habitants, une somme annuelle de 600 livres, chacun payant suivant ses moyens.
Or, en 1757, les cinq années étaient écoulées, sur la dépense totale de 14401 livres 8 sous 6 deniers, il restait encore à payer 6 à 7000 livres, presque la moitié. Les habitants demandèrent au roi de pouvoir prolonger durant cinq années encore les impositions susdites, mais en les diminuant de moitié, proposant seulement 15 livres sur chaque brassin et 300 livres d’imposition générale.
Ils furent autorisés par arrêt du Conseil d’état du 18 octobre 1757. Mais dans toutes ces impositions et parmi tous ces paiements, nulle trace d’un appui financier donné par le Prince d’Orléans
Cette église de Felleries, beaucoup parmi nous l’ont connue. Elle était vaste, avait de magnifiques colonnes en pierre de taille, un maître autel et deux autels latéraux en marbre du pays, gris et blanc, du plus pur style xvme siècle Elle a malheureusement été incendiée par les Allemands en 1914/ Les habitants de Felleries ne se doutent •certainement pas que leurs ancêtres, malgré leur indigence, l’avaient acquittée eux-mêmes sou par sou en payant un peu plus cher la chope qu’ils prenaient pour se rafraîchir entre deux ouvrages de bois jolis
LETTRE DU CURÉ HENNINOT DE FELLERIES 3 Mars 1751
« Il s’agit de la faculté de nos habitants et M Fabry voudrait aujourd’hui faire croire que cette paroisse est en état de reconstruire elle-même son église, sous prétexte que les habitants sont presque tous trafiquants, industrieux et agissants, et que c’est par conséquent injustement qu’ils ont recours aux étrangers pour la bâtir au dépens de notre prince
« Cette objection est toute semblable à celle que M de Belille m’a fait de sa part quand il nous a dit au mois d’octobre que notre église n’avait d’autre nécessité que celle d’être un peu agrandie et raccommodée nonobstant tout ce que nous avons pu dire au contraire ; c’est à dire que MM les officiers s’apercevant enfin de la faiblesse de leurs premiers moyens d’oppositions, et n’en voulant point avoir le démenit à quelque prix que ce soit, ils paraissent n’avoir plus aujourd’hui d’autre ressource que de nous contester des faits nouveaux plus avérés encore que les premiers, sans vouloir jamais se rendre ni à la vérité qui les presse ni aux raisons qui la soutiennent invinciblement.
« Il est vrai qu’ils n’en viennent à ces extrémités que pour soutenir les intérêts de S. A S. et libérer ses biens de la prétendue servitude à laquelle ils croient que nous voulons les assujettir… mais ils ne devraient pas éteindre peu à peu comme ils le font les sentiments de charité que notre auguste prince avait d’abord conçus si généreusement en faveur de notre Eglise, ni rebuter et déconcerter ainsi par des longueurs interminables le zèle de nos habitants qui n’est déjà que trop chancelant, en leur suscitant sans cesse des nouvelles querelles sans autre raison que celle que la prévention ou l’intérêt leur ont suggéré…
« Car puisqu’il faut encore une fois en venir au détail de la faculté des habitants de Felleries, MM les Officiers d’Avesnes savent aussi bien que moi
1. — qu’il n’y a pas plus de 2 charrues de terres labourables dans toute la dépendance de Felleries et encore ne sontelles occupées que par 7 ou 8 particuliers et que par conséquent tous les autres habitants ensemble ne dépouillent pas même un épi de grain pour leur subsistance
2. — que le peu qu’il y a de biens communaux est presque toujours en friche à cause de la stérilité ou crudité du terrain situé le long du bois, dont le produit annuel ne vaut pas à la communauté plus de 50 florins.
3 — enfin que l’autre partie du territoire consistant en pâtures est à peu près à proportion de tout le reste pour le nombre et la valeur.
« Voilà, Monsieur le dénombrement simple et exact des fonds de la paroisse Si M Fabry voulait encore faire attention que la communauté de Felleries ainsi située, outre les charges qui lui sont communes avec les autres paroisses, est encore chargée de la maison pastorale et de la portion d’un vicaire et en partie de celle du curé et enfin de l’église et du choeur avec tout ce qui concerne leur entretien et le service divin, il lui serait bien difficile de conclure comme il fait que nos habitants sont en état de fournir aux frais de la reconstruction d’une nouvelle église et il verrait que cette paroisse e_t beaucoup plus malheureuse qu’elle n’est coupable en tout ce qu’il a fait pour lui résister.
« Il faut cependant avouer à M. Fabry que les habitants de cette paroisse sont fort agissants, laborieux et trafiquants et peut-être même plus qu’aucune paroisse de la terre d’Avesnes ; mais il doit convenir en même temps que cela n’est pas surprenant dans les circonstances où ils sont ; car comme ils n’ont pas de fonds pour subsister, il faut bien qu’ils y suppléent par leur travail et leur industrie, selon le proverbe qui dit : vexatio dat intellectum
« Quoi nonobstant, c’est une erreur de s’imaginer que cette communauté soit aussi puissante qu’on veut la faire paraître ; car quoique dans le plus grand nombre il s’en trouve quelques uns très en état de fournir amplement leur contingent, il n’en est pas ainsi du commun du peuple, car moi qui’ dois connaître mieux que personne la faculté des habitants, je puis dire hardiment, sans craindre de blesser la vérité, que cette paroisse est bien plus faible qu’elle n’a été depuis longtemps parce que, eu égard à la cherté des grains et des vivres depuis l’an 1740, tout ce qu’ont pu faire les habitants par leurs travaux industrieux n’a même pas suffi pour y pourvoir . tout au contiaire des autres paroisses qui dépouillent chaque année à peu prè’ leur nourriture, au lieu que celle-ci ne dépouille pas à beaucoup près la 20e partie de ce qui lui est nécessaire et encore n’y en a-t-il, comme on a vu, que 7 ou 8 particuliers qui ont des terres labourables
« Il est donc visible que la conséquence -que M Fabry tire de l’industrie trafiquante des habitants de Felleries n’est qu’une échappatoire pour décliner la coopération que nous demandons à S. A. S„ sous les auspices de Mgr l’Intendant , car la conséquence serait plus juste et plus naturelle si on concluait du même principe qu’il est du moins convenable que S A S se porte à seconder le pieux dessein de son peuple, d’autant plus que toute l’industrie de ce peuple consiste à travailler toutes sortes d’ouvrages de bois jolis de toutes espèces et que c’est par là que, de l’aveu même de MM les Officiers d’Avesnes, il fait valoir les bois de S. A S. beaucoup plus sans comparaison qu’aucune paioisse de la tene d’Avesnes, de façon que, selon le sentiment des connaisseurs, en moins de 15 ans, ils sont en état de faire valoir lesdits bois au-dessus du prix commun plus que leur Eglise ne pourra coûter, et cela, par l’émulation et l’industrie de leur travail ».
J PETER
Mémoires de la Société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes Tome XIII 1930