Les journaux régionaux de l’Avesnois auxquels s’ajoutent de rares archives communales se sont fait l’écho des principales catastrophes naturelles qui ont marqué la mémoire des habitants de notre région. Les articles de presse sont donc les témoins intemporels de ces cataclysmes ayant provoqué des dégâts matériels à grande échelle et parfois malheureusement des pertes humaines. Ces désastres ont pris la forme d’ouragans, de tornades, de tempêtes mais également d’inondations.
Première Partie : les ouragans les tornades et les tempêtes
Ouragan Avesnes 3 Août 1783 :
L’ouragan furieux, mêlé de grêle et de tonnerre, venant du sud ouest, qu’à malheureusement éprouvé le trois août 1783 entre les cinq et six heures du soir la ville d’Avesnes en hainaut située entre Sambre et Meuse sur la rivière d’Helpe ma-jeure et faisant partie des pays bas français, le dé-astre qu’il a causé, la détresse et la consternation dans lesquels il a plongé ses malheureux habitants et le peuple de ces contrées, les mettant dans la nécessité de réclamer les secours et les bontés du gouvernement….
Document trouvé aux archives municipales d’Avesnes sur Helpe par M Alain Delfosse. Suite du texte sur son site Association Racines et Patrimoine Bulletin N°12 de Septembre 2013 p 16 à 18
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Ouragan Etroeungt 1863 :
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Ouragan Avesnois 12 Mars 1876 :
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Orage et grêle Fourmies 30 juin 1883 :
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Ouragan Fourmies 27 août 1894 :
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Tornade dite du Pommereuil 24 juin 1987 :
Outre Pommereuil très gravement sinistrée, elle a frappé plusieurs autres communes du Cambrésis et de l’Avesnois sur un couloir de dégâts long de 23 kms et exceptionnellement large (500 m en moyenne mais dégâts parfois à 1,5 voire 2 kms).
En effet la tornade détruisit une partie des villages de Saint-Benin, de Saint-Souplet, de Bazuel, la quasi-totalité du Pommereuil avant de poursuivre sa course folle vers la forêt de Mormal. Sa dernière victime a été Fontaine-au-Bois. Le 24 juin 1967, 197 des 230 maisons du village ont été détruites.
« Je me souviens que Fontaine était un village de cerisiers. Avant la tornade, il y en avait six peut-être sept cents dans la commune. Le 25 juin, il n’en restait plus que 40. » Propos de Jean-Pierre Abraham, le maire de Fontaine-au-Bois Source La Voix du Nord du 27/08/2012
Autre témoignage à travers la Voix du Nord du 12/08/2012
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Tornade Hautmont 3 août 2008 :
Le 3 août vers 22h30, à Hautmont une tornade entraina la mort de trois personnes et provoqua des dégâts considérables.Les premiers dégâts apparurent à Pont-sur-Sambre, puis vers le nord-est, dans les champs au niveau de Boussières-sur-Sambre, et dans le Bois du Fay. C’est au sortir du bois, à Hautmont, que les dégâts furent les plus impressionnants avec des maisons totalement détruites. Au total, le phénomène (dont la largeur semble avoir varié entre 100 et 200 mètres selon la zone) a parcouru une dizaine de km.
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Tempête Xynthia 27 et 28 février 2010 :
Le dimanche 28 février, la tempête Xynthia n’a pas épargné l’Avesnois. La toiture de l’école primaire de Solre-le-Château s’est envolée sous la force du vent.La tempête a fait d’autre dégâts en Avesnois. Arbres couchés, fils dénudés, tuiles envolées… en tout, les pompiers sont intervenus 361 fois dans le Cambrésis-Avesnois. Une centaine d’interventions ont été dénombrées sur les secteurs de Solre, Avesnes, Landrecies, Aulnoye et Le Quesnoy. Aucun blessé n’est à déplorer. L’envolée de la toiture de l’école primaire reste la conséquence la plus marquante de la tempête Xynthia dans le secteur. Source L’Observateur du 1 er mars 2010
Une autre toiture s’est envolée :celle d’une bâtisse rue Jean-Jaurès à Fourmies qui est retombée sur la toiture d’une agence bancaire.
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Tempête Ciara 9 et 10 février 2020 :
La toiture du collège Eugène Thomas du Quesnoy a été endommagée sur 30 mètres. Un chapiteau s’est envolé dimanche soir à Fourmies. Un morceau de tôle de la toiture de la mairie de Louvroil s’est envolé ce lundi, vers 7h du matin.
