L’histoire de Maroilles est intimement liée à celle de son abbaye bénédictine. Celle-ci fut fondée vers 652 par le conte Chonebert, de la cour de Dagobert, et eut pour premier abbé saint Humbert. Les moines se consacrèrent au défrichement de la forêt et à l’établissement de la communauté. L’abbaye fut détruite en 879 par les Normands, puis en 953 par les Hongrois.
La commune de Maroilles était déjà bien établie lorsqu’en décembre 1245 une charte ou loi de paix précisa les attributions en matière de justice et d’administration. La commune était gérée par un maire, désigné par l’abbé, ainsi que par 7 échevins et 12 jurés, essentiellement représentants des intérêts communaux.
Maroilles et son monastère eurent beaucoup à souffrir des différentes guerres qui affectèrent le Hainaut. Cependant, l’abbaye prospéra et devint l’une des plus puissantes de la région. François Ier y logea en 1543, puis Philippe II, Turenne et enfin Louis XIV.
Au XVIII e siècle, les moines étaient devenus de gros propriétaires fonciers, très prospères. Cette forte prospérité était notamment liée au développement de la fabrication du fromage de Maroilles dans les fermes. les religieux étaient en procès avec les habitants de tous les villages voisins. L’abbaye, d’une richesse somptueuse, avait fini par exciter la haine et la convoitise des paysans des alentours. Aussi, le 29 juillet 1789, les habitants de Taisnières se mirent en route vers Maroilles, armés de vieux fusils, de sabres, de fourches et pénétrèrent dans le monastère. Ils le pillèrent et le saccagèrent. On appela cette expédition le « vacarme de Maroilles ». Elle mettait fin à l’histoire de l’abbaye.
Ses bâtiments furent vendus comme biens nationaux en 1791 et pour l’essentiel aussitôt démolis. Seuls subsistent aujourd’hui le moulin qui produira de la farine jusqu’à son incendie en 1889 et la grange dîmière, qui a été réhabilitée pour en faire une maison de l’environnement et du tourisme. Ils ont été inscrits à l’inventaire des monuments historiques en 1977.
L’église de Maroilles a été reconstruite en 1729 (tour et clocher) et 1738 (murs latéraux), sur les fondation de l’ancienne église fortifiée bâtie au XVI e siècle dont elle en a conservé une imposante collection de pierres funéraires du XVII e siècle. Sa façade est de style néo classique et son clocher est entouré de quatre clochetons.
Sous le porche :
- des pierres armoriées de l’abbaye
- Tableau de gauche
- Tableau de droite
Son intérieur est particulièrement riche.
Les orgues proviennent de la chapelle de l’abbaye de Maroilles et ont été mises en place en 1792, à la suite de la destruction de l’abbaye.
La partie instrumentale a été restaurée par Joseph Kerkhoff, facteur d’orgues à Bruxelles, en 1867.
Orgue fortement architecturé, composé d’une tribune ajourée à trois tourelles, d’un positif surmonté d’un angelot et d’un buffet à cinq tourelles orné de deux personnages masculins en gaine et surmonté de deux angelots musiciens.
La tribune est surmontée de deux angelots tenant une trompette et esquissant un pas de danse. Deux atlantes sont placés de part et d’autre de la tribune et un troisième angelot surmonte le positif. Texte : culture.gouv.fr
La sacristie date de 1882 (ADN Série 4 V).
12 Vitraux éclairent l’église.
LA MAIRIE
En face de la porte d’entrée de l’abbaye se trouvait l’échevinage, aujourd’hui l’hôtel de ville. Cette opposition ne résulte pas du hasard. La municipalité en querelle avec l’abbaye tenait à afficher son indépendance. Le bâtiment est de 1704. Il portait autrefois une pierre sculptée où l’abbaye était représentée sous les traits d’un renard, et la commune sous ceux d’un coq en attitude de combat. Cette pierre de 1702 a disparu et a été remplacée par une autre qui exprime la reconnaissance du village envers « nos ancêtres de 1789 ».
La maison du Parc est installée dans l’ancienne grange dimière. C’est un lieu d’information et un espace d’animation dans les domaines de la nature et de l’environnement, du patrimoine et des produits du terroir. Elle accueille également des expositions temporaires dont l’entrée est gratuite.
