Potelle est une petite commune située dans un vallon creusé par la Rhonelle.
Son plan est curieux et n’a pas de réelle cohérence. En effet ses limites présentent deux étranglements qui divisent le territoire en trois parties distinctes :
- le château est au centre de la première partie qui correspond à l’ancienne seigneurie diminuée ;
- la seconde partie où se trouve la mairie, dérive de l’ancien fief d’Anouilles;
- la troisième partie, longue bande de terre, résulte d’un don fait par Charles Quint en 1527. (lieu-dit du Pont-à-Vaches).
Ce qui fait l’intérêt du village de Potelle , c’est son admirable château féodal, véritable bastion avancé de la place forte de Le Quesnoy, distant de moins de 3 kilomètres.
Les seigneurs de Potelle, connus depuis le XIIe siècle, servaient fidèlement le comte de Hainaut dont ils relevaient. Leur château, élevé sur un château plus ancien, fut construit en 1290 sur commande de Willes Mortagne.
Le village de Potelle fut brûlé, en 1340, par le duc de Normandie , fils de Philippe, roi de France, auquel Guillaume, comte de Hainaut, avait déclaré la guerre.
L’histoire de Potelle suit celle de son château que nous retracerons ci-dessous.
Le Jeudi 2 juin 2016, une énorme pierre bleue de 9,8 tonnes, mesurant 3,85 m de haut, tomba des cieux et se planta au centre du village sur la butte derrière le blason communal.
Depuis, le village profite de l’aubaine pour revendiquer son origine Gauloise en organisant annuellement sa fête. On y voit alors des passionnés présents pour animer le site, au travers de troupes romaines et gauloises. Celles-ci présentent l’artisanat romain et gaulois, réalisent de nombreuses démonstrations d’armement, des présentations de combat et bien d’autres animations qui changent d’année en année.
À l’origine, la chapelle se trouvait à l’extérieur de l’enceinte du château. Mais située sur la route des invasions elle était constamment pillée et détruite. En 1519, pour plus de sûreté, elle fut déplacée par Charles de Carondelet (fils de Jean de Carondelet, Grand chancelier de Flandres et de Bourgogne qui avait racheté Potelles en 1491 à Antoine de Mortagne) à l’intérieur de l’enceinte et fut consacrée à Saint Nicolas, par son frère Jean de Carondelet, archevêque de Palerme.
La chapelle comprend une statuette du saint patron au-dessus de l’entrée ainsi qu’une poutre de gloire surmontée des personnages de la passion en bois polychrome (XVIIème siècle) classée parmi les Monuments Historiques depuis le 12 juillet 1971. Elle abrite également un fragment de la pierre tombale de Willes de Mortagne.
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La Rhonelle alimentait un moulin à l’extrémité nord de cette commune.
Il était pourvu d’une roue en dessus de près de trois mètres de diamètre compte tenu de la hauteur de la chute qui faisait 7 mètres.
Le moulin appartenait au seigneur Maximilien Joseph Alexandre Dominique de Carondelet Potelle né en 1724 et marié en 1756 avec Marie Josèphe Thérèse d’Aigneville. Le meunier était Nicolas Wilmart et il est fort probable qu’il l’acheta lorsque le bien fut confisqué à la Révolution. En tout cas sa veuve Marie Rose Montay le possédait en 1806. A son décès en 1810 elle laissa le moulin à ses enfants qui le vendirent à l’ancien seigneur indiqué ci-dessus. Celui-ci le céda immédiatement par bail emphytéotique le 14 novembre 1810 à Joseph Toussaint Bermol, notaire, et Nathalie Joseph Constance Descamps.
En 1831 le moulin appartenait à Philippe Joseph Laude marié à Béatrice Willot.
Il fut mis en vente en 1846 avec une brasserie, les deux usines ne formant qu’un seul corps. Il fut acquis en 1848 par Jean Baptiste Cacheux, brasseur à Potelle, époux de Joséphine Aglaé Sturbois. Il mourut en 1878 et son fils Albert Cacheux (1848 1918), maire de Potelle fut également brasseur, le moulin servant à la farine et au braye. En 1915 Maurice Caffiers acheta le moulin et la brasserie. L’activité cessa vers 1935.
