Wargnies fut une propriété de l’abbaye de Saint-Amand, fondée au VIIème siècle.
En 847, le nom de Wargnies se trouvait sur un diplôme du roi de Francie Occidentale, Charles le Chauve, qui répartissait les biens et les domaines de l’abbaye de Saint-Amand « in pago hagnuensi Wariniacum ». Cette possession fut confirmée au début du XIIe siècle par l’évêque de Cambrai. C’est à cette période qu’apparaissent les seigneurs de Wargnies.
Le premier cité est Dreux de Wargnies (v1130-v1193), militaire au service du comte de Hainaut, propriétaire de la terre du village et de son église Saint-Amand. Son fils fils Wautier lui succéda. C’était un compagnon d’armes du comte Baudouin V. Il partit à la troisième croisade avec le comte de Flandre Philippe d’Alsace et mourut en Palestine en 1192.
Robert « Mansart » d’Esne (v1380-1424) devint seigneur de Wargnies-le-Grand, ayant épousé Colle de Wargnies, dame héritière de ce domaine.
Jean II de Croÿ « à la Housette » (1380/1395 – 1473, Valenciennes) acheta la seigneurie de Gommegnies, ainsi que celles de Wargnies-le-Grand et de Wargnies-le-Petit, dont il est cité comme seigneur en 1470. En 1506, son peti-fils, Charles de Croÿ vendit les trois domaines à Claude de Bonnard + 1521, gouverneur de Béthune, grand écuyer de l’archiduc Philippe le Beau. Ce dernier eut une fille, Marie de Bonnard, dame héritière, qui épousa Henri de Montfort, comte de Helfenstein.
Jean d’Anneux ( ?-1629), seigneur de Crèvecoeur et de Rumilly, devint seigneur des deux Wargnies par mariage. Il fut, sous le roi Philippe II d’Espagne, gouverneur d’Avesnes, puis fut conseiller de guerre de l’archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas Espagnols.
Son fils Philippe d’Anneux ( ?-1660) lui succéda et fut fait marquis de Wargnies en 1630 par le roi d’Espagne Philippe IV, le marquisat couvrant les deux villages. Il fut gouverneur d’Avesnes et d’Ath.
Ceci explique que la commune de Wargnies possède les mêmes armes qu’Avesnes.
A la veille de la Révolution, la seigneurie fut rachetée par le comte d’Espiennes, seigneur de Jenlain.
Au XIX e siècle, la famille Dervaux – propriétaire de nombreuses terres et fondatrice d’une importante sucrerie qui fonctionna de 1835 à 1904 – fournit des maires, fonda des écoles et entama la reconstruction de l’église.
Les monuments les plus connus du village sont d’une part le calvaire en bois réalisé par Jean-Baptiste Danezan en 1784 et d’autre part le mausolée dit du Philanthrope dont l’important décor sculpté fut exécuté par Charles-Edmond Boulenger.
L’actuel bâtiment a été construit entre 1892 et 1900. On eut alors l’idée d’orner la terrasse qui se trouve devant le monument, avec les colonnes à chapiteaux provenant de l’ancienne église. Ces colonnes sont du XIII e siècle.
En 1917, les Allemands retirèrent les cloches. Pendant ce conflit, le clocher fut endommagé et les clochetons détruits. En 1922, on installa trois nouvelles cloches. En 1930, des travaux de démolition et de réfection de voûtes en briques creuses permirent un revêtement d’enduit en imitation pierre. En 1974 l’état de la couverture du clocher et de la nef nécessita d’être refaite. En 1994 la municipalité fit entreprendre des travaux de charpente et de couverture au niveau des noues : Source : Fondation Patrimoine
D’autre part, la façade de l’église est parée de chaque côté du portail par deux pierres tombales du comte Jean du Hainaut et de sa femme. Ces dalles avec gisants, en pierre de tournai, se trouvaient à la ferme dite du château. On y lisait sur un fragment de pierre l’inscription : » 28 mars, vendredi d’avant pâques flories -1354. MH 1906. Elles ont été restaurées fin 2017, sur l’initiative de Bernard Beaufort, premier adjoint, qui a fait appel à Christine Bazireau, restauratrice de monuments historiques, à Saint Vast en Chaussée (Somme). Après que l’entreprise SRMH (Bruay-sur-l’Escaut) ait ôté de leur logement extérieur, les deux gisants debout dégradés par les intempéries séculaires, la restauratrice procéda durant trois semaines à une véritable reconstruction, au-delà d’une simple restauration. Elle redonna ainsi un visage au comte Jean du Hainaut (on peut dater sa sculpture funéraire de 1424). Grâce au musée « La Chartreuse » et à la Photothèque Augustin Boutique-Grard, à Douai, qui possédait le cliché couleur du chevalier, le visage d’origine a pu être fidèlement reconstitué. Après ce travail de grande qualité, les gisants ont retrouvé leur juste place.