MUSEE DE LA VIE PAYSANNE « ESPACE HERBAGE » :
Situé dans l’ancienne école des filles au 53 Grand’Rue ce musée retrace la vie des herbagers de 1850 à 1950 : exposition des outils utilisés, des machines qui servaient à la fenaison, reconstitution d’une laiterie …
MUSEE DES ANCIENS SAPEURS POMPIERS :
C’est l’amicale des Sapeurs-Pompiers de Maroilles présidée par René Vaubourgeix (dernier chef de corps) qui a créé un musée suite à la cessation de ce corps en janvier 2013 pour perpétuer et partager les souvenirs. Situé au 63 Grand’Rue le musée recense une bonne centaine de pièces, toutes maroillaises, pour certaines très anciennes (1828) et rares. Voir la vidéo réalisée par Patrice Thioloy le 08/10/2014
HISTORIQUE DU CORPS DES POMPIERS
En 1689, un gentilhomme provencal nommé Dumourier-Duperrier, de retour d’un voyage en Allemagne, où il avait une pompe employée pour combattre un incendie, demanda au roi le privilége de construire des pompes analogues. Ce privilége lui fut accordé pour une durée de douze années.
Notre gentilhomme se mit aussitôt à l’oeuvre; mais, soit que les fonds nécessaires à son entreprise lui aient manqué, soit qu’il n’ait pas possédé des plans Ou des indications suffisantes pour faire construire des pompes, ce ne fut qu’en 1675, c’est à dire au bout de six ans de tâtonnements et d’études qu’il put offrir à la ville de Paris les trente premièeres construites par lui et dont on put faire usage à Paris.
La récompense ne se fit pas attendre : Dumourier-Duperrier fut immédiatement nommé directeur des pompes de la ville. Une liberté entière lui fut accordée pour organiser cet important service, et il recut pour cela une allocation annuelle de 29.000 livres.
II choisit alors soixanre hommes qu’il nomma gardiens des pompes de la ville, et leur assura un traitement de cent livres par an. L’uniforme de ces hommes se composait d’un habit bleu de roi, très court, sérré à la taille au moyen d’une ceinture en cuir. Leur coiffure consistait en une culotte de feutre recouverte d’un tissu métallique.
L’organisationdu service des pompiers dura ainsi, sous la direction d’un entrepreneur jusqu’en 1760, époque où le sieur Morat recut en titre la direction du service, encore très imparfait.
L’incendie de la foire Saint-Germain survenu le 16 mars 1752, et celui de l’Opéra et du Palais-Royal le 6 avril de l’année suivante, révélèrent l’insuffisance de cette organisation, et, à partir de cette époque , un poste permanent fut établi dans chaque quartier.
La création des corps de gardes-pompiers tels qu’ils existent encore aujourd’hui ne date que du 6 juillet 1801. Un décret du 18 septembre 1841 les organisa militairement sous le nom de corps de sapeurs-pompiers.
Source : Journal de Fourmies du 25 septembre 1881
LE MONUMENT AUX MORTS
le Monument aux Morts est surmonté d’une Victoire ailée portant la torche et la couronne.
Au bas un enfant soulève un linceul découvrant le buste d’un soldat défunt gisant dans un sépulcre.
LE MOULIN DE L’ABBAYE
Une pierre datée 1575 porte les armes de l’abbé Frédéric d’Yves, l’un des plus célèbres, qui régna sur l’abbaye dès l’âge de 23 ans, de 1564 à 1599.
Sur le liteau de la porte, on lit la devise de l’abbé Frédéric d’Yves « Adh (a) erere Deo bonum », ce qui signifie « Il est bon de s’attacher à Dieu ».
Il reconstruit le moulin, qui fut agrandi en 1634 sous le règne de dom Simon Bosquier, et reçut son troisième tournant en 1770 à l’époque de Maurice d’Offergnies.
