L’Album de l’Avesnois au Seizième Siècle
Entre le 28 août et le 17 octobre 1977, l’association des Amis des Chapelles et Sanctuaires de l’Avesnois, soucieuse de la promotion de sa région et de son animation, fit tenir à la chapelle de l’Epine sur le territoire de Solre-le-Château, une exposition intitulée « L’album de l’Avesnois au XVIe siècle ».
II s’agissait pour la toute première fois d’offrir à la connaissance du grand public par le moyen d’agrandissements photographiques un échantillon des miniatures que Charles de Croÿ fit exécuter entre 1598 et 1622 de tous les domaines appartenant à sa maison et inscrits pratiquement des sources de l’Escaut jusqu’à la mer.
Cette exposition rassembla cinquante six vues des bourgades, villes et villages de l’Avesnois, tirées des manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale de Vienne. Le travail de reproduction photographique fut confié à M. Jean Lou Hallez, originaire de Felleries, qui livra des documents d’une grande beauté. Le commentaire historique fut assuré par Jean Mossay, président assistant à la Bibliothèque Royale Albert 1 er de Bruxelles. L’initiative de cette collection fut de Louis Mériaux, animateur permanent pour le sud-est avesnois. C’est cette première exposition que nous allons faire revivre en textes et en images.
Notons que Charles de Croÿ fit en réalité exécuter deux mille cinq cents vues recueillies dans vingt-trois albums dont dix-neuf seulement sont connus. II fut donc possible d’élargir pour l’Avesnois le relevé de ces gouaches en puisant à d’autres sources. C’est ce qui fut fait en 1978 pour une deuxième exposition avec les mêmes intervenants et toujours au même endroit. L’origine des planches fut en effet diversifiée. Elles eurent pour provenance la société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes, la Bibliothèque Royale Albert Ier et du Crédit communal de Belgique, enfin les archives de S.A.S le Prince de Croÿ à Dülmen (Westphalie). Soixante trois nouvelles vues complétèrent et élargirent l’exposition de 1977.
Un ensemble exceptionnel de vues
Depuis la fin des années 1950, l’attention des érudits franco-belges, particulièrement Daniel Misonne et Josy Muller, se porta sur un ensemble exceptionnel de vues intéressant une vaste région s’étendant de l’Artois à la Flandre et au Namurois. Ces vues ont été exécutées à la fin du XVIe siècle et au début du siècle suivant pour Charles, premier duc de Croÿ, quatrième duc d’Arschot.
Né à Beaumont le Ier juillet 1560, Charles de Croÿ épouse à vingt ans Marie de Brimeu, d’une maison originaire de Picardie. Il accomplit une carrière diplomatique et politique ; il sera lieutenant-gouverneur, capitaine général et grand bailli du comté de Hainaut et de la ville de Valenciennes, et, parmi de multiples titres, seigneur d’Avesnes. Esprit curieux, bibliophile, amateur d’œuvres d’art, dessinateur à ses heures, il entreprend de faire dessiner ou peindre sur parchemin ou papier les vues de villes et de villages, de châteaux et d’abbayes, situés sur les nombreuses terres qui lui appartiennent ou dans les régions avoisinantes. Charles de Croÿ épouse en secondes notes sa cousine Dorothée de Croÿ en 1605. Il meurt dans son château de Beaumont le 13 janvier 1612. Avant de disparaitre, le duc de Croÿ a pu rassembler trois mille vues environ dans ses albums. Une part de ces peintures sur parchemin est l’œuvre d’un artiste de Valenciennes, entouré sans doute d’une équipe, Adrien de Montigny, dont on sait, grâce au savant Paul Lefrancq, qu’il est en 1608 un des neuf confrères de la Corporation des peintres de Valenciennes où il mourut en 1615.
Un inventaire des biens est dressé après le décès du duc en vue d’une vente publique qui aura lieu à Bruxelles en 1614. Y figurent vingt-trois mentions concernant les albums.
Malgré les aléas de la dispersion de 1614, malgré les bouleversements et les spoliations qu’ont subis les recueils, dix-neuf albums sont retrouvés avec certitude jusqu’à maintenant. Dès 1740, l’album du Comte de Namur entre à Paris dans la Bibliothèque nationale. Huit albums, disposés aujourd’hui en quinze volumes, font partie des collections impériales autrichiennes à Vienne, après le décès en 1780, à Bruxelles, de Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas. L’album de dessins à la plume sur parchemin intéressant Chimay et les alentours fait partie des collections de la Bibliothèque royale à Bruxelles depuis la fin du XIX e siècle.
L’ album concernant les prévôtés de Maubeuge, de Bavay et de Binche entre en 1850 dans la bibliothèque du roi Léopold-Ier de Belgique: mis en vente en 1977 à Londres, il a fait retour depuis à la Belgique. Deux volumes sont conservés à Prague dans les collections publiques tchécoslovaques. L’ a lbum groupant les sites de la Sambre et de la Lys appartiennent depuis 1977 à la Bibliothèque royale à Bruxelles. Six albums sont conservés dans la bibliothèque de descendants de de Charles de Croÿ; cinq réunis maintenant en quatre volumes appartiennent à S. A.S. le duc de Croy, au château de Dülmen, en Westphalie. L’un et l’autre feuillets distraits des albums sont encore à signaler ; ainsi une vue remarquable de Valenciennes est conservée au musée municipal de cette ville.
Avesnes et ses alentours sont évoqués par des vues magnifiques peintes sur parchemin, cernées d’encadrements, très décoratifs; elles font partie des albums conservés à Vienne (ces vues furent exposées à la chapelle de l’Epine en 1977), à Dülmen et à Bruxelles (un choix fait sur ces deux sources d’albums est dans l’ exposition de 1978). Mais Avesnes même, un précieux recueil d’aquarelles comprenant quatorze feuillets, intéresse lui aussi l’Avesnois ; il appartient à la Société archéologique locale qui le conserve dans son musée, si intéressant à maints égards.
Ce recueil se rattache à l’ensemble des albums déjà signalés ; il présente cependant des caractéristiques différentes. Les feuillets, de formats variables, sont de papier et non de parchemin ; ils n’ont pas l’aspect somptueux des vues qui composent les autres albums. C’est au contraire, avec une grande sobriété de moyens qu’y sont reproduits les lieux et les monuments ; ce ne sont plus des tableaux, mais la précision y gagne. Ces caractéristiques amènent tout naturellement à penser que le recueil d’Avesnes, ainsi d’ailleurs que l’un et l’autre recueils proches d’aspects conservés en Belgique, contient des vues destinées à décrire les biens du duc de Croÿ.
L’exactitude demandée à de tels documents dont la destination est avant tout administrative, n’exclut pas nécessairement l’agrément de leur aspect !
Cet ensemble exceptionnel de vues que renferment les deux types d’albums exécutés pour Charles de Croÿ, permet de connaitre pour la première fois ou de compléter l’iconographie d’un nombre considérable de sites et de monuments du nord de la France et de la Belgique à l’aube du XVII• siècle.
Paul CULOT Assistant à la Bibliothèque Royale Albert-Ier Bruxelles 1978
La peinture d'une paix sereine
On est frappé, quand on examine la collection des albums de Croÿ, non seulement par l’exactitude du détail et par le talent du peint à faire revivre nos villes, villages et campagnes du Hainaut, mais aussi par une paix sereine qui se dégage des différents tableaux. Ils sont printaniers, agrestes, bucoliques. Les petites silhouettes de paysans semblent vouloir exprimer le bonheur de vivre. Le peintre déploie ses couleurs les plus chatoyantes, qui vont d es horizons bleutés chers à Watteau, à la variété des verts, du vert tendre des pâturages au vert sombre des bocages.
Tout s’explique par l’histoire. Ces gouaches ont été peintes entre 1598 et 1636 ; et par un hasard exceptionnel le Hainaut est en paix. Le Traité de Vervins a été signé en 1598 entre la France et l’Espagne ; et il n’y aura plus d’autre guerre avant 1636. 38 ans de paix, c’est énorme dans une région où toute l’Europe venait régler ses différends ! 38 ans de paix, dans un pays dont la terre est féconde et riche, qui connaitra encore d’autres guerres, et terribles, mais qui se réjouit du bonheur qui passe et qui exprime sa joie, que ce soit dans les travaux des champs, dans l’allégresse d’une partie de chasse, ou simplement dans le bonheur paisible d’une promenade.
Et autour des personnages, il y a des encadrements de fleurs et de fruits. La nature toute entière est en fête. Les cheminées fument ; et les éducateurs vous diront que dans les dessins d’enfants, ce détail souligne toujours le bonheur qui règne dans la maison…
Une époque heureuse que celle des Archiducs Albert et Isabelle, qui ont eu à faire face à d’autres guerre pendant leur règne, mais qui ont eu le bon goût de les livrer loin du Hainaut. C’est ce qui fait le charme de ces petits tableaux, qui sont les témoins d’une période sans histoire.
Jean MOSSAY. Président de la Société Historique et Archéologique de l’arrondissement d’Avesnes
Le catalogue de l'exposition de 1977
Avant-Propos
En vous conviant à ce merveilleux voyage par l’intermédiaire de ces images précieuses qui vous restitue l’Avesnois d’il y a quatre siècles, les reponsables de cette exposition souhaitent plusieurs choses.
D’abord que les visiteurs, habitants et amis de l’Avesnois s’y retrouvent dans chacune des vues où des édifices sont encore présents malgré les dévastations des guerres et les modifications de l’économie régionale.
Avec l’historien Jean Mossay, c’est chose aisée et combien utile pour restituer à patrimoine architectural son histoire et sa signification d’origine.
Pour la première fois, à une si grande échelle, des documents historiques de première importance sont ainsi produits à la connaissance des habitants de ce pays alors qu’ils n’étaient jusque là connus que de quelques rares initiés.
Que Maitre Jean Mossay et les responsables de la bibliothèque nationale de Vienne (Autriche) soient ici remerciés chaleureusement de leur participation à une telle entreprise.
Ceux qui aiment cette région, en appréciant la chance que nous avons en ces albums de Croÿ de pouvoir ainsi consulter ce « mémoire » de nos bourgades et de nos sites à une époque prospère et semble-t-il heureuse, y trouveront nécessairement matière à confrontations utiles et à réflexions propres a engager et soutenir les actions de mise en valeur et de sauvegarde de notre patrimoine régional.
II nous semble que pendant des siècles, lorsqu’il y eut à construire ou à reconstruire en Avesnois on se soit comme tout naturellement référé à ce contexte harmonieux et ordonné que nous décrivent les gouaches d’Adrien de Montigny.
Vient aujourd’hui l’heure des aménagements des techniciens de l’espace urbain et rural, des loisirs et du tourisme. L’on voudrait espérer en contribuant à la connaissance profonde de l’Avesnois que lui soit épargné la banalité et l’anarchie qui sont d’usage trop souvent chez les bâtisseurs d’aujourd’hui.
Que demain comme hier l’Avesnois garde ce visage solide et juvénile tout à la fois pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment vivre dans cette région.
Cette exposition voudrait être un hommage au photographe et ami regretté Joseph Michalik qui nous a brusquement quitté en ce début d’été. Son amour de la région et l’œil avec lequel il la pénétrait, la traduisait, ont suffisamment nourri ce projet pour que nous lui manifestions ici notre plus profonde reconnaissance.
En Avesnois un patrimoine précieux est à sauver… Participez à l’action des amis des sanctuaires de l’Avesnois.
Les reproductions de la couverture sont tirées des planches de l’Album de Croÿ se rapportant au recto à la ville d’Avesnes et pour le verso au village d’Herbignies
Avertissement
Ce catalogue a d’abord été concu pour aider le visiteur s’y retrouver dans les sites et l’époque des villes et villages ici exposés. Me Jean MOSSAY a assumé cette rédaction en qualité d’historien passionnément attaché à cette région
Nous limitant dans cette première exposition au volume des miniatures de Croÿ en dépôt à la Bibliothèque Nationale de Vienne, nous n’avons pu adopter un ordre géographique satisfaisant. La visite est donc conçue selon l’ordre des numéros.