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Signalons ce très joli calvaire dans l’église à la droite du chœur :
Les éléments de ce calvaire avaient été éparpillés au 19 ème siècle et au début du 20 ème et retrouvés dans les années 1970-1980. Après son rachat par la commune et sa restauration en 1990 il a fait l’objet depuis d’un classement à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Source : Mairie
Autre calvaire dans la commune :
Le Monument aux Morts :
2 chapelles :
Cette chapelle hexagonale située dans un cadre bucolique dédiée à St Roch a été construite en 1847. Pour rappel, Saint Roch est un pèlerin laïque, originaire de Montpellier (XIV siècle).Il fut miraculeusement délivré de la peste. Il est prié pour protéger les populations des grandes épidémies. Par extension, il est prié aussi pour protéger les troupeaux de toutes les maladies.
Cette chapelle de la Sainte Vierge, rue de la Raquette, a été restaurée en 1952.
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Le mausolée dit du Philanthrope :
Le Mausolée ou le « tombeau du Philanthrope » est un chef-d’oeuvre d’architecture que nous devons à Xavier Eléodore Delvallée , riche propriétaire de Wargnies-le-Grand.
« … Xavier DELVALLEE citoyen de Wargnies-Le-Grand né en 1847 mort en 1926, que l’on peut définir comme un hobereau campagnard , fortuné un tantinet mégalomane mais surtout philanthrope c’est-à-dire aimant répandre le bien autour de lui. Ces traits de caractère se retrouvent dans les proportions gigantesques de son tombeau et sa générosité vis-à-vis de la population et de la commune à qui il fit don de terres pour l’érection d’un nouveau cimetière situé précisément à l’arrière du tombeau ». (Extrait d’un article de J. DELHAYE). Pour information, le cimetière fut inauguré le Lundi de Pâques 5 avril 1926.
L’intérieur du tombeau, en pierre bleue de Soignies, est composé de deux salles souterraines. La première est une chapelle. Dans la seconde, tapissée de pierre bleue, le sarcophage réaliste représente le défunt sur son lit de mort. A son chevet est agenouillée une religieuse en prière pour l’éternité.
Au-dessus du gisant, l’épitaphe du philanthrope est gravée sur une plaque : « Il dit au dernier jour : « Adieu mes chers concitoyens je sors de ce monde avec l’espoir que vous ferez exécuter mes dernières volontés Je vous dis Adieu, consolez vous, soyez unis, vivez en paix Et le Dieu d’amour et de paix habitera parmi vous Priez pour moi… Une note gravée indique encore « sur son lit de mort, grandeur naturelle ».
Sur les murs de la crypte, des bustes représentent sa parenté. L’un au moins de ces bustes est l’oeuvre du sculpteur Charles-Edmond Boulenger né à Valenciennes le 16 mai 1868, date de décès non connue, issu d’une famille de sculpteurs valenciennois du XIX e siècle.
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L’ancien château
Ce site, reproduit sur les miniatures de Croÿ vers 1600, a été un robuste château féodal, habité par des familles prestigieuses, les D’Anneux notamment, et érigé en marquisat au XVIIe siècle. A l’origine, ce château se composait d’un donjon carré et d’une tour ronde, les deux reliés par une courtine.
L’ancien château seigneurial, déjà en ruines après les guerres de Louis XIV, fut converti en ferme. Il garde néanmoins des restes de son passé prestigieux, en particulier des oubliettes remarquables par leur taille autant que par leur plafond voûté.
Les photos qui suivent ont été prises par l’ancienne présidente du Cercle Historique et Généalogique de Berlaimont, Colette RABIN FRANCOIS, aujourd’hui décédée. Ces photos illustrent la visite organisée à l’occasion des journées « Art et Histoire » proposées par l’Association des Paralysés de France du 17 au 19 juillet 2015. (visite guidée et commentée par l’écrivain régional Philippe Tabary).
A l’occasion de travaux dans le terrain jouxtant l’ancienne tour, trois pierres imposantes ont été découvertes. Il s’agirait de la sculpture du haut de deux colonnes, et du fronton d’une chapelle.