Reconstruit à cette date, son propriétaire Alexandre Boucher lui ajouta une troisième roue. En 1792 il fut adjugé à Alexandre Boucher pour le prix de 38700 livres. Un litige au sujet de la réparation du pont près du moulin opposa le meunier et la commune en 1804 et il semble que le pont fut réparé et entretenu concurremment aux frais des deux antagonistes. Benoit Boucher, fils d’Alexandre loua ensuite le moulin. Il décéda en 1835 et le moulin fut la propriété de ses trois enfants. En 1863 le moulin comprenait cinq paires de meules. En 1876 le meunier M. Guilbert se noya en voulant réparer son moulin. Le 16 juillet 1889 un garçon tomba accidentellement dans la roue du moulin et fut broyé. Le 27 septembre de la même année, le père du garçon incendia le moulin. C’en fut fini du moulin à farine. Il fut racheté par la manufacture de galoches et de cuirs appartenant à Maillard fils et Boulmont puis par la SA des Tanneries et Corroieries de Maroilles. Cette société fit faillite en 1909 et l’ensemble de la tannerie comprenant le moulin qui produisait alors de l’électricité fut acquis par Abel Fidèle Gilson. Celui-ci créa alors une nouvelle Société Anonyme des Manufactures de cuir de la Sambre en juin 1909 et qui perdurera jusqu’aux environs de 1930. Le moulin produisit du courant jusque peu après 1945. Il devint un restaurant dans les années 1980 mais fut incendié à deux reprises, en 1984 et en 1987. Il fut acheté par M et Mme Liétard Cavrois qui engagèrent de gros travaux de restauration. En 1995 le moulin accueillit une de ses trois roues grâce au concours de l’ARAM. Il fut restauré il y a quelques années dans le cadre du Contrat de Rivières.
LE MOULIN DES PRES
Le moulin des Près fut construit en 1790 1791 par Michel Baillon de Pont-sur-Sambre. Vendu le 7 juin 1810 à Pierre Salengros il restera dans la famille jusqu’à sa fin en 1880. Il tombait en ruine vers 1888 et fut substitué par une maison qui est aujourd’hui un restaurant.
LA FONTAINE SAINT HUMBERT
Située au centre du village, elle était le but d’un pèlerinage où le saint patron était invoqué contre la rage. La tradition veut que sainte Aldegonde, rendant visite au saint, se soit désaltérée à cette fontaine.
L’ARC DE TRIOMPHE
Il a été érigé en 1807 par le maire Vandois à la gloire des armées napoléoniennes, avec pour 2/3 les éléments du portail de l’abbaye, le reste, acheté aux carrières de Marbaix.
Une inscription est située sur l’entablement : « Cet arc de triomphe a été élevé en 1807 à la gloire de nos armées par Nicolas Joseph Vendois, maire de l’an VII à 1816 ».
L’arc de triomphe est restauré en 1843 par l’ architecte Grimault, pendant le mandat de Monsieur FOURNIER.
En 1977, l’arc est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Il a été restauré en 2014.
LE KIOSQUE A DANSER
Kiosque de concert octogonal construit en 1932 avec soubassement en béton enduit de ciment. Les éléments sont peints en rouge. La couverture est en zinc. Les poteaux en fonte s’appuient sur des piliers qui ont la hauteur du garde-corps. Un premier kiosque à musique avait été installé en 1909 par les établissements Clovis Cassoret & Frères à Saint-Sauveur d’Arras. Source : Kiosques du Monde.
LES ORATOIRES ET CHAPELLES
CHAPELLE N.D.DES HAIES
LES CALVAIRES : Voir mon site
LE FROMAGE
On trouve les premières traces du fromage au XVI e siècle. Seulement il ne se généralise qu’au XVIII e siècle avec la construction de caves en pierre lui permettant ainsi de bonnes conditions de maturité. La production laitière et le fromage restent ainsi l’activité principale au XIX et début XX e siècles, les pommes fournissant un revenu complémentaire.
LES INDUSTRIES MAROILLAISES
Une activité de tannerie et de corroierie apparaît à partir de 1890 avec la création d’une fabrique de galoches et de cuirs vernis.