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La cense de l’Artois et son moulin à vent, à la limite de Jolimetz, faisaient partie du château dénommé « de riz pain sel » (de nos jours le château Mantoue) qui appartenait avant la Révolution à Marie Alexandre de Bonaventure (1741 1834), baron de Nédonchel, maréchal de camp et grand bailli d’épée du Quesnoy. Il émigra. Il fut ensuite député à la Convention avant d’être général de brigade le 8 mars 1793 puis ministre de la Guerre du 14 septembre au 10 novembre 1799. Il récupérera ses biens sous l’Empire.
La ferme du moulin existe toujours :
LE CHÂTEAU DE POTELLE
Son Histoire :
Le château fut bâti en 1290 par Willes ou Willaume de Mortagne, sans doute à l’emplacement d’un autre plus ancien. Un fragment de la pierre tumulaire conservé dans la chapelle du château rappelle cette origine : Willes fit ceste mason Chevalier fu de grand renom En 1333 Passa de la mort les destroys Des loyaux fu bons amis Et fu son âme en paradis.
L’un des seigneurs de la maison de Mortagne, par son mariage avec Catherine de Barbençon, devint possesseur de la terre de Solre-sur-Sambre où se trouve un château semblable à celui de Potelle.
L’aîné des enfants issus de ce mariage, Gilles de Mortagne, dit de Potelle, fut élevé à la cour du Hainaut et devint l’un des amis de Jacqueline de Bavière. En 1433 il vit ses biens confisqués et vendus en raison de sa conspiration contre Philippe le Bon, ennemi de Jacqueline de Bavière. Gilles de Mortagne fut arrêté par les ordres du grand bailli du Hainaut et écartelé sur le marché de Mons.
Le château et les terres confisqués furent alors rachetés par Antoine de Croÿ qui les revendit deux ans plus tard à Jean, Roland et Jeanne de Mortagne (frères et sœur de Gilles). Le château fut incendié en 1477 lors du siège de Louis XI mais fut rétabli assez vite sur ses anciennes murailles.
En 1490, Antoine de Mortagne, héritiers des dénommés ci-dessus vendit la seigneurie et le fief d’Aunoilles à Jean Carondelet (1429 1501), chancelier de Flandre et de Bourgogne. Ce dernier fut l’un des personnages les plus éminents des Pays-Bas, en charge d’importants missions diplomatiques dans les difficultés que les ducs de Bourgogne et Maximilien d’Autriche eurent avec les rois de France.
En 1539 Ferry de Carondelet époux de Catherine d’Esnes restaura la château : c’est pourquoi ses armoiries, accolées aux écus d’Esnes, décorent les pilastres de la porte d’entrée du château.
Ses descendants possédèrent la terre de Potelle jusqu’au XIX e siècle où elle passa par alliance entre les mains de M le comte de Fremin du Sartel dont la famille en est toujours propriétaire.
Entre-temps le château fut de nouveau incendié en 1654 (siège de Turenne) et en 1793 (siège des autrichiens) et il est demeuré de la construction primitive ce qui était hors d’atteinte du feu, c’est à dire ses épaisses maçonneries qui lui ont conservé cet aspect féodal. Il est temps de le décrire tel que nous le voyons de nos jours.
Sa description :
Il est protégé par de larges douves alimentées par les eaux de la Rhonelle qui enjambent des ponts-levis. De ses épaisses murailles se détachent un donjon et des tours imposantes.
L’imposant châtelet d’entrée est d’une sévérité militaire.
La porte d’entrée est encadrée de deux tours en demi-cercle, lesquelles comportent un étage dont le mur est percé de trois embrasures à deux ouïes pour armes à feu. Le dispositif de défense de la porte est encore visible : l’encoche pour le pont-levis, l’assommoir ouvert dans la voûte, les rainures de la herse ou de la porte coulisse. La porte donne accès à la cour autour de laquelle s’ordonnent le logis principal, les dépendances, ainsi qu’une chapelle.