Sous la tour, les oubliettes. Plus que des oubliettes, ce sont de petites cellules d’à peine plus de 1,50m de hauteur. Il y en a 6, groupées deux par deux, sur trois niveaux. Elles ne sont pas toutes dans le même état de conservation.
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Ancien moulin à eau puis ancienne sucrerie
Louis Joseph Montay (1725 1811) demande avec succès en 1779 l’érection d’un moulin à eau à moudre grains à Wargnies-le-Grand aux offres de payer 15 florins au Domaine. Il s’agit peut être d’une reconstruction car son père Louis Charles (1684 1743) était déjà meunier dans ce village. Louis Joseph Montay marié à Marie Isabelle Portier ont leur fils Louis Joseph (1763 1851) également meunier. En 1827 c’est le fils Charles (1797 1878) qui est propriétaire du moulin. Il le vend vers 1867 à Ferdinand Dervaux, fabricant de sucre. Le moulin à farine est démoli vers 1875.
Il y a de nos jours, rue du Corbeau, une habitation à laquelle sont accolés les vestiges des bâtiments industriels.
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Ancien tordoir à vent
Il était très rare dans la région qu’un moulin à vent fût un tordoir c’est à dire un moulin à huile. Il y en avait un autre en 1734 à Rousies ( ADN C Finances 58 et C 16821).
Celui de Wargnies-le-Grand appartenait en 1827 à Pierre Omer Dervaux, maire du village et cultivateur. Celui ci, né en 1782, marié en 1826 à Jeanne Thérèse Françoise Crapet, exploitait la ferme de l’Abbaye de Saint-Amand à Wargnies.
En 1850 Auguste Lustrement en était en possession et fabriquait encore de l’huile. En 1861 Cyrille Moneuse en était devenu le propriétaire. Il vendit le moulin le 9 juillet 1862 à Jean Baptiste Lecasse, menuisier et à son épouse Angélique Allard. Ces derniers le mirent en vente en mars puis en avril 1863 par suite de surenchère.
Cependant à cette date, le tordoir avait changé de destination car l’adjudication précisait « un moulin à vent, à moudre blé avec tous les ustensiles qui en dépendent, sans exception, petite maison d’habitation avec cave, écurie, grenier et terrain sur lequel le moulin et les bâtiments sont érigés, d’une contenance d’environ 20 ares 03 centiares, sis à Wargnie-le-Grand, Champ du Tordoir, repris au cadastre section C N° 246,247 et 248, tenant à la route et à M Dervaux, sur la mise à prix de 3900 francs, ouitre les frais et les différentes charges, clauses et conditions. » (L’Observateur du 5 avril 1863)
La vente n’eut pas lieu car M Lecasse mit à vendre « en bloc ou en détail un moulin à vent avec une paire de meules anglaise et tous ses accessoires » (l’Observateur du 13 février 1891). Indéniablement le moulin était en ruine et n’apparaît d’ailleurs plus sur le cadastre de 1897.
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L’ancienne gare
La ligne « Douzies Valenciennes » a été déclarée d’utilité publique, à titre d’intérêt local, par un décret le 11 septembre 1873 et une loi du 20 novembre 1883 a reclassé la ligne dans le réseau d’intérêt général. Elle est totalement déclassée, depuis 1965 pour les voyageurs et depuis 2005 pour le fret.
La Grande Aumône.
« La Grande aumône » est un système par lequel le percepteur distribue de l’argent aux habitants de la commune. On ne sait pourquoi elle fut instituée, peut-être après la destruction du village par le duc de Normandie en 1340 ou bien encore sous Louis XI dans sa guerre contre le duc de Bourgogne lorsque le seigneur local, pour inciter les gens à revenir, a concédé aux habitants le produit d’une partie de ses terres.
Cet argent provenait des revenus d’une terre (d’environ 15 ha) réservée pour ce besoin. La gestion en était faite par le maïeur et les échevins. Elle le sera plus après la révolution par un bureau de bienfaisance, puis par la municipalité suite à un arrêté du 30 mai 1808. Cette vieille coutume, sans doute la seule en France, continue à être scrupuleusement respectée. En effet, chaque année les habitants poussent, le dernier mercredi de janvier, la porte de la salle des fêtes. Ils disposent d’une enveloppe à leur nom contenant la fameuse « aumône » et notifient leur retrait sur la feuille d’émargement.
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