On lira par ailleurs avec intérêt ce que l’historien Paul LEFRANCQ a pu élucider sur Ia personne et l’œuvre picturale d’Adrien de Montigny l’auteur présumé de ces gouaches.
Cette vision de l’Avesnois a inspire l’architecte Bernard HENRY ,il nous a semble intéressant d’associer les visiteurs de l’exposition à ses reflex ions.
Préface
Vers 1960 l’attention des archéologues fut attirée sur des albums existant aux Archives de Vienne et de Dülmen et contenant des miniatures intéressantes pour l’histoire de cette province.
Nous avons essayé de nous en procurer des reproductions. Des amis qui avaient leurs entrées dans les administrations autrichienne et allemande nous aidèrent et nous pûmes ainsi faire une véritable découverte.
De quoi s’agissait-il ? D’un ensemble de gouaches décorant un ouvrage ayant appartenu à Charles de Croÿ, duc d’Arschot et seigneur d’Avesnes. Celui-ci qui était un amateur d’art et un collectionneur, avait fait établir par son peintre, le Valenciennois Adrien de Montigny, les vues de toutes les villes et tous les villages de la région, comme un touriste d’aujourd’hui collectionnant les cartes postales. Tout cela fut peint entre 1597 et 1622, et achevé après la mort du Duc en 1610 par d’autres peintres, valenciennois eux aussi.
On devine l’intérêt que présentent pour nous ces documents. C’est tout un passé inconnu qui ressurgit à nos yeux. Des monuments dont on avait perdu le souvenir apparaissent. C’est toute notre province du Hainaut qui ressuscite telle qu’elle était autrefois, et comme si son image avait pu être fixée par la plaque photographique.
Car tout a été fait avec la minutie propre aux artistes flamands et hollandais. Adrien de Montigny est venu sur place. Et nous avons pu le contrôler par des documents archéologiques. Tout a été reproduit avec la plus scrupuleuse exactitude.
C’est donc, non seulement un admirable ensemble d’œuvres d’art mais une mine de renseignements pour l’histoire des monuments, de la culture, des mœurs de l’habitat, du costume aussi, car il y a des personnages.
Feuilleter cet album de Vienne , c’est faire un merveilleux voyage à travers l’Avesnois à la fin du XVIe siècle, nos visiteurs n’auront pas à le regretter.
Jean MOSSAY Président de la Société Historique et Archéologique de l’arrondissement d’Avesnes
L'exposition de 1977 et ses 56 tableaux
1 AMFROIPRET
Joli petit village avec son église construite au XVI e siècle. A droite, l’imposant château féodal qui appartient alors à la famille de Haynin. Il passa peu de temps après à la famille de Mont maurt.
2 LA VILLE D’AVESNES
Comme le dit l’inscription, le seigneur d’Avesnes a le titre de premier pair du Hainaut.
On arrive à Avesnes par le chemin de la Thiellerie, seule route autrefois pour venir de Maubeuge. On voit au premier plan l’atelier du maréchal-ferrant. Ce n’est qu’une bicoque sans enseigne mais on voit très bien la logette où l’on introduit le cheval pour le ferrer. A droite, sur le cavalier on remarque un canon braqué sur la campagne. ce tableau a été peint sans doute à la veille du traité de Vervins (1598) qui a rétablit pour un temps la paix entre la France et l’Espagne.
3 FONTAINE AU BOIS
L’église du village est celle que nous connaissons encore aujourd’hui, avec son gros donjon carré, bâti sur une motte, vers 1600. Ce donjon est à meurtrière, sans fenêtres, ni portes. La ferme fortifiée que l’on voit à droite appartient à l’abbaye St André du Cateau.
4 HECQ
Ce village, comme l’église, appartenait aux moines de Maroilles depuis le XI e siècle.
5 LES ETOQUIES
Hameau de Landrecies à la lisière de la forêt de Mormal.
6 SAMBRETON
Hameau de Landrecies sur la route de Guise.
7 HAPPEGARBES
Hameau de Landrecies, ainsi nommé parce que les envoyés des moines de Maroilles, qui percevaient la dime, venaient « happer les gerbes ».
Ce cours d’eau qui serpente est la Sambre. Ce n’est qu’au siècle dernier que par la création du canal de la Sambre à l’Oise, la rivière est devenue navigable. La ferme fortifiée qu’on aperçoit appartient à l’abbaye de Maroilles.
8 LA FOLIE
Hameau de Landrecies sur la route d’Ors. Un moulin à vent. Ces moulins ne se rencontrent guère que dans la région de Landrecies-Le Quesnoy.
9 MAUBEUGE – STE ALDEGONDE
Devant la chapelle des Sœurs Noires, à gauche, se trouve le marché de Copenage, appelé ainsi du nom de la taxe prélevée sur les céréales que l’on apportait au marché.
Au centre, une boutique à la façade arrondie, où l’on remarque les éventaires devant les fenêtres, et une maison curieusement soutenue par des colonnes. Remarquer les personnages. Une dame porte la faille, ce long voile noir attaché au chapeau. A droite, une chanoinesse du Chapitre, remarquable à sa robe blanche.
10 LOUVIGNIES
On ne remorque surtout qu’une belle église fortifiée dont la tour est soutenue par des contreforts, et qui a disparu aujourd’hui.
Bel encadrement d’oiseaux.
11 BERLAIMONT
Chambellan n’est pas un nom de bien, mais un titre que le duc Charles de Croÿ a acquis de son vassal le Comte de Berlaimont.
Belle vue de l’ancienne église, on aperçoit les bâtiments municipaux, qui existent encore, à peine transformés.
On pratique le canotage et la pêche à la ligne sur la Sambre, non navigable
12 VILLAGE DE GOMMEGNIES
Autre vue du même village, prise avec un peu plus de recul et sous un angle très légèrement différent.
Près du four à chaux et sur un établi, l’ouvrier affute ses outils. Au carrefour, une barrière de péage.
13 BAVAY
Voici la cite gallo-romaine… A vrai dire nous ne voyons rien de romain. Tous les vestiges de la ville que traversa l’empereur Tibère demeurent ensevelis et affluent les archéologues du XXe siècle pour les exhumer.
Aujourd’hui nous n’apercevons même pas les bosses qui sont situées au Nord ouest tandis que nous abordons la ville par le Sud , par les sablières reconnaissables à la couleur du sol.
Nous remarquons seulement que Bavay possède d’imposants remparts, quelques couvents et surtout un très bel hôtel de ville. Est -ce celui dont le grand artiste Jacques du Breucq dessina les plans en 1544 ? II est impossible de le dire puisque Bavay a subi d’importantes destructions au XVIe siècle ; Mais à voir son ampleur et son joli clocher à bulbe, il n’est pas interdit de le supposer.
14 MARBAIX
Marbaix est un village de la terre de St Humbert. II est défendu par une forteresse que nous voyons devant l ‘église. II s’agit dune ferme fortifiée qui appartient à l’abbaye de Maroilles.
Au premier plan un pauvre bûcheron tout couvert de ramée, et une paysanne qui porte un paniers d’osier sur sa tète. On remarquera que c’était une coutume du pays de porter les fardeaux sur la tête. Cela donnait un joli maintien.
15 NOYELLES
Voici Noyelles, village de la terre de St Humbert. Un charmant paysage : la petite église, l’Helpe qui coule à ses pieds, et le moulin traditionnel, des arbres, une ferme avec ses paysans.
Les paysannes sont assises dons l’herbe, occupées, sans doute à filer la laine qu’elles porteront dans quelques jours au marché d’Avesnes ou de Maubeuge. Partout des animaux : des moutons, des cochons, des vaches, des chevaux.
Pour tout le monde, c’est le bonheur de vivre. Et pourtant, cette ferme ci est pauvre, avec ses murs de terre battue , sans fenêtres. Le fermier est monté sur un mulet. Le mulet passe partout, tandis que let cheval a bien de la peine à parcourir ces chemins, impraticables à la mauvaise raison.
16 LA VILLE DU QUESNOY
Au premier plan, les étangs. Les bourgeois viennent s’y promener et s’y livrer aux joies de la pêche à la ligne . Mais il y a partout des barrières où il faut payer son écot. II y a des guinguettes bien achalandées, dont on aperçoit l’enseigne à gauche.
De là on gagne la ville par le faubourg Fouroeux. Une première porte a marqué qu’a partir de là on se trouve sur le territoire de la ville. Les remparts ont été bien aménagés en promenades, et leurs fossés sont d’autres étangs peuplés de cygnes. Le monument le plus important de la ville c’est le château de Marguerite de Bourgogne, comtesse de Hainaut.
Le beffroi vient d’être reconstruit en 1583 avec un beau clocher à bulbe. Ces autres clochers sont ceux de l’église paroissiale , du couvent de Ste Elisabeth et des sœurs grises.
A droite, sur les remparts, un moulin à vent. C’est une rareté dans l’avesnois où l’on ne rencontre d’ordinaire que des moulins à eau. Près du moulin, les trois chênes symboliques qui se retrouvent dans les armes du Quesnoy.
17 VILLEREAU
Nous sommes dans la vallée de la Rhonelle . Villereau, l’un des villages les plus pittoresque de la région quercitaine , des cavaliers, aidés par un paysan passent à gue le ruisseau.
Adroite, le vieux château féodal, qu’on appelle le manoir d’Odrimont, et une autre maison avec une chapelle que les templiers ont possédée jadis et qui appartient à l’abbaye du St Sépulcre à Cambrai. Cette jolie vue est sortie dans un encadrement précieux orné de pierreries et d’amours joufflus qui boivent, mangent et dessinent d’aimables entrelacs.
18 WARGNIES LE GRAND
Au premier plan, l’aunelle, que le coche vient de traverser à gué. Le cocher fait claquer son fouet et le messager sonne de la trompe. Remarquer les gros clous qui sont plantés sur les roues, pour gravir plus aisément les côtes.
Au centre du village, le château féodal des seigneurs de Wargnies. Ils ont guerroyé contre Philippe-Auguste et participé aux Croisades sous Ia bannière de Richard Cœur de lion. Leur héritière, Charlotte de Brabant, vient d’épouser le gouverneur d’Avesnes, Jean d’Anneux.
19 PREUX AU SART
Petit village sur son ruisseau rapide le « Riez des Bultiaux ». Au loin, l’église de Gommegnies.
20 POIX
L’église qui n’existe pus aujourd’hui était fort ancienne, puisqu’on la fait remonter au XI e siècle. Le château avec sa chapelle seigneuriale remontant à Marguerite de Constantinople. II passa au XVe siècle entre les mains de la famille de Chastelain. Un chatelain, Régis de Poix, fur tué à la bataille d’Azincourt.
21 POTELLE
Le château féodal de Potelle est confiné dans un agréable vallon creusé par la Rhonelle. Sa proximité du Quesnoy le fit considérer souvent comme un bastion avancé et lui valut de souffrir de nombreux sièges. II fut construit vers la fin du XIV° siècle par Guillaume de Mortagne et fut le témoin de nombreux évènements historiques. Louis XI en fit le siège et l’incendia. Mais les maçonneries subsistèrent et tel qu’il apparait il a été restauré par la famille de Carondelet qui en est propriétaire. C’est une véritable forteresse, avec ses fosses, son pont-levis et ses tours.
L’actuel seigneur de Potelle est Ferry II de Crondelet qui vient d’épouser Michele de Gognies. Voici le jeune couple qui fait visiter sa propriété à des amis. Admirons les jolis costumes. Robes couvertes de dentelles arrondies à la taille par la vertugadin, manches bouillonnées , large fraise et collerette qui se dresse derrière la tête comma un éventail. Pour les hommes, le manteau de velours, l’épée au côté et de magnifiques chapeaux à plumes.