L’ancienne tannerie-corroierie située 11 Grand’Rue résulte de l’association de deux familles déjà présentes dans cette activité à Maroilles. En effet, au début des années 1860, Désiré et Pierrard Gosseaux (ou Gosseau) font construire une tannerie-corroierie qui utilise le réseau hydraulique, ainsi qu’un puits dans le jardin de leur maison située 96 Grand’Rue. En 1863, à la suite de travaux d’assainissement, la tannerie reçoit une autorisation de fonctionnement. D’autre part, la famille Mailliard est présente à Maroilles dans les activités du cuir puisqu’en 1880 Jean-Baptiste Mailliard, « tanneur », est enterré dans le cimetière du village. Les deux familles s’associent en 1894 pour fonder la tannerie-corroierie Mailliard fils et Boulmont qui se revendique comme le successeur de la firme Mailliard et Gosseaux. Elle est construite à l’entrée du village de Maroilles, près de l’Helpe Mineure. Elle englobe également des bâtiments aujourd’hui détruits bordant la cour existant à l’emplacement de l’ancienne abbaye. La tannerie est spécialisée dans la fabrication de cuirs vernis. Elle fait faillite en 1908 mais reprend son activité en 1909 sous le nom de Manufacture de cuirs de la Sambre, devenant filiale des Tanneries et Corroieries lorraines (ancien établissement Bintz et compagnie) d’Etain dans la Meuse. Son président est alors Louis Lehmann, déjà propriétaire des tanneries de Sireuil (Charente). Elle comprend une vernisserie, une usine hydroélectrique implantée dans l’ancien moulin de l’abbaye. Est créée alors une usine de construction mécanique qui fabrique des machines à tanner et corroyer à une échelle nationale. Elle commercialise des modèles mis au point en Angleterre (label Aulson). En 1910, elle emploie environ 100 personnes. Les machines de traitement du cuir sont pillées et détruites par les occupants allemands durant la Première Guerre mondiale. En 1921, l’usine de construction mécanique obtient l’autorisation de se déplacer sur l’emplacement de l’ancienne abbaye en dédommagement des destructions subies.
Cette usine de construction mécanique fabrique des machines à tanner et corroyer à une échelle nationale. Elle commercialise des modèles mis au point en Angleterre (label Aulson). Elle demeure en activité jusqu’en 1976. Actuellement la manufacture emploie une quinzaine de personnes à la fabrication de cylindres de tôle. Depuis l’automne 2001, il est question de transférer ses activités à Landrecies (enquête 1999). Source : culture.gouv.fr
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Quatre brasseries ont existé : la brasserie d’Antan de 1901 à 1902-la brasserie Maroillaise jusqu’en 1910, la brasserie Evrard jusqu’en 1914, et enfin la brasserie Gosseaux devenue la brasserie Severs de 1905 à 1930.
Deux laiteries.
- Laiterie industrielle dite laiterie Doctobre, fromagerie industrielle, porcherie :
Histoire : A la suite de la crise agricole de 1873-1896, la région située entre la Sambre et l’Oise opère une transformation de son économie agricole : les cultures laissent place à des pâtures, l’élevage et la production laitière devenant premiers. Dans ce contexte de reconversion de l’Avesnois, une laiterie-porcherie coopérative est fondée en 1886 par maître Azambre père, non loin de la gare d’Hachette, à mi-chemin du village. La halte d’Hachette, définitivement fondée en 1887, se situe sur la ligne reliant Saint-Quentin à Erquelines. L’établissement industriel appartient à la Société Anonyme des Laiteries maroillaises, gérée par Théophile Dehorter. En raison de son insalubrité – il comprend 150 porcs – et de sa proximité avec les habitations, il est transformé en 1891. La laiterie peut alors traiter 20 000 litres de lait par jour. A partir de 1924, Marc Doctobre en devient locataire, puis propriétaire en 1928. La porcherie est reconvertie aujourd’hui en ferme, tandis que la laiterie tombe en ruines.
Adresse : 669 rue des Juifs
Type : Inventaire général du patrimoine culturel
Epoque : 3e quart 19e siècle
Année de construction : 1886
Auteur(s) : maître d’œuvre inconnu
- Laiterie-porcherie établie à la Basse-Maroilles en 1907 par Edmond Soudant. Laiterie-porcherie formée de deux corps de bâtiments accolés ; un troisième corps est adossé à leur élévation postérieur. La cheminée, qui était accolée à ce troisième corps, a été démolie à une date indéterminée.
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