Des chutes d’arbres un peu partout : On ne compte plus les arbres déracinés ou cassés dans les villages, dans les jardins, les parcs et sur le bord des routes. Les terrains gorgés d’eau n’ont pas retenu les racines lors de cet épisode de gros vent, entraînant la chute des arbres. Cependant la forêt de Mormal a été peu impactée : l’événement climatique qui a vraiment touché au cœur la grande forêt domaniale remonte lors de la tornade de Pommereuil en juin 1967.
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Seconde Partie : les inondations
Inondations : 1850 , 1879,1890, 1898, 1903, (1915), (1920), 1924, 1936, 1956, 1961, 1980, 1993 et 2010.
Inondations de 1850 :
« La crue de 1850 est la plus importante connue à ce jour sur la Sambre. Le 15 et 16 août 1850, des pluies torrentielles s’abattent sur le bassin. Très vite, les deux Helpes puis la Sambre débordent et inondent leurs pluies. Seule la rivière Solre, au nord-est, semble épargnée par les précipitations. A Avesnes, l’Helpe envahit la partie basse de la ville et menace le magasin à poudre; la Sambre sort de son lit; la plaine de Maubeuge à Valenciennes est couverte d’eau ; Deux jours plus tard, à Namur, la Sambre passe par-dessus les digues, et tombe dans la Meuse.
Même s’il est aujourd’hui délicat de prendre en compte des valeurs aussi éloignées dans le temps, notamment en raison des aménagements réalisés sur le bassin versant depuis cette époque, il n’en demeure pas moins que les hauteurs atteintes en 1850 dépassent de plusieurs dizaines de centimètres toutes celles relevées par la suite. »
Source : Crue de la Sambre en 1850, Rue du Séminaire – Namur – Belgique – High Level Marks on Waymarking.com
La crue des 15 et 16 août 1850 restera dans les annales comme la pire qu’aurait subi la Sambre-Avesnois et dont il reste un témoignage. « À Avesnes, l’Helpe envahit la partie basse de la ville et menace le magasin à poudre […] La Sambre sort de son lit ; la plaine de Maubeuge à Valenciennes est couverte d’eau […] À Namur, la Sambre passe par-dessus les digues et tombe avec violence dans la Meuse » écrit Maurice Champion dans Les Inondations en France du VIe siècle à nos jours (1858). Sans avoir des mesures exactes, on estime que les hauteurs d’eau atteintes en Sambre-Avesnois en août 1850 auraient dépassé, de plusieurs dizaines de centimètres, celles relevées depuis.
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La crue de 1879 :
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Orage 20 Mai 1890 :
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Inondations crues de l’Hogneau juin 1898 :
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Inondations Novembre Décembre 1903 :
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Inondations Avesnes-sur-Helpe : 1915
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Inondations Maubeuge janvier 1920 :
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Inondations Fourmies 1924 :
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Inondations Avesnes 1936 :
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Inondations 1956 :
En mars 1956, des pluies généralisées tombent sur toute l’Europe. En Sambre-Avesnois, les sols sont gelés et n’absorbent pas l’eau. Les deux Helpe gonflent et font monter la Sambre d’1,20 m en une demi-journée. Avesnes-sur-Helpe est coupée en deux ; l’hôpital, évacué. Des maisons sont inondées aussi à Berlaimont, Maubeuge, Hautmont et Assevent. Plusieurs usines sont à l’arrêt, des milliers d’ouvriers au chômage technique. Les routes ainsi que les ouvrages de navigation sont très dégradées par le courant. Le secteur agricole est également très impacté.
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Inondations janvier février 1961 :
Saturés par les pluies de décembre (220 mm à Fourmies !), les sols gèlent en janvier 1961. Puis il se remet à pleuvoir… Du 30 janvier au 6 février 1961, l’ensemble du bassin de la Sambre est concerné par des inondations impressionnantes ; on dépasse les niveaux de 1956 de +10 à +20 cm, avec 3.28 m et 3.25 m respectivement à Liessies et Etroeungt. Dans les quartiers bas de Maubeuge, d’Hautmont… on se déplace en barque. Le plan ORSEC est déclenché.