Intéressons-nous aussi au vol des pigeons qui viennent de s’échapper du colombier et à l’amusante confrontation de la vache et du Chien.
L’architecture militaire du château contraste étrangement avec le décor champêtre. Mais l’ensemble forme un tableau exquis, un site qui est l’une des perles de notre Hainaut.
22 BRY
L’Eglise est au centre du village et elle est bion modeste puisqu’elle n’a pas de clocher. La tour que l’on voit à droite est celle du château, disparu depuis longtemps et sur lequel on a guère de renseignements.
23 BEAUDIGNIES
Situé sur l’Ecaillon, le village était le siège d’une seigneurie qui appartenait aux Carondelet. L’abbaye de Maroilles y possédait une brasserie et un moulin que l’on aperçoit devant l’église.
24 PRIEURE DE DOMPIERRE
Ce prieuré est une dépendance de l’abbaye de Liessies, fondé au XIe siècle par Guillaume de Dompierre, il est placé sous la protection des seigneurs de la famille de Croÿ dont on a reproduit les armes. C’est avant tout une exploitation agricole gérée par des moines . La chapelle est accolée à l’église paroissiale. A la révolution, on décida d’abattre le mur de séparation et la chapelle devint le choeur de l’église.
25 LANDRECIES
Une petite ville serrée dans son corset de rempart. Sa vocation est militaire et ses fortifications sont dons ces dernières années du XVIe siècle, tout ce qu’il y a de plus moderne.
On arrive a Landrecies par le Faubourg et la porte de France. Le clocher voué à combien de destructions au cours des siècles, n’a pas de flèche, mais une petite guérite pour le guetteur.
Encadrement de tulipes et de fruits. La tulipe importée en Europe vers 1570, est la fleur à la mode.
26 BERLAIMONT (1595)
Voici d’abord la Sambre. La rivière n’est pas navigable . Elle ne l’est qu’à partir de Maubeuge. On voit d’ailleurs les barrages qu’on a établis pour faire tourner le moulin.
Le pont de Berlaimont est important. Bien entendu, à l’extrémité il y a un péage pour entrer dans le village. Aussitôt à droite, une chapelle, celle des sœurs grises. Au fond de la rue on tourne à gauche et on arrive à l’église.
Les anciens seigneurs de Berlaimont sont illustres, depuis que Gilles de Chin, sire de Berlaimont a vaincu le tarasque qui ravageait la région de Mons. Depuis aussi qu’un Isaac de Berlaimont a guerroyé contre les seigneurs d’Avesnes et qui vont, récemment un de leur successeur en allé à Bruxelles, plaider la cause des victimes de l’Inquisition. Leur château est à gauche, en amont du moulin. Des prairies plantées d’arbres, de gras pâturages : on a l’impression que le pays est riche.
27 BERLAIMONT
Autre vue de Berlaimont. Elle a été peinte une vingtaine d’annés après la première. Peu de changements dans cet intervalle. Les vaches sont toujours nombreuses, l’herbe aussi belle. Tout respire l’aisance.
28 HERBIGNIES
Hameau proche de Villereau. Franc-alleu de l’abbaye d’Hautmont. Chaumières de terre battue aux fenêtres minuscules situées très haut. Ici, la fermière vient d’allumer son feu qui prend mal. Elle a ouvert la porte et tient à la main le soufflet avec lequel elle avivera les flammes.
Sur la route de Bavay à Vermand , un équipage, c’est un roulier qui transporte des ballots de différentes couleurs. D’autres attelages… des paysans, la hotte sue le dos. A l’arrière plan les sous bois magnifiques de la forêt de Mormal. Ce tableau est magnifique.
29 L’ABBAYE D’HAUTMONT
Les armes d’Haumont sont surmontées de la mitre que l’abbé Gaspard Hanot vient d’être autorisé à porter. Cet abbé vient de faire restaurer les bâtiments conventuels entourés d’un mur solide de soutènement.
Il y a une brasserie, un moulin, etc… La Sombre avec ses iles qui sont comme des parterres, et ses rives plantées d’arbres est une jolie rivière où l’on fait du canotage… Mais les moines ne favorisent guère le tourisme. Leurs herbages sont entourés de buissons et de barrières. Mais le pont n’a pas ces garde-fous… La rue qui monte vers l’église paroissiale, masquée ici par les bâtiments conventuels existe toujours.
30 MAROILLES (1598)
L’abbaye est une forteresse. Pour y pénétrer il faut franchir le pont levis sur l’Helpe et une porte à créneaux à côté du moulin. L’abbatiale est magnifique. L’église paroissiale est masquée par l’autre, et ne compte pas. L’abbé s’appelle alors Frederic d’Yve. C’est un personnage important qui a joue un rôle politique. II vient , en 1586 de se voir concéder par le pape le droit de porter la mitre . Et il a fait reproduire ses nouveaux attributs , la mitre et la crosse , au dessus des armes de l’abbaye (la tête de cerf).
Devant l’abbatiale se trouve le quartier des hôtes , qui a abrité d’illustres personnages , François Ier, Philippe II, etc… D’autres bâtiments portent de jolies tours : palais de l’abbé, etc… Ce monastère est en outre une immense exploitation agricole dont on aperçoit à gauche, quelques bâtiments. Au milieu, au fond, une autre porte de l’abbaye , donnant sur le village. Au premier plan, des soldats, un paysan sur son âne, un couple d’amoureux. Est-ce une idée malicieuse du peintre ? On sait que les , pucelles de Maroilles » avaient la réputation d’être légères… Celle-ci semble en effet n’être pas trop farouche…
31 MAROILLES
1621- La guerre avait détruit une grande partie du monastère. Il vient d’être reconstruit à neuf par le nouvel abbé, Alexandre de Brissy, un grand bâtisseur devant l’Eternel.
II reste des anciennes constructions la porte crénelée et l’enceinte qui sont demeurées à peu près intactes mais l’abbatiale a été reconstruite, avec un nouveau clocher.
A gauche, des paysans. Ils travaillent tous pour l’abbaye. Elevage, culture et fabrication de maroilles déjà réputés. A droite, le médecin de l’endroit, qui fait sa tournée à cheval, et qui est reconnaissable à son costume.
32 ROBERSART
Une modeste église. Une tour en ruines, vestige du château des seigneurs de Robersart qui s’illustrement aux Croisades. Ce château fur rasé pendant les guerres de Louis XIV. A gauche, un moulin à vent. Un paysan conduit sa charrue.
33 LA VILLE DE MAUBEUGE
Vue prise des hauteurs de Louvroil. Au premier plan, le faubourg St Lazare et la chapelle du Saint-Song.
On aperçoit les fortifications du Moyen-Age. C’est une simple muraille sur une levée de terre. Elle tombe en ruines et Philippe a du accorder à la ville une remise d’impôts pour rétablir les fortifications. Mail elles resteront dans le même état jusqu’à Vauban.
Au centre, le beffroi avec son clocheton à bulbe, on l’appelle la Tour-Jolie.
Les clochers des sœurs noires, des sœurs grises, de Ste Aldegonde et de la paroisse de la Croix. Au centre, la tour de l’hôpital St Jacques.
Sur la Sambre, à gauche, des bateaux à voile. II existe des transports assez réguliers de Maubeuge, (parfois Haumont) jusque Charleroi. Ce fret coute moins cher et le transport est plus sûr.
Ces armes sent celles de Jacqueline de Bavière, comtesse du Hainaut. Elles ont été conservées ici par l’abbesse de Ste Aldegonde qui vient d être intronisée en 1598 et Christine de Bernoige qui est d’origine bavaroise. Et les chanoinesses sont les seigneurs de la ville.
34 VENDEGIES-AU-BOIS
Ce village possédait une forteresse qui fur prise et détruite par l’armée française en 1654. On la voit à droite, avec ses tours , ses douves et un joli jardin à la française. L’église elle-même était jadis fortifiée, de même que le cimetière qui l’entourait.
35 SALESCHES
Selon Mr Olivier Verchain, historien local, cette vue panoramique est prise des hauteurs de Neuville en Avesnois. La route qu’empruntent les deux voyageurs est le chemin de Neuville à Salesches. Elle traverse le Rio St Georges dont une retenue alimente le moulin des moines de Maroilles. L’église est fortifiée, on aperçoit une tour d’angle. Sur la droite est visible la tour seigneuriale de la ferme St Humbert.
36 ST QUENTIN DE MAUBEUGE
Nous sommes sur la grand place de Maubeuge, devant l’église paroissiale St Pierre, mais comme on dit aussi St Quentin. Car ce sont les chanoines de St Quentin, appelés par Ste Aldegonde, qui sons les curés de la patoisse• L’un d’eux est devenu pape sous le nom d’Adrien VI.
A gauche, l’église du couvent des sœurs noires, qui vient d’être reconstruit et a été consacré par Louis de Berlaimont en 1590. Devant cette église, une fontaine, la fontaine violaine qui amène en ville l’eau d’une source du Pont-Allant. A côté, le pilori municipal avec son anneau qui sert à enchainer les malfaiteurs. Autour de l’église, y a des galeries ou porches où se tiennent habituellement les mendiants, et des boutiques avec leurs éventaires. L’église paroissiale possède une horloge dont on voit le cadran, et un joli carillon. Plus à droite, une autre église, c’est celle des chanoinesses de Ste Aldegonde
Remarquer les personnages : un cavalier, un marchand, portant son éventaire sur la tête, une dame qui revient de la fontaine, son seau à la main ; une autre qui revient du marché et porte à la main gauche son panier de légumes, tandis qua de la main droite, elle maintient sur la tête sa cruche de cuivre.
37 PREUX AU BOIS
Ce château imposant situé devant l’église vient d’être vendu pour 5000 livres à Charles de Martigny receveur du Hainaut. Son précèdent propriétaire, Ghislain de Bouillon avait vu son domaine confisqué pour rébellion et félonie.
38 BOUSIES
Gros village sur la frontière, de l’avesnois et du cambrésis. Séparation bien marquée, puisqu’au premier plan, ce sont les dernières terres cultivées de la plaine du Cambrésis, et qu’au delà ce sont les pâturages qui commencent. Au premier plan, la charrue , plus loin, les troupeaux de vaches.
Le château écrase tout le village. II date du XIe siècle. II devint au XIXe la propriété du maréchal Martin. Les armes de la maison de Bousies, représentées par les sires de la Pierre sont d’azur à la croix d’argent.
39 GOMMEGNIES
Nous sommes au carrefour des routes de Bavay du Quesnoy el de Wargnies Berlaimont que nous apercevons dans le lointain. Cet endroit s’appelle le Chaufour, c’est-a-dire le four à chaux que l’on voit au premier plan en pleine activité. Sous un hangar, à l’abri de la pluie, un ouvrier, le chaufournier, travaille la chaux.. Avec le sable, elle donnera le mortier nécessaire àla construction des maisons.
Derrière l’abside de l’église se trouve le château des seigneurs do Gommegnies, dont on aperçoit une tourelle.
40 TAISNIERES
Voir la feuille annexe qui est manquante.
41 SASSEGNIES
Un petit village à la lisière de la forêt de Mormal. Une petite église construite au XVe siècle. Un paysan montre la route à un voyageur. Une carriole.. Remarquer les roues : le charron y a planté de gros clous pour qu’elle s’accroche mieux au terrain.