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Inondations juillet 1980 :
» Des habitants de plusieurs communes de la région de Valenciennes et d’Avesnes-sur-Helpe (Nord) ont été évacués Lundi pour cause d’inondations. Certaines de ces communes vont être vraisemblablement déclarées sinistrées indique-t-on à la direction départementale de la sécurité civile. »
En 1980, c’est en été que la pluie décide d’inonder la Sambre-Avesnois. On en subit les conséquences du 19 au 26 juillet. Cette fois-ci, Solre-le-Château est particulièrement touchée. Certaines rues de la ville sont recouvertes par 4 m d’eau ! La Sambre déborde à partir du 21 juillet, quand le beau temps est déjà de retour. Une vingtaine de communes sont sinistrées, de nombreuses routes coupées. Les agriculteurs sont particulièrement touchés : des animaux se noient, des récoltes sont perdues.
La crue est, nous l’avons dit, particulièrement importante sur la Solre. 55 m3/s sont mesurés à Ferrières-la-Grande avec des périodes de retour comprises entre Q30 et Q70). Tous les bourgs riverains sont inondés. A Solre-le-Château certaines rues sont recouvertes par quatre mètres d’eau. Sur les Deux Helpes, les hauteurs relevées sont les plus importantes enregistrées depuis la mise en place du service hydrométrique (3.38m à Liessies, 4.32 m à Maroilles).
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Inondations décembre 1993 :
Après plusieurs semaines très pluvieuses, des crues importantes ressurgissent à partir du 13 décembre 1993. Il y en aura pour 20 jours. Considéré comme l’événement le plus important du XXe siècle sur les deux Helpe et la partie amont de la Sambre, il sert aujourd’hui de référence. L’eau envahit les plaines, puis les villes, les zones industrielles. À Ferrière-la-Grande et Cerfontaine, une trentaine de personnes et une maison de retraite sont évacuées. De nombreuses communes bénéficieront d’un classement pour catastrophe naturelle.
Des mesures de débit ont pu être enregistrées concernant la crue de décembre 1993/janvier 1994. On a relevé jusqu’à 46 m3/s dans l’Helpe majeure à Liessies ; 63 m3/s dans l’Helpe mineure à Maroilles et 142 m3/s dans la Sambre à Maubeuge.
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Crues de la Solre 2002 :
Les zones inondables s’étendaient de Dimechaux, à l’aval de Solre-le-Château, à la Sambre, soit une superficie de 300 ha. en crue centennale. Les communes les plus touchées furent celles de la basse vallée : Ferrière- la-Grande, Ferrière-la-Petite et Rousies.
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Inondations 13 au 15 novembre 2010 :
https://video-streaming.orange.fr/actu-politique/inondations-a-grand-fayt-CNT00000193ozL.html
Moins importantes que celles de 1993/1994, les crues du 13 au 15 novembre 2010 ont également marqué les esprits. Des terrains agricoles et quelques fermes isolées ont été submergées. On se souvient notamment de ce bus scolaire échoué route de Pantegnies à Pont-sur-Sambre, avec cinq enfants à son bord.
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Coulées de Boue Avesnois Mai 2018 et juin 2019:
La commune de Beaudignies a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des inondations et coulées de boue du 29 mai 2018. Hon-Hergies, ce village traversé par L’Hogneau et ses affluents n’a pas également oublié les coulées de boue de mai 2018 et en juin 2019.
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L’Helpe Majeure placée en vigilance orange le 16 Juillet 2021 :
Les niveaux de débordements causés par les pluies marquées de ce début de mois de juillet 2021 justifièrent de placer l’Helpe Majeure en vigilance orange le vendredi 16 Juillet, la rivière atteignant à 16 h 55 à la station Flaumont-Waudrechies 2,47 mètres contre 1,64 m la veille à la même heure.