42 LE PRIEURE D’AYMERIES
Comme à Dompierre, la chapelle du prieuré est accolée à l’église paroissiale. Comme à Dompierre, l’ensemble est une importante exploitation agricole. La disposition des lieux n’a guère changé aujourd’hui. Ce prieuré appartenait à l’abbaye d’Anchin. II avait été fondé par Ermengarde de Mons en 1088
42 LA LONGUEVILLE
A l’entrée du village, en bas, une barrière de péage. On en trouve partout et quand on voyage, il faut toujours avoir la main à son gousset. Un beau village, mais on sent bien que cette partie du Hainaut est moins riche que l’avesnois. Toutes les moisons sont en terre battue et couvertes de chaume. Cependant, la Longueville a quelque renom. Son seigneur fut dès l’origine, l’un des 12 pairs du Hainaut. C ‘est le seul village de la région qui partage avec Avesnes cet honneur. C’est sans doute pour cela que nous voyons une église si imposante avec un joli clocher à bulbe. Derrière l’église se trouve le château. Il est la propriété du comte d’Egmont dont l’aïeul a été décapité sur l’ordre du duc d’Albe.
44 LIESSIES
On reconnait, en bas à droite, Ia petite église de Liessies, avec sa porte « in paradisum » par où les défunts étaient conduits au cimetière. Ce cimetière, qui couvrait la place actuelle du village, est reconnaissable à ses croix. C’est là que furent enterrés les premiers seigneurs d’Avesnes , dont Wédric, fondateur de la ville.
Ce portail et la façade de l’église ne sont pas encore fortifiés. Ils ne le seront qu’au cours du XVIIe siècle.
Pour pénétrer chez les moines, il faut franchir trois enceintes successives, gardées par des tours de guet. Au centre du monastère, la tour d’honneur. On y voit un seul arbre qui, par sa situation insolite doit être un arbre commémoratif. Peut-être rappelle – t-il la réforme du monastère par le bienheureux Louis de Blois. C’est assez vraisemblable. A droite, le jardin de l’abbé, et derrière, l’église abbatiale Elle est précédée de la basse église où les gens du village peuvent accéder parfois pour entendre la messe. Derrière l’abside, le trésor où étaient conservées les reliques les plus précieuses. Au fond le quartier des Notes, construit au XIIIe siècle par l’abbé Maurice de Rumigny. C’est une forteresse entourée par les viviers. Le quartier des moines est caché par l’abbatiale. A gauche, les dépendances : bâtiments agricoles, granges, etc… L ‘abbaye a ses armes : la hure du sanglier et la crosse . L’abbé possède en effet les prérogatives d’un évêque.
45 ENGLEFONTAINE
La vue est prise de la route du Quesnoy. L’église qui n’existe plus aujourd’hui, parait assez importante. Un paysan, la hotte sur le dos, et un couple cheminent vers le village.
46 ETH
Petit village ne comprenant que quelques cheminées groupes autour de l’église. Des scènes champêtres : à gauche, une femme donne à manger à ses volailles . A droite, un paysan garde un troupeau de cochons. Il tient un cochon dans ses bras. Regardez bien ce n’est pas une cornemuse. Dans le lointain, le clocher de Sebourg. Curieux encadrement renaissance, forme d’anges mêlés aux faunes et aux satyres.
47 GHISSIGNIES
Petit village enseveli dans la verdure, à proximité du Quesnoy que l’on devine dans le lointain.
La jolie petite église est précédée d’un porche. Ce qu’il y a de plus curieux, c’est l’encadrement formé d’amours nus, dont certains portent des coiffures à plumes et qui se regardent dans des miroirs convexes.
La fantaisie du peintre s’est donnée, ici libre cours.
48 CROIX
Ce n est qu’un croisement de routes : celle de Bavay à Vermand et celle de Solesmes à Landrecies.
Village pauvre au demeurant, aux maisons de terre battue.
49 WAGNONVILLE
Hameau de Poix-du-Nord. Au XVIIe siècle ce n’était qu’une grosse ferme entourée de quelques maisons.
50 FOREST
Ce village ne tire pas son nom, comme on serait tenté de le croire, de la foret prochaine. Le bas latin « foristum » désignait un territoire « hors d’usage » c’est-a-dire réservé à la chasse des seigneurs. Par une charte de 1180, le monastère de St Denis donnait au Comte Bauduin V de Hainaut tout ce territoire à charge d’y former un village, exempt de la loi d’Haimon-Quesnoy, mais à charge d’un cens annuel de trois besants.
Ce village a été édifié selon un plan très régulier, autour de l’église et du cimetière, qui, entourés de tours et de murailles formaient au XVIe siècle un refuge assez sûr.
51 BOUSIES
Au centre, le château féodal dont il ne reste plus aujourd’hui, aucune trace. A droite, le village et sa petite église. A gauche un moulin à vent . La plaine du Cambrésis, moins abondamment pourvue en eaux vives que l’avesnois , devait utiliser de préférence les moulins à vent.
52 JENLAIN
L’église a été détruite pendant les guerres de Louis XIV. Elle a été reconstruite en 1702.
53 ORSINVAL
Le terrain est accidenté, creusé par la vallée de la Rhonelle. Au fond, on aperçoit la ville de Quesnoy. Ce village n’a pas d’église mais une simple chapelle que l’on voit à droite et qui appartient à un couvent détruit pendant les guerres de Louis XIV.
54 LA CHANESIE D’AVESNES
LA “chanesie » est la collégiale c’est-à-dire le siège d’un chapitre de chanoines (canonicum). Elle possède déjà une horloge et un carillon de 9 cloches. elle comporte un transept avec un joli clocheton et un portail latéral.
C’est là qu’en 1498 la vierge est apparue avec sa baguette blanche pour mettre en fuite les Français.
Tour autour, des maisons neuves, aux toits de tuile. C’est que la ville a été incendiée en 1514, et que toutes les constructions sont relativement récentes.
La fontaine qui se trouve sur la place et qui existait encore ii n’y a pas si longtemps, est celle que Philippe de Croÿ a fait construire pour ramener en ville les eaux de la source de Fourmanoir. Le seigneur d’Avesnes a d’ailleurs représenté sur la margelle le blason des villes qu’il possède : Avesnes, Landrecies, etc…
A gauche, un prêtre (ou un magistrat) cause avec une dame. II porte la barbe,. Tous les hommes d’un certain rang portent la barbe, que Charles Quint a mise à la mode. Il n’y a que les paysans qui se rasent.
La dame, comme d’autres autour de Vitalise, porte la faille. C’est un long voile noir attaché au chapeau et qui est venu d’Espagne. L’archiduchesse Isabelle l’a mis à la mode. Le chapeau est une sorte de cône. L’ensemble n’est pas très joli.
Ce tableau est d’importance considérable pour l’histoire du costume. C’est en effet pour nous la première représentation de la faille quo nous découvrons.
55 NEUVILLE EN AVESNOIS
Eglise fortifiée, datant de 1476. Un ancien château-fort dont il ne subsiste aujourd’hui, aucune trace. Au premier plan, à droite, une chapelle surmontée d’une croix..
56 LA VILLE D’AVESNES
Au premier plan, l’atelier du maréchal-ferrant. Puis la descente vers le moulin St Pierre que l’on aperçoit avec son étang.
La tour de Ia collégiale a été achevée vers 1540. Elle parait très élancée car elle n’est pas alourdie comme aujourd’hui par des contreforts. On aperçoit les clochetons de la chapelle St Jean, de la Madeleine, du Béguinage, de l’hôpital, des Récollets.
Devant la porte du mauvinage ou de Mons , un terre-plein où les voitures doivent s’arrêter et au besoin, faire demi-tour si les papiers ne sont pas en règle. Les toits sont de tuile ou d’ardoise. La tuile coûte moins cher car elle se fabrique sur place.
Ces fortifications rétablies par Louise d’Albret ont fière allure. Tout autour, des pâturages, où pait un nombreux bétail, soulignent la vocation herbagère de l’avesnois.
Notes sur Adrien de Montigny
Avant d’examiner en détail l’admirable rassemblement de vues anciennes de la région réuni en la chapelle de l’Epine par les « Amis des chapelles et sanctuaires de l’Avesnois » interrogeons-sous sur la finalité de ce remarquable ensemble.
Appelés communément -et commodément- « Album de Croÿ » les grands inplano ne sont pas dispersés mais répartis essentiellement entre deux fonds très importants la Bibliothèque nationale d’Autriche à Vienne, établissement largement ouvert aux chercheurs et la collection de Mgr le Due de Croÿ à Dülmen en Westphalie ; collection privée mais dont l’accès est infiniment libéral lorsque des buts scientifiques sont invoqués.
En l’espace d’une génération humaine à la fin du XVIe siècle la matière d’une vingtaine de grands albums in-plano a été rassemblée à l’initiative essentiellement de Charles de Croÿ 4eme duc d’Arschot, au premier rang des personnalités des anciens Pays-Bas. Charles fut le premier Duc de Croÿ nommé au demeurant par le roi de France Henri IV reconnaissant de sa participation diplomatique au traité de Vervins (1598). Ainsi s’exprime clairement la vocation supra-nationale de cette époque singulièrement vivante et si caractéristique.
Le Duc Charles fut d’abord époux , puis veuf d’une noble dame -de la maison picarde de Brime- qui avait été intéressée par la pensée de la Réforme. Puis il devint en 1605 l’époux d’une jeune princesse de Croÿ, sa cousine Dorothée, bonne catholique. Veuve dès 1612 elle présida sans doute de très près à l’achèvement de la collection de vues géographiques dont un album au moins est daté de 1621-1622.
Quel était le but recherché par cet ensemble entrepris de paysages ruraux et d’architectures diverses ? II n’existe pas ou n’existe plus de notices contemporaines d’accompagnement qui nous éclaireraient là dessus avec cette sagacité que Jean Mossay a manifesté pour son remorquable commentaire de chacune des vues exposées. Point de ces prolégomènes où les intentions du mécène seraient dévoilées.
II fallait être mécène en effet pour subvenir aux frais considérables de cette longue compagne de prospection. II fallait aussi en concevoir le plan intelligent et rationnel. Faute de documentation formellement établie, on s’est jusqu’ici content2 d’assertions assez simplistes. Disant que les vues étaient celles des domaines ou anciens domaines de la maison de Croÿ. Mois Airaines berceau picard des premiers de Croÿ entrés dons notre histoire n’y figure pas. Pourquoi ? Disant encore que là se trouvait la représentation de tout endroit qui avait été « administré » par Charles de Croÿ (ou par des membres de sa famine). II y aurait eu aussi sélection en vue de regroupement logique de tant de vues anciennes ,par exemple , de la province de l’Artois que la commission des Monuments historiques du Pas-de-Calais a pu, en les publiant en 1960, en dénombrer quatre cents. L’Avesnois, et plus précisément le Hainaut ancien avoient fait l’objet d’une égale sollicitude comme on le voit dons la précédente exposition.
Goût aussi de la géographie physique avec le rassemblement de tout ce que le cours de l’Escaut de sa source à son débouché dans la mer du Nord comporte de sites et de paysages typiques. Hélas un partage assez arbitraire et une répartition systématique au XVIIIe siècle a fait litière de ce qui aurait pu servir au dépouillement scientifique du beau travail de Charles de Croÿ et de l’équipe qu’il avait rassemblée.
Equipe c’est le mot car on travaillait ensemble d’année en année dès la belle saison avant de venir soumettre au château de Beaumont croquis et esquisses. Puis les gouaches étaient établies à grandeur d’exécution sur les levées topographiques. Certains collaborateurs traitaient les paysages où venaient s’encadrer les châteaux anciens et modernes et les villages tapis dans la verdure autour de leur clocher. Quelques personnages en action, au travail ou ou plaisir animaient l’ensemble. Parfois, au premier plan, le peintre s’est représenté, de dos, à son chevalet. II se nommait Adrien de Montigny. Valenciennois et allié à une famille valenciennoise, celle des Frehault. Le registre le plus ancien de la confrérie des peintres et tailleurs d’images, aux archives de Valenciennes, mentionne son nom en 1608 comme confrère de Saint-Luc.
Ce chef d’équipe était un excellent dessinateur. II parait à peine utile d’insister sur le caractère architectural de ses tableautins où l’enthousiasme le conduit parfois à l’emphase. II est imité en cela par tel élève soucieux de paraitre égaler le maitre. Aussi est-il malaisé de discerner quelque main vraiment personnelle. C’eut été contraire à la conception de l’entreprise.
Il faut donc constater la trace de ce conformisme dans une certaine uniformisation génératrice de monotonie sauf quand les sujets traités diffèrent vraiment entre eux. Se reconnaissent pourtant aisément -même dans leur aspect ancien- les sujets bien connus de qui les examine. II y a aussi recherche systématique de la variété chez les décorateurs ornemanistes qui réalisèrent avec tant de verve de patience et d’ingéniosité les encadrements décoratifs assortis aux paysages. Là encore, on ne saurait distinguer un encadrement de l’autre tant ils ont été stylisés suivant des règles qui souffrent peu d’exceptions.
Mais il y a heureusement, au mains, une exception à l’unité de style des feuillets des albums. Cela nous vaut une étonnante série résultat d’une campagne tardive dans l’ensemble pour la partie Ouest de l’Avesnois. Je pense à ces vues de Sebourg ou de Vendegies sur Ecaillon, pour ne pas les citer toutes, car il y en a plus d’une vingtaine dont la valeur artistique est exceptionnelle. Sans rien sacrifier à l’exemplarité du réalisme, la mise en place est toujours heureuse. Des aspects inattendus sont fixés ainsi que des instants les plus fugitifs comme l’approche d’un orage ou sa disparition, Que la lumière et les couleurs se jouent heureusement. Au détour d’un chemin creux un chariot se hâte vers l’abri le plus proche tandis que l’on prend ses jambes à son cou pour .échaper à l’ondée.
J ‘avais été frappé à la fin des années 50 de la supériorité artistique de cette série sur la masse des autres et j’en avois cherché la raison dans l’étude malheureusement partielle de la biographie d’Adrien de Montigny. J’ai su assez vite que sa belle famine. valenciennoise, se nommait Frehault et le testament au début du XVII e siècles de la belle mère de A. de Montigny m’a révélé le le nom du jeune artiste collauorateur des Albums de Croÿ en voie d’achèvement. II se nommait Jean Frehault et l’une de ses sœurs avait épousé le peintre Adrien de Montigny. Bonne mère, Mme Frehault, veuve, ne voulait point faire part inégale à aucun de ses enfants. Elle avait certes aimé, sinon préféré son jeune fils Jean qu’elle trouvait plein de promesses d’avenir et déjà de talent. Elle avait accepté qu’il parte faire en Italie un voyage et un séjour d’études prolongés. II en etait ensuite revenu mais point encore assez fortuné pour rembourser les frais de son stage italien. Dans la succession familiale prévue le montant de ces frais devait être retenu peut-être sur l ‘insistance des autres héritiers… Qu’importe maintenant cette mesquinerie et cette âpreté financière familiale puisqu’elle nous vaut le nom d’un indéniable artiste dont le style flamand italianisé tranche si nettement sur celui des autres peintres des albums de Croÿ restés autochtones.
Charles de Croÿ et d’Arschot, nous le savons , était mort avant l’achèvement de la série des vues topographiques qu’il avait désiré réunir. Sa jeune veuve, dépositaire de sa pensée et à ce titre de sa volonté d’achever la collection eut ainsi sous les yeux les derniers tableaux exécutés pour la perfection de l’ensemble. Elle apprécia sans difficulté les uns et les autres . Elle en assura d’abord la conservation puis la transmission dans des conditions sans mystère, assurant ainsi la continuité de leur existence dans des conditions qui viennent d’être rappelées dans les grandes lignes.
Modelée à l’image un rien austère de son intelligent mari Dorothée douairière de Croÿ était bien faite pour continuer l’œuvre du duc Charles. Instruite, vive et intelligente elle était aussi réservée comme on le voit sur son beau portrait par Pourbus que le musée de Valenciennes est fier de montrer, sans véritable joliesse, peut-être, mais avec tant de grâce. A l’instar de son mari elle aimait et cultivait la musique et la poésie qu’elle pratiquait avec aisance comme elle le fit en 1636 : « Aimez-vous de lire des vers « En voici beaucoup de divers « Si quel qu’un par cœur les apprend « Cela m’est fort indifférent. »
Était-ce la ce qu’elle pensait des albums et de la vanité que leur contemplation pouvait inspirer… Nous n’oserions en tirer en définitive ni conclusion, ni conséquence.
Paul LEFRANCQ.
Le point de vue de l'architecte
Entrons dans ce grand printemps Avesnois de Ia Renaissance, aux couleurs et senteurs automnales.
L’aquarelliste sensible et doué nous invite à la ballade avec tant de chaleur et de sincérité que l’on ne peut résister à la tentation de se pénétrer de la douceur de vivre et de l’atmosphère de sérénité qu’il exprime avec talent et parfois naïveté.
Les oies et migrateurs de toutes espèces ponctuent de leurs vols groupés la nappe céleste parée de mille teintes harmonieuses qui s’unissent dans une totale communion à la luxuriante végétation terrestre.
Une brise légère caresse de son haleine odorante les cimes blondes des grands échassiers, ces hêtres centenaires aux troncs allongés, coiffés de larges huppes feuillues, souples et frémissantes . L’églantine disperse son parfum subtil ; les chênes majestueux et royaux enveloppent en un grand manteau la vallée habitée ; les aulnes et les ormeaux déploient leurs chevelures abondantes en se mirant dans l’Ecaillon et la Rhonelle ; les charmes aux corps tourmentes s’enlassent étroitement à l’aubépine, la charmille et la hale vive, formant ainsi des murs de feuillages en guise de clôtures aux champs de culture et aux pâtures à pommiers.
Le décor champêtre s’anime et se meuble… L’homme et l’animal domestique investissent les lieux à nouveau, malgré des siècles de troubles, de pillages, et de guerres dévastatrices. Alors le grand Printemps Avesnois prend toute sa signification dans ce renouveau, dans cette envie profonde de revivre et de s’inscrire dans ce site accueillant et beau…
Le résultat est là sous nos yeux qui s’émerveillent lorsqu’au détour d’un chemin forestier, ou à travers une trouée végétale, s’offre à nous la vision poétique de Sallais, Preux au Sart, ou MaroiIles… épousant la configuration naturelle du relief, se blottissant contre les rives boisées de la vallée, se mêlant étroitement aux coulées de verdure sous la frondaison de grandes futaies, gitant sous les feuillages protecteurs et accueillants.
L ‘organisation et la disposition des chaumières aux grands toits de paille et de tuiles de terre séchée sont issues d’un bon sens terrien et d’un esprit volontairement rationnel d’utilisation du sol.
L’église, le prieure, le château sont le centre d’une toile d’araignée d’où se dispersent librement la ruelle et le chemin pour déboucher sur la périphérie, créant ainsi des espaces minéraux et végétaux s’interpénétrant à la perfection.
L’échelle et les proportions sons étonnement humaines. L’habitat, l’église et le château sont dénués de grands gestes architecturaux, pompeux, grandiloquents. Une bouffée d air pur se dégage de la simplicité des façades dont la lecture est facile et à la dimension de la sobriété du paysage.
Quelles leçons d’écologie et d’intégration sensée recevons-nous là…
Hormis dans le cas particulier des villes fortifiées à des fins militaires et guerrières, un profond bon sens allié à une parfaite connaissance et un respect scrupuleux des caractéristiques topographiques, climatiques hydrographiques, végétales et humaines du site Avesnois, constitue la base essentielle de l’épanouissement équilibré et de l’insertion intelligente de l’homme dans ce milieu champêtre.
Comme par fatalité, de par sa situation géographique, les guerres, les pillages, les destructions nombreuses et massives ont, pendant des siècles, meurtri l’Avesnois, qui est devenu une terre de transit, mal ressentie par le passant et trop peu connu par le pouvoir suprême.
Le XXème siècle n’a rien arrangé à cela, puisqu’après une course folle à l’équipement industriel, saccageant aveuglement le paysage, par décision et intérêts supérieurs, la nouvelle génération d’hommes, qui avait pris racine se voit contrainte de s’expatrier pour survivre.
Aujourd’hui, il convient d’être vigilant à une époque où d’autres exploitations économiques aveugles détruisent nos sites, où d’autres enjeux commerciaux à grand renfort de mensonges induisent en erreur et exploitent notre patrimoine jusqu’à la lie, profitant de la naïveté du public, sous le faux prétexte de la création locale, de l’artisanat local, de l’architecture locale, alors qu’aucune réelle sensibilité esthétique et artistique profonde n’émane de ces « sous-arts » sans racines avesnoises.
Ce printemps passé doit être déterminant et riche quant à notre attitude, vis a vis de l’avenir de notre région.
Celle-ci restera toujours pour moi un grand jardin champêtre et accueillant Elle sera toujours une terre d’inspiration pour celui qui sait la regarder et aime y vivre…
Bernard HENRY Architecte à ECLAIBES
Une exposition par une association qui restaure le patrimoine
Cette exposition a été réalisée sous l’égide des AMIS DES SANCTUAIRES ET CHAPELLES DE L’AVESNOIS. (Association régie par la loi du ier juillet 1901)
Ouverte à tous, dans le respect des convictions individuelles de ses membres, cette association se veut essentiellement culturelle, au service de l’animation d’une région dont le patrimoine religieux est un témoin précieux. Avec le concours de ses adhérents et l’aide des pouvoirs publics, de collectivites locales, d’associations régionales, l’association des AMIS DES SANCTUAIRES ET CHAPELLES DE L’AVESNOIS a restauré la Chapelle de l’Epine en 1973, alors qu’elle était vouée à la ruine définitive. Les expositions en 1973 et en 1974 des TRESORS DE L’AVESNOIS ont permis de faire connaitre les trésors d’art religieux de notre région, et ont fait que des crédits ayant été débloqués, des actions de mise en sécurité ont pu être entreprises.
L ‘exposition présente L’ALBUM DE L’AVESNOIS au 16e SIECLE a pu voir le jour grâce au crédit du Fonds d’Intervention Culturelle dans son action d’animation au niveau de la Thiérache. C’est le photographe JAN LOU HALLEZ directeur du laboratoire NEW-PHOT à Paris qui a réalisé le travail d’agrandissement.
Si les recettes des entrées arrivent à couvrir les frais considérables qui ont été engagés, le surplus sera destiné à financer la restauration de la chapelle Notre Dame des Monts à BAIVES, où déjà les travaux sont engagés et vont être incessamment poursuivis.
Une exposition encore en mémoire vingt ans après
PREFACE TOME 9 ALBUL DE CROY 1997
C’est en 1977 que j’ai découvert l’extraordinaire richesse que recelaient les «Albums de Croÿ, à l’occasion d’une exposition présentée à la Chapelle de l’Epine, hameau de Solre-le-Château, à l’initiative des Amis des sanctuaires et chapelles de l’Avesnois.
Quelque trente agrandissements photographiques, obtenus à partir des gouaches et aquarelles consacrées aux Terres d’Avesnes, offraient à un large public la possibilité de découvrir une image chatoyante, restituée avec un grand souci du détail, de sites et de scènes de la vie rurale au tout début du XVIIe siècle.
Comme tous ceux qui m’accompagnaient – des membres dc la Commission Enseignement et Culture du Conseil Régional – et sans doute la plupart des visiteurs, j’ai été frappe par la qualité d’évocation de ces documents, par la délicatesse de leur exécution et naturellement par l’intérêt qu’ils présentaient pour mieux faire connaitre aux habitants du Nord – Pas de Calais L’histoire de leur terroir et partant de leur région.
Aussi avons-nous été très attentifs à Ia proposition qui nous fut présentée dès 1980, de contribuer au grand projet élaboré par le Crédit Communal de Belgique: l’édition intégrale des quelque 2.500 gouaches réalisées à la demande du duc Charles de Croÿ dont la moitie environ représentent villes, villages, abbayes etc. du nord de la France: Hainaut, Artois, chatellenies de Lille, Douai, Orchies.