A Avesnes-sur-Helpe un quartier était ce 16 juillet les pieds dans l’eau :
Si en amont d’Avesnes-sur-Helpe, la décrue de l’Helpe Majeure semble s’amorcer doucement, depuis le début d’après-midi, les habitants du quartier de l’ancien hôpital observent, impuissants, à la montée des eaux. L’eau, qui sort surtout par les bouches d’égout, inonde tout le quartier, s’infiltre dans les caves, dans les garages… Selon nos informations, l’électricité a dû être coupée. Ce sont des dizaines de foyers qui se retrouvent sans électricité. Deux groupes électrogènes ont été installés pour assurer un minimum d’alimentation. Les sapeurs-pompiers sont sur place. La situation ne devrait pas s’améliorer rapidement. L’Helpe Majeure est toujours en vigilance orange et l’eau pourrait continuer de monter dans la soirée. Source : L’Observateur du 16 juillet 2021
La situation se dégradait également en Sud-Avesnois. A Anor, l’étang de la Neuve Forge et l’étang de Milourd ont débordé. A cet endroit, la route a été fortement endommagée et a été coupée à la circulation car elle menaçait de s’effondrer. L’eau est passée au dessus de la digue de la Neuve Forge. A Moustier-en-Fagne, l’Helpe est sortie de son lit et la maison espagnole avait presque les pieds dans l’eau. Mais c’est surtout à Eppe-Sauvage que la situation s’est dégradée le plus. L’’accès au village était impossible en venant de Trélon et Moustier. Le Pont était fermé. Source : L’Observateur du 15 juillet 2021
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Dernière Partie : la situation de nos jours
Le bassin versant de la Sambre française a été aménagé depuis le 15ième siècle. La Sambre a été détournée au 18 ème afin de rejoindre le bassin parisien ce qui a permis notamment, le transport du bois du Nouvion vers Paris pour la construction de la ville. Puis, la canalisation de la Sambre s’achève en 1836 et le canal de la Sambre à l’Oise (67km) est construit en 1838. Au 20ième siècle, les travaux de canalisation ou de domestication de cours d’eau ont eu lieu dans les grandes agglomérations (recouvrement de l’Helpe Mineure dans la traversée de Fourmies et de Wignehies, rectification d’un méandre à Avesnes, construction dans le lit majeur dans le Bief de Maubeuge…) Sur les 2 Helpes, les aménagements hydrauliques ont court depuis le 15ième siècle avec deux grandes abbayes : Liessies (Helpe Majeure) et Maroilles (Helpe Mineure). Cela a consisté à drainer les zones basses et marécageuses, détourner les lits mineurs pour les moulins, création d’étangs..
Depuis, d’autres barrages ont été construits sur le cours d’eau ou des canaux d’amenés afin d’utiliser l’énergie hydraulique (meuniers, forges, des marbreries, des scieries, des industries textiles). De plus, l’Helpe Majeure est le seul cours d’eau de la région, hormis le secteur des Wateringues, à avoir fait l’objet d’un aménagement de gestion des écoulements par l’implantation en 1968, sur la commune de Willies, du barrage du Val Joly (capacité utile de 4,6 millions de m3). Il avait pour objectif initial d’assurer à EDF un débit réservé pour le refroidissement des générateurs de la centrale thermique de Pont sur Sambre.
En plus d’avoir permis l’installation d’une base nautique, ce lac a donc une triple fonction. Il a été à la fois :• une retenue d’eau d’une capacité de plus de 7 millions de m3 contenue par un barrage en béton armé de 18 m de haut et 315 m de long permettant de réguler partiellement le débit de l’Helpe Majeure ;• une source d’hydroélectricité à partir d’une capacité utile de 4,6 millions de m3, • une réserve d’eau constituée pour répondre aux besoins de refroidissement de l’ancienne centrale thermique (EDF) de Pont-sur-Sambre, devenue depuis centrale au gaz.À l’heure actuelle, le barrage du Val Joly n’a plus vocation que de maintenir un niveau d’eau compatible avec l’usage de loisirs et la vie aquatique ainsi que d’écrêter les crues et soutenir l’étiage des cours d’eau situés en aval.Les besoins en eau de refroidissement de la centrale électrique POWEO sont en effet assurés par l’utilisation d’anciens captages d’eau industrielle situés à Aulnoye-Aymeries.
Le barrage du Val Joly implanté en 1968, sur la commune d’Eppe Sauvage permet de limiter l’étiage, mais il ne joue qu’un rôle secondaire dans l’écrêtement des crues de l’Helpe majeure du fait de sa position en tête de bassin et de sa faible capacité. Il a permis de réduire le nombre de crues les plus faibles (inférieures à la crue décennale) mais il ne joue qu’un rôle réduit pour les fortes crues telles que celle de décembre 1993
Source : PNR Avesnois – Etat des lieux du SAGE Sambre 10/55 PP- 02/07/2007
Les conséquences sont parfois meurtrières et toujours génératrices de troubles psychologiques. Cet article est dédié aux victimes de ces catastrophes, aux sinistrés, à tous les secouristes professionnels ou bénévoles qui interviennent avec grand mérite, parfois au risque de leur vie, aux agriculteurs appliquant des méthodes de cultures vertueuses et enfin aux élus et salariés d’établissements publics qui ont pour but d’assurer le développement équilibré, harmonieux et durable du territoire en limitant aux mieux ces cataclysmes (Le Schéma de Cohérence Territoriale Sambre Avesnois (SCOT), la Charte du Parc Naturel Régional de l’Avesnois (PNRA), le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) ou encore le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) etc.