Une étroite collaboration s’est instaurée entre le département culturel du Crédit Communal de Belgique et le Comite Scientifique Mémoire Collective qui travaille au sein de l’Office Régional de la Culture et de l’Education Permanence du Nord – Pas de Calais. Elle aboutit aujourd’hui à une publication qui, sans nul doute, constitue un évènement d’une dimension exceptionnelle.
Pour les habitants du Nord – Pas de Calais qui imaginent souvent difficilement leur région avant les bouleversements provoqués par les révolutions industrielles des XIX° et XXe siècles, les Albums peuvent constituer un utile relais pour la redécouverte d’une histoire très riche témoignant de leur capacité de création et d’adaptation, qualité plus que jamais indispensable.
Les manifestations qui entoureront la présentation des Albums seront autant d’occasions de resserrer les liens unissant des communautés qui, de part et d’autre de la frontière, partagent de nombreux souvenirs heureux ou malheureux. Elles constitueront une des illustrations de la volonté d’intensifier les échanges culturels entre la Communauté française de Belgique et la Région Nord – Pas de Calais.
Je tiens donc à remercier du fond du cœur tous ceux qui ont contribué à cette édition et tout particulièrement le Crédit Communal de Belgique qui nous a offert la possibilité de nous associer à une réalisation qui, par delà son extraordinaire qualité artistique nous permet de retrouver nos racines les plus profondes.
Noel JOSEPHE Chevalier de la Légion d’Honneur Député-Maire de Beuvry Président du Conseil Regional du Nord – Pas de Calais
Ajout de commentaires concernant quelques tableaux
En cartouche : <<Louvegnies 1601». Vue prise du sud-est.
Aujourd’hui la partie active de ce village qui n’est plus qu’un faubourg du Quesnoy s’est déplacée vers l’axe routier Poix-du-Nord – Le Quesnoy. Au XVIIe siècle, les maisons se groupaient davantage autour de l’église, c’est-a-dire plus près de la rivière, l’Ecaillon, qui, sur la gouache, s’écoule à peu près au centre de celle-ci, en contrebas de l’église.
Celle-ci, au XVIIe siècle, comprenait une grosse tour carrée, une nef simple et un choeur plus bas et plus étroit qui s’achevait par un chevet plat et aveugle. Le clocher était un peu plus large que la nef, des contreforts à retraites, apparemment placés diagonalement, l’épaulaient; il datait donc de la fin du Moyen Age; son mur sud est aveugle sur l’image, mais celui de l’est est percé de deux fenêtres dans sa partie supérieure, au-dessus de la haute torture d’ardoise de la nef. La couverture de cette tour présente sur la gouache une forme curieuse puisque ses quatre pans ne se rencontrent pas mais aboutissent à une sorte de plate-forme sommée d’une croix. Quant à la nef, elle est éclairée du côté sud par deux fenêtres. La tour de l’église actuelle dédiée à saint Eloi est datée par une inscription moderne de 1785; la nef est séparée de ses bas-côtés par des colonnes; elle n’a qu’un seul niveau et est couverte par un berceau de plâtre; le choeur s’achève par une abside à trois pans; cette construction date du XVIIIe siècle, mais elle a été endommagée par la Grande Guerre.
Deux fermes anciennes, le Petit Guet et le Grand Guet se situent près de la rivière : elles ne sont pas visibles sur la gouache. J.T. et Dominique Vandecasteele
En cartouche «Vilerel». — Vue prise du sud-ouest
Au premier plan, trois cavaliers aidés par un villageois viennent de franchir le gué d’un ruisseau, la Rhonelle, qui est ici assez encaissée. Une quatrième monture, sur l’autre rive, s’engage dans l’eau.
En arrière, à droite de l’image, se dresse le château : le manoir d’Odrimont. Il comprend un grand corps d’entrée dont le pavillon d’angle à gauche prend l’aspect d’une tour gratifiée d’une tourelle; ce pavillon est éclairé latéralement par trois rangs de fenêtres et il est relié par un mur à un corps de logis plus court. Dans le fond de la cour se dresse une seconde tourelle, la guette; celle-ci est de plan carré, trois lancettes par face l’éclairent dans sa partie supérieure, mais on voit mal comment elle se reliait au reste des bâtiments. De ce manoir, qui était très délabré au XIXe siècle, il ne subsiste plus que quelques ruines comprises dans une ferme du village. En avant de ce château, vers le gué, quelques maisons en torchis et couvertes de chaume ont été construites.
Sur l’autre rive, en une position élevée, au-dessus des maisons étagées, on a implanté l’église Elle comprend un clocher occidental carré et assez étroit (une seule baie par face éclaire son dernier niveau) que coiffe une flèche en charpente avec égout retroussé, une nef assez courte, enfin un choeur plus bas et plus étroit qui s’achève peut-être par une abside semi-circulaire. La construction a été réalisée en pierre et les couvertures sont en ardoise.
En arrière-plan, à mi-pente, en une position isolée, existe un autre château; il est de plan quadrangulaire et chacun de ses angles est marqué par une tourelle cylindrique coiffée d’une poivrière; la façade la plus visible est dotée d’un petit pignon. Ce manoir a appartenu aux Templiers, puis à l’abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai; il a donné son nom à un hameau voisin. J.T.
En cartouche : «Gran Wargnÿ». — Vue prise du sud-est.
Au premier plan, un coche vient de traverser à gué l’Aunelle; le cocher fouette ses bêtes pour les inciter à avancer : les roues sont pourvues de gros clous pour faciliter la monte des pentes De nombreux cavaliers franchissent le gué dans l’autre sens pour gagner le village.
Celui-ci est dominé par la masse de son château établi sur une motte dont le dessin circulaire est repris par la végétation et toute une série de maisons. De cette résidence nobiliaire, l’on ne voit guère qu’une grosse tour carrée reliée par une courtine maladroitement représentée à une tour circulaire moins importante. Une petite construction rectangulaire à toiture à deux versants — ce doit être la loge du guetteur ou la réserve de matériaux de jet — est établie au-dessus de la plate-forme de la tour carrée. Il est impossible de préciser davantage les dispositions de ce château, notamment son plan masse.
A l’entrée du cimetière actuel, une chapelle troglodyte et d’allure fortifiée, mais de construction récente, est établie dans une butte qui s’élève nettement au-dessus du niveau de la route et dont la forme générale est circulaire. Il semble que l’on soit en droit de l’identifier avec la motte que présente la gouache.
En arrière se dresse l’église précédée par une tour occidentale carrée coiffée d’un flèche d’ardoise à huit pans avec égout retroussé La nef parait unique et le choeur est polygonal. Or, en avant de la façade actuelle, on a placé sur la terrasse d’accès quatre colonnes gothiques pourvues de leur chapiteau qui proviennent de l’ancien sanctuaire; il est donc évident que celui-ci était doté de collatéraux; rien ne prouve que l’ensemble des tambours de ces colonnes aient été remonté; ces fûts ne peuvent donc pas nous permettre de recontituer la hauteur de la nef de l’église ancienne. De chaque côté de la porte de la façade actuelle on a placé les gisants d’un seigneur de Wargnies et de son épouse; ces monuments datent du XIVe siècle.
Dans le lointain, à gauche de l’image, un haut clocher à bulbe se détache sur l’horizon et il doit s agir de celui de Sebourg.
En cartouche : «Beaudegnies 1601». – Vue prise de l’est.
La route bordée de maisons est celle du Quesnoy; elle franchit deux bras de l’Ecaillon par deux petits ponts; au second est associé un moulin dont on voit la roue à sa droite; celui-ci ainsi qu’une brasserie et un four banal, appartenait à l’abbaye de Maroilles.
L’église visible sur la gouache est constituée d’une grosse tour, d’une nef dont le pignon oriental est percé d’une baie et d’un choeur plus bas terminé par un chevet. Le clocher est éclairé dans sa partie supérieure par deux baies sur chacune de ses faces. Au sommet de sa torture à quatre pans, il doit y avoir un poste de guet. Toutes les toitures de cette construction sont en ardoise. Cette église a été reconstruite au XIXe siècle, et a conservé partiellement sa grosse tour que l’on a flanquée au nord d’une tourelle en briques; en 1826, un architecte du Quesnoy constata que les travaux avaient été entrepris correctement.
De l’autre côté, un peu en avant de l’église, la route est bordée par une construction importante dont les bâtiments s’ordonnent autour d’une cour rectangulaire à laquelle on accède par un grand porche. Une grosse ferme est toujours installée a cet emplacement. Le village fut le siège d’une seigneurie importante qui appartint à la famille Condelet;_ celle-ci construisit un château important au XVIIIe siècle au carrefour des Poix et de Capelle. En arrière de l’église, dans le prolongement de la route, on discerne une importante construction : ne serait-ce pas la demeure de cette famille qui aurait précédé le château du XVIIIe siècle?
Dans le lointain, vers la gauche, des clochers et des flèches émergent à l’horizon : ce ne peuvent être ceux du Quesnoy, et Valenciennes est trop loin pour être visible de ce village; par contre, les villages dans cette direction sont nombreux, tels Haussy, Saint-Martin-sur-Ecaillon, d’autres encore. J.T.
En cartouche : Berlemont 1621». – Vue prise de l’est.
Cette gouache a été prise à peu près du même point de vue que les deux autres illustrations de la ville qui figurent dans le tome VII de la collection (voir pl. 6 et 34), mais elle est beaucoup moins précise.
On retrouve au premier plan, en arrière dune prairie ou paissent des vaches auprès de trois personnages, la Sambre dans son bief délimité à droite par un pont à arches et à gauche par une île (peu visible ici) et des barrages associés a des moulins.
Sur l’autre rive, à gauche de l’image, on retrouve le château réalisé probablement au XIVe siècle, mais détruit par Condé en 1643. La gouache est trop confuse pour que l’on puisse se représenter les masses de cette couvre qui était polygonale et dont les angles étaient marqués par des tours. Ce château était celui des héritiers de Gilles de Chin qui, au XIe avait tua le dragon qui dévastait la région.
Au-delà de la rivière, la ville apparait, mais le dessin de ses éléments est confus; on distingue cependant l’église paroissiale avec sa flèche sans doute centrale et son transept aux extrémités polygonales, et les bâtiments du couvent des Sœurs grises situés près de la porte d’octroi au débouché du pont de droite. Les rues actuelles du Vieux Château, de la Basse-Cour et de Gilles de Chin rappellent l’emplacement du château disparu, l’église actuelle correspond à l’emplacement occupé au XVIIe siècle par les Sœurs grises. L’historien de l’urbanisme et de l’art monumental préfère à cette image celles d’un volume précèdent (voir t. VII,pl. 6 et 34) qui sont beaucoup plus précises. J.T.
En cartouche : « La Ville de Maubeuge »,— Vue prise du sud.
Le peintre vient d ‘Avesnes, il est parvenu à la hauteur de Louvroil. Au premier plan de sa gouache figure la chapelle du Saint-Sang; cet oratoire de l’hôpital des Ladres comprend un clocher carré sommé d’une flèche d’ardoise, une nef unique de deux travées et un choeur plus bas et plus étroit à chevet plat. De ce côté, au- delà du terre-plein de l’octroi limité par un tourniquet et une barrière concave, on entre dans la ville par la porte de la Maladrerie qui se présente sous l’aspect classique d’une porte de ville telle qu’on la connait depuis le XIIIe siècle : elle est en effet dotée de deux tours défendant le passage en arc brise établi entre elles. L’enceinte ruinée par Louis XI et dont la restauration ne fut pas achevée avant la fin du XVIe siècle décrit une sorte de grande ellipse. La Sambre entre dans la ville à gauche de l’image près de la porte de la Pescherie; l’artiste a très exactement représenté les cinq tours flanquant la courtine entre ces deux portes; deux d’entre elles défendaient l’entrée de la rivière. De la porte de la Maladrerie à celle de Sainte-Croix, on comptait douze tours; ici on n’ en voit que les premières, y compris celles surveillant la sortie du fleuve. Au XVIe siècle, le territoire délimité par cette enceinte était loin d’être totalement occupé par les maisons; la ville basse, près de la porte de la Maladrerie comportait d’importants terrains vagues; la gouache montre très nettement ceux situés sur la rive gauche du fleuve dans le secteur appelé Bois du Tilleul.
La flèche que l’on voit à gauche est celle du couvent des Sœurs Grises fondé en 1484. La tour trapue qui se dresse en arrière de la porte de la Maladrerie était appelée la Tour Jolie : cette construction de plan carré à quatre niveaux, le dernier plus large que les autres, avait été érigée sans doute au XIIIe siècle; c’ était le beffroi. Le haut clocher sommé d ‘un bulbe élégant qui figure à sa droite et les deux clochers voisins posent un problème. Ces tours correspondent aux bâtiments des chanoinesses de Sainte-Aldegonde et des chanoines de Saint-Quentin. L’église de ces derniers était la même que celle de la paroisse Saint-Pierre; incendiée par les troupes de Louis XI en 1478, elle fit l’objet de travaux importants au cours des décennies suivantes; son gros clocher enfermait la cloche dite du beffroi, celle qui annonçait les évènements importants de la vie de la cité. Cette église fut détruite en 1815. A ses côtés était érigée la collégiale des chanoinesses aussi fortement endommagée en 1478; reconstruite au cours de la première moitie du XVIe siècle, elle disparut en 1804. Le gros clocher de notre planche doit être celui de Saint-Pierre-Saint-Quentin, la flèche l’avoisinant étant celle du sanctuaire propre aux chanoinesses, ceci d’après les anciens plans de la ville depuis celui de Deventer; mais sur ceux-ci rien ne correspond au grand clocher coiffé d’un bulbe qui figure ici et que l’on rencontre dans des «profils» de la ville. Le petit clocher qui pointe à droite de celui de Sainte-Aldegonde doit être celui des Sœurs Noires établies vers 1490 dans l’ancien refuge de l’abbaye de Liessies situé sur le marché de Copenage (marche aux herbes); ces religieuses reconstruisirent leur sanctuaire après son incendie en 1553; celui-ci fut consacré en 1590. La dernière église que montre la gouache vers la droite, près des fortifications, est celle de la paroisse Sainte-Croix créée au XIII e siècle ; cette construction dont le bas-côté méridional présente des pignons disparut au XVII e siècle lorsque les fortifications de Vauban restreignirent le périmètre de la ville.
En cartouche : «Vendegÿ au Bois». – Vue prise de l’ouest-sud-ouest.
Par une route sinueuse venant de Ovillers, des cavaliers se dirigent vers le village; à gauche, un berger surveille ses moutons qui paissent dans une prairie. Le village occupe tout le centre de l image; deux bâtiments dominent les maisons paysannes, l’église et le château. La première est entourée d’un cimetière fortifié rectangulaire pourvu de tours d’angle coiffées de poivrières L’église elle-même est dotée d’organes de défense; son clocher occidental est couronné par une ceinture de machicoulis, le chemin de ronde entoure une petite construction pouvant servir au guet et a l’entrepôt des projectiles qu’en cas de nécessité on pouvait jeter contre les agresseurs; une haute toiture a quatre pans couronne le tout. La nef est apparemment longue de quatre travées, le choeur est plus étroit, plus bas et il se termine par un chevet plat L’église actuelle date de l’époque moderne : elle porte la date de 1776, mais son clocher abattu au cours de la Grande Guerre n’a pas été reconstruit avec sa hauteur initiale.
A droite de l’image se dressent les masses d’un beau château. Son plan doit être rectangulaire, ses bâtiments de hauteur inégale s’adossant aux courtines; certains présentent des pignons à pas de moineaux et, par conséquent, ils devaient dater du XVIe siècle; la construction est en briques avec des chainages de pierre Le front regardant vers l’église présente une longue courtine encadrée de deux pavillons coiffes de toitures en bâtière; à son revers s’adossent quelques bâtiments; ces mêmes pignons se retrouvent dans d’autres bâtiments de cet ensemble Dans le fond de la cour, on distingue une galerie sur arcades et une haute tour carrée à toiture à deux rampants : la guette En avant de l’ensemble s’étendent de beaux jardins à la française; le tout est entouré par les eaux de la Harpies, affluent de l’Ecaillon.
Le château actuel de Vendegies a conservé des restes de cette construction. La façade de son corps de logis s’encadre de deux étroits pavillons à pignons à pas de moineaux qui ne sont pas sans rappeler ceux de notre gouache; la présence de meurtrières cruciformes dans leurs bases laisse supposer que ces pavillons appartiennent à la fin du Moyen Age. Celui de droite (ou du nord-est) a été victime d’un incendie en 1965. Une inscription gravée sur la cheminée de la salle à manger et datée de 1591 rappelle qu’Antoine de Goegnies et son épouse Marie d’Eclaibes firent exécuter d’importants travaux à leur demeure; celle-ci fut, au début du XVIIe siècle, agrandie par son nouveau propriétaire, leur gendre, Louis de Beaufort. La demeure fut pillée par les Français du cardinal de la Valette en 1637 alors qu’il faisait le siège de Landrecies, puis en 1654, elle fut incendie par les troupes de Turenne. L’aile faisant retour d’équerre doit dater du XVIIIe siècle. Il est légitime de supposer, le terre-plein sur lequel le château s’élève étant rectangulaire et entouré de douves, qu’à l’origine les bâtiments adoptaient ce même plan pour déterminer une cour centrale, en conformité avec ce que nous montre la gouache. D’ailleurs, la façade que nous connaissons, pour ses pavillons, montre des pignons et non des rampants comme on le voit sur la gouache; la façade actuelle correspond donc à celle que nous ne voyons pas sur notre document et l’emplacement des jardins est toujours visible.
Dans le fond, on aperçoit les tours de la vile du Quesnoy. A vrai dire, l’orientation de l’image n’aurait pas dû permettre au peintre de voir la ville; il est évident que celui-ci s’est placé à l’ouest pour pouvoir découvrir à la fois l’église et le château de Vendegies. J.T. et Michel Goddefroy.
En cartouche «Sasignies 1621*. Vue prise du sud
A la rencontre de deux routes, un chariot est doublé par deux cavaliers qui viennent de Berlaimont; le charriot, lui, vient de Maroilles; ses roues sont cloutées pour mieux s’accrocher au terrain. A droite, un paysan montre son chemin à un voyageur.
L’église est établie à droite de la route, là où aboutit le chemin de Baleux qui s’embranche sur l’axe emprunté par les voyageurs représentés sur l’image; il faut cependant remarquer que l’église sur la gouache est encadrée de maisons sur ses deux flancs et qu’actuellement il n’y en a pas sur sa gauche. L’interprétation de la représentation de ce monument est d’ailleurs malaisée. Il semble qu’il soit composé d’un long et haut vaisseau qui se termine par un chevet arrondi; dans cette hypothèse, le clocher se trouve curieusement implanté en biais sur le côté sud de la construction; cette même maladresse se retrouve, il est vrai, sur la gouache représentant le village de Taisnières qui a été exécutée par le même artiste que celle-ci, Jean Frehault. La tour de Sassegnies est épaulée par des contreforts. Sur sa face visible que l’artiste a représentée bien éclairée, au-dessus d’un oculus, est percée une baie à abat-son; la flèche est assez courte et elle est dotée d’un égout retroussé.
L’église actuelle date en partie de la fin du Moyen Age; elle a été restaure et agrandie en 1861. C’est une modeste construction constituée par un petit porche à l’ouest, une nef à collatéraux longue de trois travées et son choeur s’achève par une abside à trois pans, son clocher se réduit à une petite construction en charpente montée sur la première travée de 1a nef. L’église du XVIIe siècle semble d’une ampleur toute autre.
Au-delà des maisons (l’une présente un pignon à pas de moineaux) commence la forêt de Mormal. J.T. et Nicole Benoit
En cartouche : «Labbay de Liessï», surmonté de la crosse et des armoiries — Vue prise du sud
Cette abbaye fut fondée par un poitevin, Wibert, sous Pépin le Bref. Après les ravages que lui causèrent les Normands et les Hongrois, l’archevêque de Cologne Brunon tenta de la restaurer en y installant des chanoines réguliers, mais ses biens furent spoliés par les seigneurs voisins. Thierry, seigneur d’Avesnes, lui assura une sorte de seconde fondation en 1095; sa veuve, aidée de l’évêques de Laon, Barthelemy, poursuivit son œuvre; ce fut cet évêque qui consacra l’église abbatiale en 1114. Peu après, une église paroissiale fut érigée en dehors de l’enclos monastique pour ne pas gêner les moines. Les difficultés ne tardèrent cependant pas à réapparaitre : les spoliations opérées par les seigneurs d’Avesnes, une succession d ‘abbés incapables, les troubles provoqués par la guerre de Cent Ans furent autant de causes de déclin. Le redressement n’intervint qu’avec l’élection en 1510 de l’abbé Louis de Blois. Celui-ci entreprit la reconstruction des bâtiments : l’ abbatiale, le dortoir, une chapelle monumentale pour les reliques, une nouvelle église paroissiale furent alors entrepris (son choeur était en construction en 1541); après lui, Nicolas de Francs (1578-1610) acheva le cloitre. Au XVIIIe siècle, d’importants travaux furent exécutés dans l’abbaye; quelques-uns des bâtiments entrepris avant la suppression de l’établissement et l’église paroissiale subsistent.
La gouache représente donc l’abbaye telle que la connut Nicolas de Francs; ses bâtiments sont vus du sud. Un mur de défense ceint l’enclos; il en subsiste des éléments. Une échauguette marque la bifurcation de ce mur; là se trouve percée la porte protégée par une grosse tour; près de celle-ci, mais à l’extérieur du mur, se dresse l’église paroissiale. Si ses pignons latéraux ont aujourd’hui disparu, avec son petit clocher de charpente, dans ses grandes lignes, elle apparait sur l’image telle que nous la connaissons. Les deux contreforts en forme de tourelles qui épaulent aujourd’hui sa façade occidentale n’existaient pas alors; le cimetière paroissial s’étendait sur son flanc sud.
Le fond de la première cour est constitué par des bâtiments de services dominés par une tourelle circulaire. Une porte cochère donnait accès à un nouvel enclos dans le fond duquel était construit un vaste édifice de plan quadrangulaire et à cour centrale étayé par des contreforts et protégé par des douves; sa porte était défendue par deux sveltes tourelles à poivrières. L’église fermait le côté oriental de cette cour. Elle était de plan complexe puisqu’elle associait un petit porche, un vaisseau bas de trois travées flanqué de collatéraux sans doute d’âge roman et une élégante réalisation gothique longue de cinq travées droites et terminée par une abside polygonale (apparemment à cinq pans); chacune de ces travées était éclairée par une longue et étroite fenêtre ménagée dans l’espace disponible entre les contreforts; la largeur du vaisseau donne à penser qu’il s’agissait d’ une structure en halle; au chevet on avait édifié une annexe couverte par deux toitures parallèles établies dans le sens perpendiculaire à l’axe du sanctuaire. Le clocher se dressait sur le flanc nord de ce vaste choeur. C’est aussi de ce côté que s’étendaient les lieux claustraux dominés par une tourelle, mais l’église les dissimule totalement; un jardin à la française clos de murs s’étendait au sud.
Deux grands arbres campent la composition sur la gauche; en arrière-plan l’image laisse découvrir un paysage varié. J.T
En cartouche : «La Ville de Landrechi surmonté des armoiries — Vue prise du nord-ouest.
Telle qu’elle apparait sur cette gouache, Landrecies se présente sous l’aspect d’une petite ville étroitement délimitée par des fortifications qui dessinent un carré. Celles-ci sont assez récentes puisqu’elles sont pourvues de bastions d’angle, le front occidental en ayant été doté d’un autre en son milieu. Des douves en eau entourent ces murs. Du cote de la ville basse, un pont sur pilotis prolongé par un pont-levis donne accès au quartier nord de la ville auprès du bastion nord-ouest, celui dont le plan est circulaire; la porte est ménagée dans l’angle rentrant formé par cet ouvrage et la courtine adjacente; une autre porte existait auprès du bastion sud-ouest. La place a été démantelée en 1894.
Ces murs donnent ]’impression d’enfermer un agglomérat dense de maisons; les plans anciens ne confirment pas cet aspect des choses, la gouache ne tenant pas compte notamment de l’existence d’une vaste place centrale ) laquelle on parvenait par la rue prolongeant la route donnant accès à la porte décrite précédemment. Une importante église domine ces maisons. Sa tour pourvue de contreforts d ‘angle est haute de quatre niveaux délimités par des cordons horizontaux; elle n’est que parcimonieusement éclairée puisque seul son troisième niveau n’est pas aveugle et seulement sur sa face occidentale; de ce côté, l’étage supérieur est agrémenté d’une horloge; le clocher est dépourvu de flèche, il n’est doté que d’une simple guette lestant son angle nord-ouest. Sur son flanc sud, la nef dépourvue d ‘éclairage direct est accostée de trois profondes chapelles coiffées de toitures à deux versants reposant sur des pignons triangulaires; la dernière travée du vaisseau principal est dépourvue de cette annexe; le choeur est plus bas, plus étroit et il semble que son chevet soit plat. Le peintre a, à l’évidence, faussé la perspective; c’est le flanc nord de l’église qu’il aurait du nous montrer, mais cette représentation correcte, en raison de l’échelle adoptée pour le monument, l’aurait amené à le placer dans la partie nord-orientale de la ville, ce qui aurait été inexact puisque, d’après les plans anciens, il se trouvait à l’ouest de la rue conduisant a la grande place centrale. J.T
La Ville D’Avesne Premier Pers de Haynault. 1598— Vue prise du nord.
En venant de Maubeuge, le voyageur rencontrait aux abords de la ville l’atelier d’un maréchal-ferrant; une construction en colombage montée sur un soubassement de briques et couverte de chaume. Par un chemin étroit et en pente, il gagnait le moulin Saint Pierre, un moulin à eau où les paysans venaient moudre leur grain. II atteignait ensuite la porte de Mons ou porte de Mauvinage ou d’Enghien; un large terre-plein limité par des barrières permettait le stationnement des chariots pendant les formalités d’octroi. Un pont-levis. protégeait cette entrée; sa chambre de manœuvre est maladroitement représentée puisqu’elle est montée en encorbellement, ce qui aurait interdit son relèvement complet.
La ville est enclose dans des fortifications qui décrivent grossièrement un losange. Elles sont réalisées en pierre, mais les bastions sont montés en briques. Démantelées en 1477, elles furent relevées par Charles et Philippe de Croÿ puis par Philippe II d’Espagne. La gouache nous en montre le front dit de Beaumont (au premier plan à gauche)et celui de Renty (à droite), prolongé au-delà d’un bastion médian par le boulevard de Ia Reine. Le bastion ménagé à leur intersection donne l’impression d’être constitue de trois tours dessinant un trilobe. Au sommet du terre-plein qui coiffe le bastion formant l’angle entre les fronts de la Reine et de Gallant (le plus occidental), un canon est braqué contre l’ennemi. L’entrée de l’Helpe dans la ville n’est pas clairement indiquée; en fait elle s’effectuait au milieu du front de Beaumont; sa sortie s’effectuait au pied du bastion séparant le front de Renty de celui de la Reine, du côté du premier.
L’image donne une bonne idée de la ville telle qu’elle se présentait au début du XVII e siècle. Sa partie haute est dominée par la masse de la collégiale Saint-Nicolas dont on aperçoit le flanc nord avec les pignons de ses chapelles latérales, la flèche établie au-dessus de la toiture de la nef et la haute tour occidentale couronnée d’un dôme. A ses pieds, on distingue le château. En 1106. sans l’autorisation du comte de Hainaut, Gossuin avait construit une grosse tour; démantelé par Louis XI en 1477 le château fut reconstruit par Jeanne d’Albret; il devint par la suite la résidence du gouverneur, puffs il abrita des services administratifs; en 1815, l’explosion d’une poudrière l’endommagea; sur son emplacement fut construit par la suite le tribunal. L’image montre aussi les autres constructions religieuses qui existaient à Avesnes au début du XVII e siècle: les chapelles Saint-Jean et de la Madeleine, du Béguinage, de l’Hôpital et des Cordeliers. Ce monastère fondé en 1460 avait été épargné par le siège de 1477; sur le plan de Deventer il ne figure que par son Eglise; ses autres bâtiments, notamment son cloitre, ont donc du être construits ultérieurement grâce aux libéralités de Louise d’Albret; cette église des Cordeliers (près du bastion situé à droite de l’image) construite en briques avec couverture d ‘ardoise a été démolie en 1842. La chapelle Sainte-Madeleine était établie près du cimetière dont le terrain avait été cédé à la ville par Charles II de Croy. Près de cet oratoire se trouvait le Béguinage organisé en 1534; les deux flèches, correspondant aux chapelles de ces institutions sont celles que l’on voit à l’est de Saint-Nicolas. Pour le service de l’hôpital fondé au XII e siècle, Louise d’Albret fit venir des Sœurs Crises; leur chapelle construite en briques et établie dans la zone marécageuse de la ville basse (en arrière du bastion d’angle du premier plan) fut dédiée en 1502.. Après l’incendie de 1514, beaucoup de maisons durent être reconstruites , la tuile domine pour leur couverture, l’ardoise étant réservée pour les constructions religieuses. J.T
En cartouche : «Taisnieres». – Vue prise de l’est.
Taisnieres était le principal village de Ia Terre de Saint-Humbert qui appartenait l’abbaye de Maroilles; ses habitants furent en continuel conflit avec les moines: dès le début de la Révolution, ils assouvirent leurs rancunes en détruisant l’abbaye de fond en comble.
Trois chemins convergent au premier plan : à gauche la route vers Dompierre-sur-Helpe, an centre la rue du Vivier; à droite la route vers Monceau-Saint-Vaast ou Noyelles et Leval. Nous sommes an lieu-dit Les Catiaux.
A gauche, la grande construction quadrangulaire réalisée en pierre est un fort bâti en 1559 par la commune pour que ses habitants puissent s’y retirer en cas de danger pendant les guerres; ce fort a été construit sur l’emplacement d’un castellum romain; il dessinait un carré de cinquante mètres de côté et on y entrait par un pont-levis établi à son angle sud-ouest car des fossés l’entouraient; il a été démoli en 1769.
Environ trois cent cinquante mètres plus loin, on atteint le pont qui permet de franchir l’Helpe Majeure; il en en mauvais état; ni les moines, ni la commune ne consentent à le réparer : il faut souvent franchir la rivière à gué; il fut cependant restauré en 1604.
Plus en aval, vers le sud-est, un moulin est installé sur la rivière; on en voit la roue à gauche de la gouache; il existait déjà un moulin à Taisnieres en 1131; à cette date, l’évêque Lietard confirma à l’abbaye «la possession du village de Taisnieres avec l’église, la brasserie, le moulin, les près, les serfs des deux sexes et toute l’avouerie ».
Par la rue du Pont, on gagne l’église; sur la gouache elle apparait comme un monument important construit en pierre et couvert d’ardoise. L’église actuelle reconstruite au XVIII e siècle est correctement orientée et les moines ont du alors renouveler le sanctuaire sur l’emplacement de celui que nous voyons sur notre document : il faut donc admettre que l’église médiévale était elle aussi correctement orientée; on doit donc considérer qu’elle présentait une nef suivie par un choeur terminé probablement par un hémicycle, que sur les flancs de la première ou tout au moins du côté sud s’élevait une sorte de transept; la façade de cette chapelle formant faux croisillon (sa toiture est plus basse que celle du vaisseau principal) s’éclairait de deux fenêtres et d’un oculus perce au niveau du pignon; le clocher, ce qui en exceptionnel, était implanté dans l’angle rentrant formé par le choeur et le croisillon sud; il donne l’impression d’être placé en biais, mais ceci résulte certainement d’une maladresse du peintre (maladresse que l’on retrouve sur la gouache représentant le village de Sassegnies). Ce clocher superpose à une tour carrée, éclairée dans sa partie supérieure par une baie sur chacune de ses faces, une toiture oblique à quatre pans qui est coupée par un nouvel étage éclairé par trois baies par face, étage lui-même couronné par une flèche à égout retroussé. L’église actuelle de Taisnieres a été reconstruite au XVIII e siècle: la tour en 1724, la nef en 1758 et le choeur en 1760; sur le choeur de celui-ci on put lire jusqu’au début du XXe siècle les trois lettres «V D P» que l’on a interprétées comme étant les initiales des trois mots «village de plaideurs».
Dans le fond, à droite de l’image, on voit courir la route allant de Noyelles à Landrecies. J.T. et Nicole Binoit
cartouche : «Harbegnÿ 1621». – Vue prise de l’ouest.
Cette gouache est de la main de Jean Frehault. Le hameau est représenté à l’instant où un orage va éclater. Sur la mule, un roulier presse ses deux chevaux; il transporte des ballots de diverses couleurs. Un autre attelage traverse le village; un paysan ploie le dos sous le poids de sa hotte, des cavaliers avancent; la vie est partout présente; la paysanne qui occupe la maison bordant la route empruntée par le roulier a ouvert sa porte : elle tient à la main le soufflet avec lequel elle va essayer d’allumer son feu. Toutes les habitations sont en torchis et le chaume sert à leur couverture.
Cette gouache est incontestablement l’une des plus belles de Ia série. Les quelques chaumières de ce hameau ne présentent qu’un médiocre intérêt, mais le tableau est devenu une petite scène de genre: la beauté des couleurs, l’opposition entre les grands arbres vus à contre-jour et ceux dont le feuillage est encore violemment éclairé par la lumière orageuse contribuent à donner à ce tableautin un grand charme. J.T.
En cartouche: «Le Villaige et baronÿ de bousies, surmonte des armoiries — Vue prise du nord.
Sur une imposante motte au pied de laquelle se tassent les maisons du village construites en torchis et couvertes de chaume se dresse le château seigneurial. II est constitué d’une forte tour cylindrique coiffée d’une poivrière et accostée d’une haute guette en briques de plan polygonal. De l’autre côté, toute une série de constructions appartenant au château escaladent la pente de la motte; deux d ‘entre elles sont mitoyennes et présentent leur pignon: un corps de logis éclairé dans sa partie supérieure par trois fenêtres et une tourelle coiffée d’une poivrière et accolée à un étroit bâtiment percé de deux meurtrières raccordent ces bâtiments à pignon au donjon; ceux-ci s’adossent à un autre bâtiment longitudinal construit en briques comme eux-mêmes. Ce château disparu au XIXe siècle avait antérieurement appartenu au maréchal Mortier.
A droite de l’image, l’église parait bien humble à côté de cette masse imposante que représente le logis seigneurial; son choeur tourné vers celui-ci est à chevet plat et il est plus étroit et plus bas que la nef unique dont le flanc nord est éclairé par trois fenêtres; un clocheton se dresse à l’ouest; cette construction hétérogène, puisque sa nef est en pierre tandis que le sanctuaire est en briques, a été renouvelée au XVIII e siècle.
Au premier plan, un chemin creux mène à un champ qu’un paysan laboure: on se trouve ici a la limite des dernières terres cultivées du Cambrésis. Au-delà, des bêtes paissent dans une pâture; vers la gauche, un moulin à vent est juché sur une petite butte. Vers Ia droite de l’image, le chemin continue pour gagner en serpentant le secteur du village où est implantée l’église. J T